En toute sincérité : Risque maximum !

François MENSAH 19 novembre 2013

Le gouvernement béninois vient de passer à l’acte en ce qui concerne la Société pour le développement du coton (Sodeco). En droite ligne de la décision du conseil des ministres en date du 25 septembre dernier, l’Exécutif prévoit le retrait à la Société commune de participation (Scp), des 17,5 % du capital social de la Sodeco. Pour le gouvernement, il s’agirait d’une décision souveraine visant à garantir l’intérêt général. Depuis la conférence des forces vives de la Nation, le Bénin s’est engagé sur les traces d’un Etat de droit. Or, qui dit Etat de droit dit inéluctablement primauté de la loi. C’est justement à ce niveau qu’on peut, de façon légitime, s’interroger sur l’attitude du gouvernement.
Le gouvernement aurait dû saisir le juge des référés pour amener le tribunal à trancher dans le litige qui l’oppose à la Scp. Mais en procédant par voies de fait, le gouvernement a choisi de sacrifier l’avenir pour le présent. Et, la Société commune de participation ne manquera pas de saisir la justice pour réclamer d’énormes dommages et intérêts. La décision que rendra la justice aura des conséquences énormes sur le contribuable béninois qui au finish sera le perdant et devra payer plus cher sa facture d’eau, d’électricité, son paquet de ciment et que sais-je encore ? On peut se demander pourquoi les gouvernants persistent dans ces méthodes de voies de fait alors même qu’ils n’ignorent pas les conséquences ? Tenez, pour mémoire, à la veille du sommet de la Cen-Sad, le gouvernement avait décidé d’ériger les villas présidentielles entre le ministère du commerce et l’aéroport de Cadjèhoun sur un domaine dont l’homme d’affaires Séfou Fagbohoun réclamait la paternité. Ce dernier avait tiré la sonnette d’alarme à l’époque en exhibant son titre foncier, mais le gouvernement a foncé tête baissée. Aujourd’hui, la justice a tranché et tout cet investissement avec l’argent du contribuable béninois est parti à l’eau puisque la justice en dernier ressort a donné raison à Séfou Fagbohoun et l’Etat perd ainsi toutes ses villas.
Voilà là où conduisent les voies de fait. Dans quelques années, Patrice Talon sera rétabli dans ses droits par la justice et on devra lui payer de lourds dommages et intérêts. Je vois déjà à l’horizon, le gouvernement entrer en négociation avec lui et dans l’incapacité de lui payer les dommages et intérêts décidés par la justice, être dans l’obligation de lui céder les parts de l’Etat dans la Sodeco à titre de compensation. Voilà à quoi nous conduira le jusqu’au-boutisme de mauvais aloi du gouvernement. A terme, quel intérêt général aura été défendu si à la fin, la précipitation conduira inéluctablement toute la Sodeco à devenir la propriété de Patrice Talon parce que les représentants de l’Etat aujourd’hui auraient pensé qu’ils sont éternels ? C’est encore nous qui paierons pour les caprices de nos gouvernants d’aujourd’hui. Nous prenons date. Que tous ceux qui se taisent aujourd’hui ne viennent pas parler demain quand il sera tard. Leur silence aura contribué à ruiner l’Etat. Alors, que ceux qui nous veulent du bien, notamment les Partenaires techniques et financiers du Bénin expliquent au gouvernement les conséquences de son acte. C’est important !



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