En vérité : Un recrutement salutaire

Moïse DOSSOUMOU 3 septembre 2020

Elle existe sur papier. Mais dans les faits, rien n’a changé. Créée le 1er novembre 2019 à la faveur de la réforme constitutionnelle, la Cour des comptes n’a pas encore vu le jour. Comme c’est le cas depuis des années, c’est la Chambre des comptes de la Cour suprême qui continue d’assurer cet office. Une certaine frange de la société civile a longtemps réclamé l’autonomie de la juridiction financière comme le souligne une recommandation expresse de l’Union économique et monétaire ouest-africaine. Pendant longtemps, la barrière constitutionnelle n’ayant pu être franchie, cette réforme n’a jamais abouti. Il a fallu le 1er novembre dernier pour que les résistances soient levées. Curieusement, depuis lors, rien n’a bougé. Il faut croire que le personnel actuel de la Chambre des comptes ne suffira pas pour combler les attentes. Déjà que dans les conditions actuelles, les auditeurs et conseillers sont en sous-effectif. Plus que par le passé, le besoin d’embaucher s’est imposé aux pouvoirs publics.
C’est ainsi que l’année écoulée, le concours de recrutement de 80 auditeurs de justice a été lancé. Ce chiffre très important permettait plus ou moins de combler un tant soit peu le vide observé au niveau des juridictions suite à l’agrandissement de la carte judiciaire. Mais, contrairement aux éditions antérieures, cette année-là, les postulants n’ont pas été à la hauteur des épreuves. Seulement 12 ont réussi à passer ce cap alors que 80 places étaient disponibles. L’administration n’ayant pu atteindre son objectif de départ, se devait de revenir à la charge. Cette fois, le nombre est encore plus important. Ainsi que l’a décidé le Conseil des ministres d’hier mercredi 2 septembre 2020, le recrutement de 100 auditeurs de justice sera incessamment lancé pour le compte de cette année. Il faut espérer que sur ce coup, les candidats assurent afin de tirer massivement leur épingle du jeu.
Conscients de leur précédente contre-performance, ils sont maintenant appelés à mettre toutes les chances de leur côté. La profession de magistrat qu’ils rêvent d’embrasser a beaucoup d’exigences. C’est pour cela que la sélection est très rude et seuls les plus méritants peuvent y accéder. Compte tenu du rôle éminemment sensible qui est le sien dans la société, le magistrat doit se mettre au-dessus de la mêlée et faire appel à toute sa sagacité pour démêler les affaires des plus anodines aux plus complexes qui lui seront soumises. Par conséquent, le background requis pour postuler à ce concours est la maîtrise en droit. Et comme ils sont des milliers à être titulaires de ce diplôme, à chaque édition, les participants affluent. Cette année encore, ils seront nombreux à déposer leurs dossiers dans l’espoir de figurer au terme des délibérations parmi les heureux élus. La balle est donc dans leur camp.
Le gouvernement a joué sa partition en leur donnant l’opportunité de prouver leur mérite. Contrairement au passé, le nombre de places offertes est très élevé. Les plus laborieux devraient se retrouver à l’Ecole de formation des professions judiciaires pour un séjour de deux années au bout desquelles ils seront appelés à prêter serment avant d’exercer leur office. Il est de notoriété publique que les juridictions ne sont pas bien pourvues en personnel magistrat. En procédant comme il l’a fait, c’est une bouffée d’oxygène que l’Exécutif insuffle à ce secteur qui enregistre des dossiers à la pelle chaque jour qui passe. Ceux qui ploient sous le poids des innombrables affaires n’en seront que soulagés. De même, les juridictions de fond seront servies en personnel qualifié et, cerise sur le gâteau, la Cour des comptes qui ne sera pas oubliée dans la répartition, pourra s’installer et démarrer ses activités.



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