C’est la saison des tomates. Il y en a à profusion sur le marché. Les étalages surchargées laissent déverser leur contenu çà et là. Comme c’est souvent le cas en cette période de l’année, les producteurs et vendeuses cherchent par tous les moyens à se libérer d’une denrée devenue encombrante. Compte tenu de sa forte teneur en eau, après la récolte, la tomate n’est fraîche et agréable, que pendant quelques jours seulement. Très vite, la chaleur aidant, elle se met à pourrir. Et si paysans et commerçants ne s’en débarrassent au plus vite, elle devient une marchandise bonne pour se retrouver sur les tas de détritus. Puisque c’est la saison de l’abondance, elle se vend à vil prix sur les marchés. Les consommateurs ne boudent pas leur plaisir pour s’en procurer sans faire saigner leurs bourses. A ce jeu, les acteurs de la chaîne de distribution sont les plus gros perdants.
Le paysan qui s’est échiné pour faire pousser les tomates n’est pas rémunéré à la hauteur de ses efforts. Habité par la hantise de voir sa production pourrir, son souci, c’est de la céder au plus vite. Ce stress, auquel il ne peut échapper, le contraint à vendre sa marchandise au premier venu, le plus souvent à un prix en deçà de ses attentes. Une fois sur le marché face aux revendeuses, le grossiste qui pensait faire de bonnes affaires ne s’en sort qu’avec un bénéfice peu consistant. Au bout de la chaîne, les vendeuses au contact de la clientèle domestique par crainte de se retrouver avec des produits avariés sur les bras ne s’éternisent pas dans les marchandages. Dès que le client se pointe, vu qu’il peut se ravitailler ailleurs en cas d’insatisfaction, elles sont obligées de se contenter du peu, l’essentiel étant d’éviter que la marchandise ne soit plus comestible.
Ce drame qui dure depuis des années ne sera pas conjugué de si tôt au passé. Les spécialistes de la conservation des aliments formés à grands frais à la Faculté des sciences agronomiques et qui font leurs preuves selon les moyens de bord n’ont pas encore la capacité d’étendre leur science à l’abondante production des maraîchers. Pour l’instant, c’est à une échelle réduite qu’ils limitent leurs interventions. Du coup, une part importante de la production nationale dont la commune de Kpomassè est l’épicentre se retrouve sur les tas d’ordures faute de conditions adéquates de conservation. A chaque fois, les producteurs et vendeurs n’ont que leurs yeux pour pleurer. Même les consommateurs qui profitent de la situation pour faire du stock et qui n’ont pas la maîtrise des procédés de conditionnement sur la base des recettes de grand-mère sont obligés de jeter le trop plein de leurs achats après quelque temps.
Puisque le besoin de consommation de tomate est permanent, cette denrée étant presque incontournable dans la plupart des plats proposés au Bénin, l’idéal serait que les pouvoirs publics favorisent l’implantation de petites et/ou moyennes unités de transformation industrielle. Le gouvernement ne peut à lui tout seul réaliser ce projet. D’ailleurs, le régime précédent a mis en place des mini-usines destinées à la transformation de divers produits agricoles. Mais elles n’ont jamais fonctionné. C’est pourquoi, en partant de cette malheureuse expérience, les dirigeants actuels, en créant le cadre pour les privés qui désirent s’investir dans ce domaine, rendraient un grand service à tous les acteurs de la chaîne de production, de distribution et de consommation de tomate. Regroupés en coopérative, les diplômés de la Fsa qui ont déjà le bagage intellectuel requis feront le bonheur des ménages. Un accompagnement conséquent va contribuer à libérer les énergies, décupler les initiatives et tout le monde serait gagnant.
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