En vérité : Il s’appelait Gaston Azoua

Moïse DOSSOUMOU 4 décembre 2018

Il fut une icône dans le paysage de la veille citoyenne. Toute sa vie, il l’a consacrée à un idéal. Un quart de siècle durant, de 1992 à 2015, il a occupé le devant de la scène avec la Confédération syndicale des travailleurs du Bénin (Cstb). Elu en qualité de secrétaire général, c’est à ce poste qu’il s’est le mieux révélé. Infatigable combattant de la liberté et de la justice sociale, Gaston Kassogbé Azoua aura tout donné. N’eût été la maladie qui l’a contraint à un retrait anticipé de la vie publique, nul doute qu’il serait encore là, debout, prêt à s’échiner, comme toujours, pour la cause des travailleurs. La nouvelle de sa disparition qui s’est répandue comme une traînée de poudre dans la soirée du vendredi 30 novembre dernier a laissé plus d’un consterné. Qu’on l’aime ou pas, tous les esprits s’accordent pour reconnaître en Gaston Azoua, un ardent défenseur de la veuve et de l’orphelin.
Ce sont ses compagnons d’armes qui ont trouvé les mots les plus appropriés pour évoquer le souvenir de ce brave homme engagé. « Je suis admiratif de la vie qu’il a vécue. Une vie pleine au service des travailleurs… Quand vous êtes un acteur social, vous ne pouvez que caresser le rêve de faire la moitié au moins de son parcours », clame Anselme Amoussou qui soutient que « son courage et sa témérité, son franc-parler, sa conviction, son engagement et sa constante disponibilité pour impacter le bien-être des travailleurs sont une référence pour les leaders du mouvement syndical béninois ». « Je l’ai connu comme un grand combattant… C’est un véritable lutteur », affirme Pascal Todjinou. « Gaston Azoua est un homme d’engagement et de conviction », renchérit Moudassirou Bachabi. Paul Essè Iko, resté dans son ombre et qui a repris le flambeau dira qu’il est « un exemple dans la fidélité à la lutte ».
« Il s’est sacrifié depuis sa tendre jeunesse dans toutes les organisations démocratiques, dans les comités d’actions, dans les bureaux de liaisons, dans les syndicats, etc. Et, à des moments donnés, des regroupements se font pour délivrer le pays. Il a fait partie de ces organisations-là », martèle l’ex secrétaire général de la Cstb qui veut que la jeunesse s’inspire du parcours du de cujus. « Nous ne devons pas pleurer Gaston Azoua. Nous devons plutôt aider à ce qu’il y ait des Gaston Azoua plus étincelants que lui. Tirons leçon et continuons le combat ». Pour les plus jeunes en quête d’un modèle ou d’une référence en matière de lutte pour les droits sociaux, le souvenir du syndicaliste suffit pour les édifier. Le disparu n’était pas ondoyant. Comme un vrai homme, il est resté digne et ferme, fidèle à ses idéaux.
C’est dommage qu’il n’ait pas publié ses mémoires avant de s’éteindre. Une autre bibliothèque vient de brûler. Gaston Azoua est parti avec ses secrets et ses connaissances du monde syndical. Hélas, comme beaucoup d’autres béninois valeureux, il n’a pas été célébré de son vivant. Gaston Azoua n’a pas eu le parcours qu’on lui connaît, ni fait montre de ses qualités exceptionnelles de combattant pour la liberté et la justice parce qu’il recherchait une gloire personnelle. Il a agi tout simplement parce que sa volonté le lui commandait. Celui que le Bénin pleure ne fut pas un chef d’Etat, une star ou un érudit. Mais ces vers de Victor Hugo lui conviennent parfaitement. « Ceux qui pieusement sont morts pour la patrie, ont droit qu’à leur cercueil la foule vienne et prie. Entre les plus beaux noms, leur nom est le plus beau. Toute gloire près d’eux passe et tombe éphémère ; et, comme ferait une mère, la voix d’un peuple entier les berce en leur tombeau ! »



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