En vérité : Les jeunes aux commandes

Moïse DOSSOUMOU 26 mai 2020

Maire à 18 ans. En France, cela n’émeut personne. Mais au Bénin, ce n’est pas encore dans l’ordre du possible. A cet âge, lorsqu’on est très chanceux, on parvient à se faire positionner sur une liste électorale et dans le meilleur des cas, on se contente d’être conseiller communal après l’élection. Ni plus, ni moins. Hugo Biolley et Matéo Morel, pour ne citer que ceux-là, ont pris ces dernières heures les commandes de leurs communes respectives dans l’Hexagone. Il est vrai qu’il s’agit de petites localités dont le nombre d’habitants n’atteint pas le millier. Il n’en demeure pas moins cependant que ces deux jeunes gens ne sont plus des anonymes souffleurs. A peine sortis de l’adolescence, les voilà propulsés au devant de la scène publique. Ils ont tout le temps pour apprendre les rouages de la gestion des affaires de la cité et même pour monter en grade, comme l’a fait Nicolas Sarkozy, si les vents leur sont favorables.
Chez nous, si la fièvre électorale consécutive aux communales du dimanche 17 mai dernier a perdu de son intensité, elle subsiste encore dans le rang des élus qui devront désigner à leur tour les maires, leurs adjoints ainsi que les chefs d’arrondissements. D’ici la fin de la semaine, cet exercice palpitant sera de mise dans chacune des 77 localités érigées au rang de collectivités territoriales décentralisées. Au terme de ce processus, les nouveaux acteurs de la gouvernance locale seront connus du public et pourront se mettre à la tâche pour laquelle ils se sont portés volontaires. Lorsqu’on scrute la plupart des affiches proposées dans le cadre de ces élections, l’une des choses qui saute aux yeux, c’est la jeunesse des candidats. Pour une fois, on a vu beaucoup de jeunes postuler aux fonctions de conseiller communal. Evidemment, l’obligation faite aux partis en lice d’aligner sur leurs listes respectives au moins 3630 candidats a ouvert la voie à la promotion des novices, des juniors, des cadets et même des benjamins.
Quel sera le sort de tous ces jeunes élus et qui vont siéger au cours des six prochaines années au nom de leurs mandants ? Comme à l’accoutumée, il est possible que la plupart des maires qui seront incessamment élus aient déjà franchi le seuil de la cinquantaine. Au nom du manque d’expérience, les aînés ont toujours damé le pion aux jeunots lorsqu’il s’agit de procéder au choix des dirigeants des communes. Serait-ce encore le cas cette fois ? A priori, les dés sont jetés. Les préfets et l’opinion ne feront que constater ce qui a été décidé au sein des états-majors des partis selon l’influence, le background, le parcours et peut-être le charisme des élus. Il n’est pas encore tard pour revoir certaines choses afin d’offrir à nos villes la chance d’être dirigées par des cadets qui ont besoin de prendre leurs marques dans la République.
Ce serait malencontreux de ne pas compter un nombre raisonnable de maires jeunes dans les rangs des futurs responsables de nos cités. Puisqu’il a été fait appel à la jeunesse pour combler les trous afin de participer à ce scrutin, de la même manière, celle-ci doit aussi tirer le meilleur en termes de positionnements pour prendre les devants dans nos localités. Ce serait justice que de rajeunir les exécutifs communaux. Les élus sont constitués en majorité de jeunes dont l’âge est compris entre 35 et 45 ans. Ceux-là ne peuvent pas être majoritaires pour rien. L’Union progressiste, le Bloc républicain et la Force cauris pour un Bénin émergent ont intérêt, chacun en ce qui le concerne, à faire leur promotion en les proposant aux fonctions de maires, d’adjoints aux maires et de chefs d’arrondissements.



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