En vérité : Eviter la contagion

Moïse DOSSOUMOU 25 juin 2020

La machine a du mal à tourner à plein régime. Le moteur, coincé suite au vote et à la promulgation de la loi interprétative du code électoral, et ceci en plein processus d’installation des conseils municipaux et communaux, donne des signes d’essoufflement. Au lendemain de la prise de cette curieuse initiative, tout semblait aller comme sur des chapeaux de roue. Après cet épisode, les maires, leurs adjoints et les chefs d’arrondissements, désignés par les états-majors des partis, sont censés œuvrer avec le collège des conseillers pour l’essor de leurs localités respectives. Pour ce faire, il leur faut se retrouver à échéances régulières tel que prévu par la loi pour prendre les décisions dont l’application est censée avoir des impacts positifs sur leurs communautés. C’est à ce niveau que la magie de la désignation des maires et de leur suite finit de produire son effet. La réalité semble avoir rattrapé les uns et les autres.
Dangbo, une commune de la vallée de l’Ouémé s’est signalée cette semaine par une fronde des conseillers communaux. Invités dans le cadre de la tenue de la deuxième session ordinaire au titre de l’année en cours, la plupart ont décliné l’offre. Cette rencontre, la première après l’élection du collège des nouveaux conseillers n’a pu se tenir ce mardi 23 juin, faute de quorum. Sur les 19 élus de la localité, seulement 9 se sont présentés dans la salle des délibérations. Là où le bât blesse, les 10 absents se trouvaient dans l’enceinte de l’hôtel de ville. Mais ils n’ont pas daigné répondre favorablement à l’invitation du maire. Après quelques minutes de conciliabule, ils sont retournés sur leurs pas. Cette attitude, loin d’être anodine, est perçue comme l’expression d’un mécontentement. Les conseillers frondeurs n’ont visiblement pas encore digéré l’issue des communales du 17 mai dernier.
Leur acte, éloquent à plus d’un titre, va-t-il se répéter ? Vont-ils se résoudre à faire contre mauvaise fortune bon cœur ? Tout dépendra de l’attitude du maire mis ainsi en difficulté par ses pairs élus. Celui-ci saura-t-il trouver les mots idoines pour les ramener à de bons sentiments. Très bientôt, une nouvelle séance du conseil communal sera convoquée et l’opinion pourra apprécier si les lignes ont bougé ou pas. Cette situation, prévisible à bien d’égards, doit pouvoir inspirer les têtes pensantes des partis ayant obtenu la majorité au sein des différents conseils communaux afin qu’elle ne se reproduise dans d’autres cités. Si ces creusets politiques minimisent ce mouvement d’humeur, il faut craindre qu’il se généralise. Il est du ressort des partis d’instaurer des règles qui prônent la discipline de groupe. La loi ne viendra pas toujours à la rescousse des dirigeants des formations politiques qui devraient apprendre à gérer au mieux leurs membres.
Le règlement intérieur est le credo de chaque parti politique. Il suffit que les dirigeants convoquent des congrès extraordinaires pour étoffer ce document dans le sens du renforcement de l’autorité des partis. De la même manière, les leaders régionaux et ceux à la base auxquels il sera fait appel pourront user de leur influence pour calmer les ardeurs des uns et des autres. Puisqu’on ne peut plus repartir en arrière, il convient de colmater les brèches pour éviter que tout parte en vrille. C’est en présence des cas du genre que les partis feront montre de leurs capacités à gérer des crises internes sans laisser des fissures dans l’édifice. L’Union progressiste, le Bloc républicain et la Force cauris pour un Bénin émergent sont en présence d’un cas d’école. Les élus qui seraient amenés à faire des misères à leurs pairs sur le terrain viennent tous de la même écurie. Il ne reste plus qu’à bien laver le linge sale en famille. Dans le cas contraire, la saleté sera exposée sur la place publique.



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