En vérité : Revendications ou fondamental sacrifice ?

Angelo DOSSOUMOU 7 juin 2017

Au Bénin, au Nigeria et partout ailleurs, la même rengaine s’observe : Morosité et baisse des recettes. Ces dernières années, de plein fouet, elles frappent le monde et, l’heure est plutôt à la réduction des dépenses et à la consolidation des acquis économiques. En dépit de cette conjoncture défavorable, au pays des revendications, les représentants des travailleurs en veulent davantage pour eux et négocient avec un fusil sur la tempe des gouvernants.
Et mercredi dernier, excédés de ne pas obtenir, comme ils l’auraient souhaité, gain de cause, ils ont dégainé. Au prétexte d’une gouvernance ultra libérale et antisociale instituée par le Président Patrice Talon depuis le 06 avril 2016, les six Confédérations et Centrales syndicales du Bénin ont décidé, de façon unilatérale, de mettre fin aux indispensables pourparlers. S’il est clair que c’est de leur droit, il faut cependant s’interroger sur la capacité du pays à satisfaire la plateforme revendicative.
J’en doute. Puisque, quand les ressources du pays n’étaient déjà pas objet d’inquiétude, la masse salariale qui, occupait un pourcentage assez conséquent des revenus de l’Etat était fort décriée. A présent, avec la récession due à la chute du Naïra au Nigeria et à d’autres contingences économiques, notamment la baisse drastique des revenus au Port, cette masse a carrément crevé le plafond.
Difficilement surmontable et quasi insupportable pour une gouvernance responsable, c’est, qu’on le veuille ou non, une prouesse que les actuels gouvernants s’acquittent régulièrement et depuis leur avènement au pouvoir, des salaires des fonctionnaires.
Mais, à l’impossible nul n’est tenu. Entre les travailleurs obnubilés d’améliorer, coûte que coûte, leurs conditions de vie et la réalité de la gestion rationnelle des revenus de l’Etat, le gouvernement est face à un choix cornélien. Sauf que la raison lui recommande de ne pas céder aux pressions des syndicalistes au point de sacrifier des actions au profit de la grande masse et des générations à venir. Car, si par extraordinaire, il en vient à encore gonfler la masse salariale, bonjour les dégâts.
En tout état de cause, sur la table des négociations, le gouvernement doit, en toute transparence, s’expliquer et préconiser un fondamental sacrifice national. Mais au-delà de cette juste et opportune sollicitation des travailleurs, en ce qui concerne les efforts à consentir, il faudra que le gouvernement leur démontre qu’il en fait autant. Ici, la gouvernance par l’exemple requiert que les charges gouvernementales soient aussi revues à la baisse.
De même, ensemble, dans une dynamique de surmonter les difficultés de l’heure et de relever les défis de demain pour un Bénin plus radieux, devrons-nous être. Sinon, ce serait inadmissible de croire que le sacrifice, c’est les autres. Alors, tant qu’il est possible de s’écouter, de se comprendre et que les cœurs pour le développement du Bénin battent à l’unisson, il serait intolérable que d’aucuns privilégient la voie du boycott.
Vivement donc, s’il est consenti par tous, que chaque maillon de la chaîne soit prêt, pour l’intérêt de la nation, à faire le sacrifice exigé. Et puisqu’il s’agit de réformer le pays pour que le Bénin de nos rêves ne soit pas un leurre, malheur à qui n’apportera pas sa pierre à l’édification d’une nation aux fondations solides pour que, dans un proche avenir, non seulement il supporte la masse salariale, mais surtout permette d’envisager le plein-emploi. Le développement, ce n’est pas une question de politique politicienne mais de vision. Et pour ça, sans la compréhension des syndicalistes, c’est mal engagé.



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