En vérité : Un pas vers le dégel

Moïse DOSSOUMOU 24 juin 2019

Le siège a été levé. Il a enfin recouvré sa liberté d’aller et de venir. Boni Yayi, puisque c’est de lui qu’il s’agit, peut recevoir et se déplacer comme bon lui semble. Le dispositif militaire et policier installé aux abords et devant son domicile relève maintenant du souvenir. Aux premières heures du samedi 22 juin dernier, les éléments des forces de défense et de sécurité déployés à Cadjèhoun ont rejoint leurs unités respectives. Il était temps. Car cette assignation à résidence qui ne disait pas son nom mettait à mal le climat socio-politique déjà délétère. L’ex chef d’Etat confiné chez lui pendant une cinquantaine de jours est enfin sorti de sa « prison ». Les raisons de santé évoquées par son entourage et ses avocats l’ont poussé à sortir du pays pour se faire soigner illico presto. Dans un pays dit démocratique où les droits humains sont censés être respectés et protégés, il faut travailler à ce que des scenarii du genre ne soient plus d’actualité.
Mais déjà, il faut décerner un satisfecit au chef de l’Etat pour avoir œuvré pour ce dénouement. C’est heureux qu’il ait cédé aux multiples doléances reçues dans ce sens depuis le début du mois de mai. En son for intérieur, s’il s’est résolu à effectuer ce grand pas qui annonce le dégel, il a dû considérer l’intérêt général qu’il a promis défendre et protéger. Le mérite de cette situation heureuse lui revient. Ne pas le reconnaître serait injuste. Ce point mérite qu’on s’y attarde en outre parce que Boni Yayi n’a pas pu être entendu par la justice avant de quitter le pays. A deux reprises, le juge chargé de l’auditionner s’est rendu à son domicile en vain. A cause de sa santé défaillante, l’ex chef de l’Etat n’a pu se prêter à ses questions. Exaspéré, le Procureur de la République a annoncé devoir recourir à des mesures coercitives. C’est dans ce contexte délicat que Patrice Talon a consenti à lever les barrières érigées à Cadjèhoun.
A partir de cet instant, il faut aller plus loin. Le 20 mai dernier, lorsqu’il s’adressait à la nation, alors que la tension couvait toujours, Patrice Talon avait promis instaurer un dialogue politique sur la base d‘échanges directs, francs et constructifs. Un mois après, rien n’a vraiment bougé sur ce plan. Qu’est-ce qui bloque la concrétisation de cette promesse ? La solution, l’unique et la plus durable d’ailleurs, passe par cette voie. Ce n’est pas pour rien qu’à l’unanimité, les organisations de la société civile, les observateurs internationaux du scrutin du 28 avril et les organisations sous-régionales, régionales et internationales ont tous insisté sur l’impérieuse nécessité d’entamer et de poursuivre les discussions politiques avec toutes les parties prenantes. Il faut le faire, ici et maintenant, au nom de la paix.
A l’évidence, les événements malheureux de Cadjèhoun des 1er et 2 mai derniers combinés à ceux de Tchaourou ont un point commun : les législatives non inclusives du dimanche 28 avril. C’est là que réside tout le problème. Tant qu’il ne sera pas réglé, l’incertitude sera de mise à tout bout de champ. C’est bien que les sages, têtes couronnées et cadres des communes de Tchaouou et Savè reçus au palais de la Marina aient promis au chef de l’Etat qu’ils feront tout ce qui est en leur pouvoir pour que la violence ne dicte plus sa loi dans leurs localités respectives. Nous avons, en effet, besoin de régler nos différends dans la paix comme nous en avions l’habitude. Dans la perspective de la crise post-électorale qui secoue le Bénin, un pas énorme a été franchi la semaine écoulée. Le rétablissement du droit d’aller et de venir de Boni Yayi vient apaiser quelque peu les esprits. Patrice Talon a bien fait de permettre à son prédécesseur d’aller se faire soigner. Et, pour rien au monde, il ne devrait s’arrêter en si bon chemin.
