En toute sincérité : Système bilingue au Bénin, la nécessité d'anticiper !

François MENSAH 2 mai 2013

La France qui est la mère patrie du Bénin est devenue depuis quelques années une puissance moyenne sur plusieurs plans. Ce serait un euphémisme que d’affirmer que l’Hexagone a été sérieusement distancé par des Nations telles que les Etats-Unis d’Amérique et la Chine. Ce changement dans la hiérarchie socio-économique et politique mondiale invite les gouvernants de l’Afrique francophone en général et du Bénin en particulier à une profonde réflexion sur l’orientation à donner à la politique de gestion de certains secteurs clés tels que l’éducation et les rapports avec les Partenaires techniques et financiers. A ce titre, Boni Yayi et ses pairs doivent déjà et avant tout, reconsidérer la priorité qu’il faut accorder à l’introduction de la langue de Shakespeare dans les écoles. Et au vu de l’importance que revêt aujourd’hui cette langue, il convient d’entamer ce processus depuis les classes les plus élémentaires du système éducatif national. En vérité, il faut que le Bénin s’inscrive dans la logique du bilinguisme le plus tôt que possible. Les anonymes souffleurs que sont les Béninois doivent anticiper au lieu d’attendre puisque l’anglais a une influence énorme dans les relations commerciales et les échanges diplomatiques dans le monde. Les gouvernants locaux gagneraient à s’inspirer des propos de Sénèque qui disait que la fortune n’a pas le bras long, elle ne s’attache qu’à celui qui s’attache à elle. Le Bénin doit anticiper en faisant de l’anglais une langue majeure dans la République car, comme le dit si bien une vieille pensée, qui remet à demain trouvera malheur en chemin. La mission essentielle du pouvoir étant de rendre ses administrés heureux, les principaux décideurs doivent saisir cette opportunité pendant qu’il est encore temps. Tenez par exemple, sur les cinquante quatre pays membres du Commonwealth qui regroupe des Nations liées par le partage de la langue de Shakespeare et l’existence d’un lien étroit sur le plan de la coopération technique et socio-économique, beaucoup ont une situation plus enviable que celle de ma patrie. Les éternels retardataires que nous sommes doivent savoir que le monde appartient à ceux qui se lèvent tôt. Des Nations qui n’ont aucun lien historique avec la Grande Bretagne telles que le Mozambique et le Rwanda devenus respectivement membres du Commonwealth en 1995 et 2009 ont compris très tôt que leur salut pourrait passer par l’adoption d’un système bilingue et l’établissement de rapports précieux avec des pays anglophones. La bonne santé économique actuelle de ces entités dévastées par la guerre en dit d’ailleurs long sur le caractère judicieux des choix opérés par leurs chefs d’Etat respectifs qui ont su, à dessein, que ne pas réussir est un crime et la réussite est l’essence du bien comme l’avait prédit Gustave Flaubert. La co prospérité partagée avec les respectables voisins du Nigéria et du Ghana tant prônée par les gouvernants béninois passe inéluctablement par un partage de langue entre les pays frères dont il est ici question. Il est des causes qui obligent l’homme à s’élever au dessus de certains calculs. Continuer de végéter dans un étrange statut de pays mono linguiste à l’heure de la modernité avec de surcroît le seul français comme outil de communication peut être considéré comme un refus de prendre le train de l’émergence et d’arpenter les sentiers du développement. Il serait préjudiciable que demain, les enfants de la patrie maudissent leurs aînés pour n’avoir pas fait les choix judicieux en temps utile. L’anglais est à notre portée, il faut en profiter pour ne pas tenir la lanterne rouge à l’avenir. Ceux qui ont refusé d’opter à temps pour les nouvelles technologies de l’information et de la communication l’ont très tôt compris à leurs dépens et continuent de se mordre les doigts. Le temps n’attend pas et il vaut mieux ne pas le défier. Boni Yayi et ses pairs ont donc le choix. Ils ont une opportunité à saisir et à offrir à leur peuple pour un avenir certain et il ne faudrait pas la laisser filer à l’anglaise.



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