En vérité : L’impératif dialogue !

Angelo DOSSOUMOU 22 janvier 2018

Terminus ! La Cour a parlé. L’article 50 nouveau dernier alinéa de la loi portant statut général de la fonction publique est contraire à la Constitution. Insécurité jurisprudentielle ou pas, au scanner des sept sages, presque toutes les dispositions querellées dans la loi votée ont volé en éclats. Avec beaucoup d’observations sur la proposition de loi votée le 28 décembre 2017, la Haute juridiction a, tout simplement, renvoyé les députés à leurs chères études.
En attendant une copie conforme à la loi fondamentale, les esprits surchauffés par le retrait de l’exercice du droit de grève à des catégories d’agents de l’Etat peuvent se calmer. Les grévistes qui ont tôt fait de mettre la charrue avant les bœufs sont certainement rassurés. S’ils en doutaient encore, ils ont désormais la preuve que nous sommes dans un Etat de droit. Et que manifestement, l’indépendance de la Cour ne souffre d’aucune ingérence.
Mais, à présent que la décision DCC 18-001 du 18 janvier 2018 s’impose à tous, il est temps que les responsabilités soient situées. Déjà, si débrayage solidaire pour retrait du droit de grève, il devrait en avoir, je doute que toutes les étapes aient été franchies par les syndicalistes. D’après la Cour, dix sont fondamentales. Et, à première vue, des droits et des devoirs découlant de la loi portant exercice du droit de grève, il n’est point besoin d’affirmer que les partenaires sociaux sont vite allés en besogne.
Evidemment, avec la proposition de loi votée puis cassée, leur réaction a précédé l’action. Ainsi, sans avoir épuisé toutes les cartouches de la négociation, sans préavis, contre la réquisition, et avant la décision de la Cour, les droits des populations ont été bafoués.
Mais, en dépit des griefs légitimes contre les procédés syndicaux au Bénin, le président Talon ne veut pas lui, tomber dans le piège du jusqu’au-boutisme. Demain, et c’est d’ailleurs la seule solution qui vaille, il rencontre les centrales et confédérations syndicales. Et à coup sûr, au rendez-vous du dialogue, les divergences les plus flagrantes apparaîtront au grand jour. Tout comme des discussions, la lumière, pour mieux affronter la rocailleuse piste des négociations Gouvernement-Syndicats et prévenir les grèves perlées, jaillira.
En somme, situation de crise sociale oblige, Talon s’adonnera, dans les prochaines heures, à l’un de ses exercices favoris. Une fois encore, il écoutera, s’expliquera, prendra, sans doute, des engagements pour qu’enfin la sérénité revienne dans la maison Bénin. Car, on ne le dira jamais assez : les travailleurs ont le droit d’aller en grève pour réclamer de meilleures conditions de vie et de travail.
Mais, quand l’abus tue, à petit feu, le développement du pays et met continuellement à mal les droits fondamentaux des populations, il faut crever l’abcès. Et forcément, la thérapie idéale, c’est le dialogue. Talon l’a compris. Espérons que les syndicalistes saisissent durablement sa main tendue. Mieux, que la charrue retrouve sa vraie place et que l’œuvre de reconstruction nationale redémarre. L’enjeu est grand. Alors, après la Cour, place au dialogue et au travail !



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