En vérité : La levée des interdictions

Moïse DOSSOUMOU 28 mai 2020

Le temps de l’anxiété est passé. La frayeur inspirée au départ par le Covid-19 n’est plus vraiment de mise. Résilients, insouciants, à la limite indifférents, les Béninois apprennent à vivre avec la présence de ce virus qui frappe sans discrimination. L’extraordinaire résistance de l’Afrique face à cette pandémie qui a occasionné une hécatombe ailleurs fait baisser d’un cran les mesures prises pour contrer le mal. Il y a encore quelques semaines, les populations, notamment celles des localités prises en compte par le cordon sanitaire, étaient sur le qui-vive. Mais aujourd’hui, la vie a repris son cours normal comme si de rien n’était. Seuls le port du masque et la présence des dispositifs de lavage des mains rappellent encore aux uns et aux autres que l’ennemi invisible est toujours là, prêt à frapper. Soucieux de préserver la santé des citoyens, le gouvernement a pris, il y a peu, des mesures strictes. Force est de constater que plusieurs d’entre elles ont été rapportées ou adoucies.
Fermés depuis fin mars, les lieux de culte sont enfin autorisés à rouvrir leurs portes. Le Conseil des ministres d’hier, mercredi 27 mai 2020, a enfin consenti à lever cette interdiction. Les chrétiens catholiques et les musulmans qui, à leur corps défendant, ont observé une période inédite de jeûne hors des églises et des mosquées pourront s’y rendre à nouveau. Idem pour les fidèles et adeptes des églises évangéliques, des religions traditionnelles et des cercles ésotériques. A partir du 02 juin prochain, chacun selon sa croyance, sera appelé à renouer avec les exercices spirituels dans les cadres habituels où les célébrations se font en groupe. Même si les pratiques religieuses ne sont pas la tasse de thé de tout le monde, il y en a partout qui s’y consacrent avec abnégation. Ceux-là tout au moins sont en droit de se réjouir de cette décision gouvernementale.
L’assouplissement des mesures de prévention contre le Covid-19 fait également le bonheur des couches socioprofessionnelles durement frappées par toutes sortes d’interdictions. Les promoteurs et tenanciers de bars ainsi que les conducteurs et usagers des bus de transport en commun ont broyé du noir pendant de longues semaines. En optant pour la réouverture des buvettes et la reprise du trafic pour les passagers désireux de se déplacer en groupe, le gouvernement injecte de l’oxygène sur un pan de l’économie. Les propriétaires et conducteurs des bus et mini-bus ont fait les frais de la suspension de leurs activités. Dépourvus de revenus, ils ont eu du mal à satisfaire leurs besoins ainsi que ceux des personnes dont ils ont la charge. Les passagers également qui ont adopté ce mode de transport à cause du coût à la portée des bourses les plus fragiles ne savaient à quel saint se vouer. Chacun à son niveau, a subi d’une manière ou d’une autre, les revers de la riposte contre cette pandémie.
Maintenant que la vie économique est progressivement relancée et que les lieux de culte vont reprendre du service, les Béninois gagneraient à rester vigilants. D’ailleurs, la levée de ces interdictions est subordonnée à la stricte observance des mesures barrières. C’est dire que le mal se fait toujours menaçant. Au Bénin, même si ce n’est pas si inquiétant que ça, le nombre de personnes infectées continue d’augmenter. Chaque citoyen, où qu’il se trouve, dans ses déplacements et ses rapports avec les autres, doit pouvoir se protéger lui-même contre toute contamination. C’est cette prise de conscience qui va briser la chaîne de propagation de ce virus mortel. Les officiels continueront de jouer leur partition. Sur ce point, l’unanimité ne sera jamais de mise quant à la pertinence des choix. Reste au citoyen de prendre soin de lui-même.



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