En vérité : Baptême de feu municipal

Moïse DOSSOUMOU 2 juillet 2020

Ils ont droit à un véritable baptême de feu. A peine désignés à la tête des communes que déjà ils sont envoyés au charbon. Les nouveaux maires, notamment ceux de la partie méridionale du pays, ont les pieds dans l’eau. Passé l’euphorie de la campagne électorale où les promesses les plus creuses ont été faites aux électeurs, place à la réalité de l’action. En effet, sortir victorieux d’une élection n’est pas une fin en soi. C’est à partir de ce moment-là que le plus dur commence. Le show est fini. Les électeurs ont fait leur part dans les urnes. Ils sont maintenant dans l’attente de la concrétisation de tout ce qui leur a été miroité. Comme c’est le cas à l’échelle nationale, dans les communes, les urgences et les priorités sont au coude-à-coude. Par où commencer ? Ou plutôt, par quoi commencer ? Les présidents des différents conseils communaux concernés ont de la matière.
La nature ne leur a pas donné le temps de la tergiversation. Elle leur fournit une épreuve redoutable qu’ils sont appelés à passer avec succès. Les inondations avec leur cortège d’incommodités sont de retour. A la quête de leur lit naturel, les eaux de ruissellement censées se frayer un passage jusqu’à leur destination finale, s’éternisent plutôt dans les agglomérations. Prises au piège des aménagements fantaisistes et des installations au hasard, ces eaux s’invitent dans le quotidien des ménages. Du coup, les habitants de plusieurs cités ne peuvent plus s’offrir le privilège de se déplacer à pieds secs. Outre Cotonou qui a longtemps conservé la couronne d’or des dégâts liés aux eaux de pluies, les communes d’Abomey-Calavi, de Porto-Novo et de Sèmè-Podji, pour ne citer que celles-là, sont aussi aux prises avec ce phénomène. Tout particulièrement, la commune d’Abomey-Calavi offre à bien d’endroits un aspect sinistre. De quoi donner de l’insomnie à Angelo Ahouandjinou qui aura tout donné pour se voir hissé à la tête de cette cité.
Sans se lasser, comme s’il n’attendait que ce signal, on l’a vu plus d’une fois sur le terrain dès la tombée des premières précipitations. En bottes, accompagné de ses collaborateurs, il est allé constater de visu la galère de ses administrés. Cet exercice très prisé par les diverses autorités n’est pas la solution aux problèmes des populations qui ne demandent que les eaux se retirent de leur environnement. Le nouveau maire qui semble affectionner ces descentes dans les zones inondées est bien loin de la réalité. Une comédie qui dure ne fait plus rire. D’autres sont passés par là avant lui. En fin de compte, ils n’ont offert qu’un semblant de compassion à ceux qui avaient besoin d’actions salvatrices. Angelo Ahouandjinou est en droit de proposer des solutions qui sortent des sentiers battus ou tout au moins qui soulagent dans l’immédiat les peines de ses électeurs. Va-t-il réussir là où tous ses prédécesseurs ont échoué ? C’est tout le bien qu’on peut souhaiter aux sinistrés devenus des sans-logis circonstanciels.
Divers outils techniques permettent aux pouvoirs locaux de prévenir et même de faire face à ces types de catastrophes. En s’entourant des compétences requises et qui ne manquent d’ailleurs pas, les maires rendraient service à leurs communautés respectives en les dotant de divers instruments tels que le schéma directeur d’aménagement du territoire, le schéma directeur d’aménagement et d’urbanisme, le plan directeur d’assainissement, le plan directeur d’urbanisme. Vu que les inondations occasionnent de lourds dégâts, les communes sinistrées sont en droit de se tourner vers le gouvernement pour des actions concertées. D’ailleurs, hier en conseil des ministres, les décideurs ont opté pour le renforcement des mesures de protection civile. Une bouffée d’oxygène pour les maires qui ne savent plus où donner de la tête.



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