En toute sincérité : Sida, vaine lutte ?

François MENSAH 2 décembre 2013

Le Bénin a célébré à l’instar de la communauté internationale, la journée de lutte contre le Sida. Et comme d’habitude, de nombreuses manifestations ont marqué l’événement. Mais au-delà de la commémoration de cette journée, il faut reconnaître que la lutte contre ce fléau a visiblement du plomb dans l’aile. Au fil des ans, le nombre de séropositifs s’accroit sous les tropiques alors que des fonds sont alloués pour lutter contre le mal qualifié de pandémie du siècle par certains. Les différents programmes mis en œuvre à coût de milliards n’ont visiblement pas été efficaces. Les fruits n’ont carrément pas tenu la promesse des fleurs. Sinon comment comprendre qu’en plusieurs décennies, ce mal aussi vorace que féroce n’ait pu être éradiqué malgré les multiples campagnes publicitaires qui ont été mises en œuvre pour le réduire dans sa plus petite portion. Le nombre de personnes infectées par le dangereux virus n’a pas diminué depuis quelques années. Au contraire, il semblerait que les autorités sanitaires de la République et leurs partenaires techniques et financiers ont déshabillé Pierre pour habiller Paul. En réalité, le surplace a fait du Sida un roi dans la cité des impuissants gouvernants. Ceci, puisque le gouvernement béninois a pour sa part affiché de façon déconcertante et triste son impuissance face à l’éradication de ce fléau qui décime sa jeunesse et sème la terreur sur son territoire. Le taux de contagion est de plus en plus élevé aux quatre coins du Bénin. Pire, la stigmatisation dont font l’objet les victimes de cette maladie ne fait qu’empirer la situation. Les nombreux témoignages recueillis ce week-end à l’occasion de la énième commémoration de cette triste journée en disent long sur le calvaire des malades du Sida. La distribution symbolique et périodique de préservatifs a étalé ses limites. Le manque d’enthousiasme des programmes et organismes chargés de lutter contre le mal ces dernières années n’a fait qu’enfoncer le clou. Les slogans farfelus et les caravanes opportunistes n’ont jamais changé la donne. Les malades du Sida sont toujours relégués au dernier plan. Leur octroyer des soins et les médicaments adéquats n’est point une formalité. Au contraire, accéder aux antirétroviraux relève d’un véritable parcours de combattant. Et pendant ce temps, les différents ministres de la santé qui se succèdent se contentent de prendre part aux cérémonies officielles qui marquent la célébration de l’événement. Bonjour les sketchs et simulations qui couronnent ces cérémonies. Les concerts pleuvent dans les différentes contrées du pays. Quant aux compétitions sportives, inutile d’en parler. Le Sida est devenu un sujet d’attraction qui ne dit pas son nom. Pendant ce temps, le malade, rongé par son mal et abandonné par ses proches ne sait à quel saint se vouer. Les gouvernants béninois devraient à ce juste titre se poser quelques questions pertinentes sur le cas des personnes atteintes du Vih. Que fait-on par exemple des milliards de francs Cfa alloués chaque année pour la lutte contre le Sida ? Que sont devenues les nombreuses initiatives mises en place par les partenaires techniques et financiers dont on n’entend plus parler ? Qui sont les réels bénéficiaires de ces financements colossaux, les malades qui ont du mal à trouver les médicaments qui leur sont destinés, ou les organisations qui gèrent les fonds devant s’occuper de ce genre d’initiatives ? Voilà autant de questions qui devraient interpeller nos consciences. Mieux, puisque cela n’arrive pas aux qu’autres pourquoi rejetons nous les plus courageux qui au lieu de cacher leur mal et d’infecter par vengeance d’autres personnes, ont avoué en public qu’ils sont désormais porteurs du tristement célèbre virus ? Le chroniqueur se demande également à dessein pourquoi est-ce que le Sida fait courir tout le monde. Un citoyen lambda, en tentant de répondre à cette interrogation a tout simplement dit que c’est parce qu’il y a beaucoup d’intérêt dans ce qu’il a qualifié de business. C’est tout simplement déplorable, effroyable et horrible. Quand le mal du siècle draine les milliards du siècle, on peut se demander où va le monde.



Dans la même rubrique