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Un pas vers le dégel
Le siège a été levé. Il a enfin recouvré sa liberté d’aller et de venir. Boni Yayi, puisque c’est de lui qu’il s’agit, peut recevoir et se déplacer comme bon lui semble. Le dispositif militaire et policier installé aux abords et devant son domicile relève maintenant du souvenir. Aux premières heures du samedi 22 juin dernier, les éléments des forces de défense et de sécurité déployés à Cadjèhoun ont rejoint leurs unités respectives. Il était temps. Car cette assignation à résidence qui ne disait pas son nom mettait à mal le climat socio-politique déjà délétère. L’ex chef d’Etat confiné chez lui pendant une cinquantaine de jours est enfin sorti de sa « prison ». Les raisons de santé évoquées par son entourage et ses avocats l’ont poussé à sortir du pays pour se faire soigner illico presto. Dans un pays dit démocratique où les droits humains sont censés être respectés et protégés, il faut travailler à ce que des scenarii du genre ne soient plus d’actualité.
Mais déjà, il faut décerner un satisfecit au chef de l’Etat pour avoir œuvré pour ce dénouement. C’est heureux qu’il ait cédé aux multiples doléances reçues dans ce sens depuis le début du mois de mai. En son for intérieur, s’il s’est résolu à effectuer ce grand pas qui annonce le dégel, il a dû considérer l’intérêt général qu’il a promis défendre et protéger. Le mérite de cette situation heureuse lui revient. Ne pas le reconnaître serait injuste. Ce point mérite qu’on s’y attarde en outre parce que Boni Yayi n’a pas pu être entendu par la justice avant de quitter le pays. A deux reprises, le juge chargé de l’auditionner s’est rendu à son domicile en vain. A cause de sa santé défaillante, l’ex chef de l’Etat n’a pu se prêter à ses questions. Exaspéré, le Procureur de la République a annoncé devoir recourir à des mesures coercitives. C’est dans ce contexte délicat que Patrice Talon a consenti à lever les barrières érigées à Cadjèhoun.
A partir de cet instant, il faut aller plus loin. Le 20 mai dernier, lorsqu’il s’adressait à la nation, alors que la tension couvait toujours, Patrice Talon avait promis instaurer un dialogue politique sur la base d‘échanges directs, francs et constructifs. Un mois après, rien n’a vraiment bougé sur ce plan. Qu’est-ce qui bloque la concrétisation de cette promesse ? La solution, l’unique et la plus durable d’ailleurs, passe par cette voie. Ce n’est pas pour rien qu’à l’unanimité, les organisations de la société civile, les observateurs internationaux du scrutin du 28 avril et les organisations sous-régionales, régionales et internationales ont tous insisté sur l’impérieuse nécessité d’entamer et de poursuivre les discussions politiques avec toutes les parties prenantes. Il faut le faire, ici et maintenant, au nom de la paix.
A l’évidence, les événements malheureux de Cadjèhoun des 1er et 2 mai derniers combinés à ceux de Tchaourou ont un point commun : les législatives non inclusives du dimanche 28 avril. C’est là que réside tout le problème. Tant qu’il ne sera pas réglé, l’incertitude sera de mise à tout bout de champ. C’est bien que les sages, têtes couronnées et cadres des communes de Tchaouou et Savè reçus au palais de la Marina aient promis au chef de l’Etat qu’ils feront tout ce qui est en leur pouvoir pour que la violence ne dicte plus sa loi dans leurs localités respectives. Nous avons, en effet, besoin de régler nos différends dans la paix comme nous en avions l’habitude. Dans la perspective de la crise post-électorale qui secoue le Bénin, un pas énorme a été franchi la semaine écoulée. Le rétablissement du droit d’aller et de venir de Boni Yayi vient apaiser quelque peu les esprits. Patrice Talon a bien fait de permettre à son prédécesseur d’aller se faire soigner. Et, pour rien au monde, il ne devrait s’arrêter en si bon chemin.



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