En vérité : L’Ecole dans tous ses états !

Moïse DOSSOUMOU 18 décembre 2018

L’Ecole béninoise, on en parlera toujours. Plongée dans un état de prostration depuis plusieurs semaines, elle a du mal à se débarrasser de ses tares. L’époque glorieuse où le Dahomey était considéré comme le quartier latin de l’Afrique est révolue. Certes, les Béninois sont toujours prisés dans certains cercles élitistes d’ici et d’ailleurs. Mais leur système éducatif n’émerveille plus comme par le passé. D’autres pays de la sous-région ont réussi à bâtir une renommée que le Bénin envie en dépit de la qualité de ses ressources humaines. Conscients de la situation, les gouvernements successifs essaient avec des remèdes divers de remettre l’Ecole béninoise sur les rails. En vain. Le mal est si profond, les mauvaises pratiques si enracinées, les incohérences et les dysfonctionnements si évidents que les pouvoirs publics, à bout de force, font ce qu’ils peuvent pour tirer ce secteur vers le haut. Tout porte à croire que les solutions les plus idoines n’ont pas encore été expérimentées.
A son tour, le gouvernement de Patrice Talon s’est donné pour objectif de relever cet immense défi. C’est du moins l’impression qui se dégage lorsqu’on considère la panoplie des mesures déjà prises et celles annoncées. La dernière en date remonte au Conseil des ministres du mercredi 12 décembre dernier. Un Programme d’amélioration de la qualité de l’éducation dans les sous-secteurs de l’enseignement maternel, primaire et secondaire général a été conçu pour conjurer le mal. Les décideurs estiment, en effet, qu’ « en dépit des ressources importantes engagées par l’Etat dans le système éducatif, auxquelles s’ajoutent les efforts des acteurs, l’Ecole béninoise reste confrontée à des difficultés à la fois conjoncturelles et structurelles qui ont pour noms : forts taux d’abandon et de redoublement, faibles taux de réussite aux examens nationaux et enfin, insuffisance de qualification du personnel enseignant ». Puisque tous ces maux engendrent des contreperformances, il faut un diagnostic approfondi qui permettra de déboucher sur les solutions.
Fort heureusement, le gouvernement songe d’ores et déjà à renforcer le cadre physique d’apprentissage et l’encadrement pédagogique des enseignants. Faut-il le rappeler, dans ce même Bénin, pendant que des écoliers et élèves privilégiés suivent les cours dans des salles construites en matériaux définitifs, d’autres sont contraints de recevoir le savoir dans des conditions précaires inimaginables où le moindre caprice de la nature compromet encore plus leurs chances de recevoir une éducation de qualité. Que dire des salles groupées ? Un phénomène en vogue dans plusieurs localités où à cause du déficit d’infrastructures, les enseignants sont obligés de mettre deux groupes pédagogiques ensemble. C’est de cette manière que des enfants du CI et du CP par exemple, ou encore du CMI et du CMII réunis dans la même salle suivent les cours ensemble, toute l’année. Quel rendement attend-on des enseignants qui se consacrent à leur vocation dans ces conditions ?
La réalité des classes volantes est tout aussi frappante où d’une matière à une autre, les élèves sont contraints de faire le guet pour occuper des salles vides. Quid du renforcement de l’encadrement pédagogique des enseignants. Une évaluation a été imposée dans ce cadre. Mais sa mise en œuvre est sujette à des grincements de dents. Le Conseil fait bien de « rassurer les enseignants que ce genre d’évaluation, prévu par les textes de la Fonction publique, n’a pour seul objectif que d’identifier les besoins réels de formation, afin d’organiser efficacement le renforcement de leurs capacités, pour de meilleures performances ». Le respect de la parole donnée étant encore sacré chez nous, en dépit de la perte des valeurs, il reste au gouvernement d’honorer ses engagements et aux enseignants de saisir la balle au bond en coopérant pour l’instauration d’un système éducatif de bonne qualité.



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