En vérité : Pauvres mais dignes !

Angelo DOSSOUMOU 4 mai 2017

Ridicule et intolérable ! L’abolition de l’esclavage et les décennies de mondialisation n’emportent pas décidément les mentalités rétrogrades outre Atlantique envers le continent berceau de l’humanité. Comme si chasser le naturel, il revient au galop, nos naguères ancêtres les Gaulois ne s’empêchent pas de nous donner l’impression de constamment banaliser la dignité des populations des anciennes colonies. Toujours à prendre les hommes de couleurs pour des nigauds, la ville d’Orléans en France sait dorénavant que sur le continent noir, il y a des personnalités d’exception et d’honneur.
Du moins au Bénin, petit pays pauvre de l’Afrique de l’Ouest, on peut tendre la main à des donateurs mais refuser d’avaler des couleuvres. D’ailleurs, quel homme généreux et de bonne foi donnerait de l’alcool frelaté en lieu et place d’une boisson rafraichissante et de qualité à un ami ? A part peut-être les ivrognes, quel homme responsable et averti y touchera ? Evidemment, le ministre de la santé Alassane Séidou et le gouvernement du Nouveau départ sont de la race de ceux qui ne se laissent pas facilement duper. Des explications, il y a une semaine à l’Assemblée nationale, sur l’affaire donation bloquée d’un scanner de la ville d’Orléans au Chd Borgou-Alibori, on aura compris qu’il vaut mieux être sans équipements médicaux qu’avec des fossiles !
Tenez ! L’appareil de soins offert à l’hôpital de référence de Parakou est usagé et son transport est chiffré à plusieurs dizaines de millions. L’expertise révèle une moyenne d’âge de 10 à 15 ans et une qualité désuète. Je comprends mieux la ville d’Orléans qui offre gracieusement un scanner composé d’une barrette alors que déjà, dans la sous-région, il y a des scanners de 16 barrettes. Mieux, pour une fiabilité du diagnostic qui dépend du nombre de barrettes, la technologie a tellement évolué qu’il y a aujourd’hui des scanners de 32 et même de 64 barrettes.
En fait, bon pour fausser les diagnostics médicaux et préjudiciable à la vie de ses utilisateurs, au cimetière de l’évolution technologique, devrait aller dormir l’inutile et encombrant scanner d’Orléans. De plus, le Programme d’actions du gouvernement prévoit bien mieux que le funeste cadeau au Chd Borgou-Alibori. Seulement, avant que les prochains équipements ne soient acquis et bien utilisés, il faut penser au recyclage des médecins et autres personnels soignants et à la stabilité de l’énergie électrique dans les centres de santé. Ça suffit ces hôpitaux mouroirs en Afrique et les nombreuses évacuations sanitaires pour patients de luxe ! Le Bénin sur le plan sanitaire, grâce à une gouvernance plus exigeante, peut soulever des montagnes.
Mais déjà, faudra-t-il que des scanners nouvelle génération atterrissent dans nos centres de santé de référence et que les utilisateurs soient hautement qualifiés. Sinon, nous aurions péché à snober nos chers donateurs d’Orléans. Et à Parakou, ce n’est pas le député Gbadamassi qui se gênera de dire qu’un tien vaut mieux que deux tu l’auras et d’envoyer dès qu’il en aura l’occasion, au diable le ministre Alassane Séidou et son raisonnement. Nous autres, de bon augure, on attend de voir !



Dans la même rubrique