En vérité : Evacuer les écoles

Moïse DOSSOUMOU 30 juin 2020

Ils ont les pieds dans l’eau. D’ailleurs, il ne pouvait en être autrement, puisque c’est la saison des inondations. Cette galère cyclique à laquelle sont habitués les Béninois prend de plus en plus des proportions alarmantes. Outre les zones traditionnellement immergées, parce que se trouvant dans le sillage des eaux, des quartiers secs subissent aujourd’hui ce phénomène. Pendant que les adultes, plus aguerris pour faire face à ces périls ne savent où donner de la tête, les enfants et les adolescents, plus fragiles et plus exposés, encourent de grands risques. Si à la maison, ils n’ont pas d’autre choix que de patauger dans les eaux, à moins que leurs parents mettent les garde-fous nécessaires, à l’école, ils devraient être dispensés de se retrouver dans les mêmes conditions. Hélas, ce n’est pas vraiment le cas. Plusieurs établissements scolaires pris dans l’étau des eaux de pluie n’offrent plus de garanties de sécurité aux apprenants, aux enseignants ainsi qu’au personnel administratif.
Le Collège d’enseignement général de Godomey qui a le plus gros effectif d’élèves est pris d’assaut par les eaux. Chaque année, de par sa position, ce lieu du savoir n’échappe point aux inondations. Cette fois, c’est tout l’enceinte de l’établissement qui est concerné. Les élèves, de la 6ème en Tle, sont obligés de se déplacer à la queue leu leu sur des briques de fortune disposées de manière éparse sur la cour. A la galère de l’inondation s’ajoute une autre, celle du jeu d’équilibre sur une longue distance, du portail jusqu’au seuil de la salle de classe. Gare à ceux qui se mélangent les pieds. Très vite, ils se retrouvent trempés et salis. Malgré eux, ils subissent ce stress toute la journée. Si les plus grands du second cycle peuvent encore se déplacer avec agilité, les plus petits, notamment ceux des classes de 6ème et 5ème endurent beaucoup de peines sur leur passage. Ce Ceg n’est qu’un cas d’école.
A un niveau inférieur, des écoles primaires aussi sont concernées par ce drame en miniature qui se joue sous nos yeux. Un peu partout dans la partie méridionale du pays, l’accès aux établissements reste un casse-tête pour les usagers. Et quand on parvient à franchir tous les obstacles érigés par les eaux, une fois à l’intérieur, c’est encore la mer à boire. Le comble est que, en dehors des moustiques qui pullulent en cette période, les apprenants sont exposés à toutes sortes de péril. Les batraciens et les reptiles en divagation feront à n’en point douter des victimes. Quid des puisards et fosses d’aisances, qui débordés et/ou endommagés déverseront leurs contenus indésirables aussitôt masqués par les eaux. Bonjour donc les maladies hydro-fécales. Déjà que les écoliers et élèves ne pourront pas se rincer aussitôt les pieds une fois en classe ou hors des établissements, c’est la porte ouverte à l’introduction de tous les microbes.
Il urge donc que les écoles primaires, collèges et lycées concernés soient recensés. Ainsi, avec l’aide des sapeurs-pompiers et de l’agence nationale de la protection civile, les eaux seront pompées et évacuées. Cette opération, à répéter autant de fois que possible surtout avec l’approche des examens de fin d’année, soulagera énormément les apprenants ainsi que leurs parents tourmentés du fait de cette situation. La responsabilité des pouvoirs publics leur impose de libérer les écoles des eaux. Tant qu’elles sont ouvertes, il faut s’assurer que rien n’entrave le déroulement normal des activités pédagogiques. Toute la chaîne de décisions, du gouvernement aux communes, doit s’impliquer pour rassurer la communauté scolaire. Comme l’énonce si bien ce principe, « à situation exceptionnelle, mesures exceptionnelles ».



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