En vérité : Une romance à la ‘‘Candide’’ !

Angelo DOSSOUMOU 6 juin 2017

Ils étaient très attendus ce samedi. A l’arrivée, Candide Azannaï et les congressistes du parti Restaurer l’espoir ont laissé plus d’un Béninois sur leur faim. Pas du tout pressé de sceller un divorce sans espoir de renouer les liens avec le président Patrice Talon, l’ancien ministre délégué de la défense laisse toujours sa porte entrouverte au Nouveau départ. Entré en dissidence depuis le 27 mars 2017, Candide Azannaï, on le sait désormais n’a presque pas varié ou essayé de franchir le Rubicon quant à ses relations avec son ancien allié confortablement installé à la Marina. Si à cause de sa nouvelle posture et de son passé d’opposant virevoltant, beaucoup avaient parié qu’il allait franchir le cap à l’occasion du 3ème congrès de son parti, il n’en pas été le cas.
Officiellement, et ce n’est qu’un secret de polichinelle, Candide Azannaï dit surseoir à son soutien au gouvernement en place. Avec Patrice Talon, il ne rompt non plus ses relations mais les suspend. Et donc, sans se lancer dans une opposition, l’ancien ministre délégué de la défense poursuit sa traversée de désert politique. En conséquence, en marge de la gouvernance Talon, reste-t-il, depuis sa démission du gouvernement et les votes de son suppléant Guy Mitokpè au parlement. Mais, entre les lignes et les attitudes au congrès de Restaurer l’espoir, il faut retenir qu’il ne dépend que de Talon pour que le rêve auparavant brisé devienne un cauchemar ou plutôt un conte de fée.
Evidemment, il faut être aveugle pour ne pas le voir. Le froid sur les relations Talon-Azannaï est dû à la répartition des fruits de la victoire et non aux arguments publiquement avancés. Sinon, qui ne sait pas que Candide Azannaï s’est beaucoup battu pour l’avènement du régime en place et on peut s’imaginer son insatisfaction devant la portion congrue d’un ministère délégué à lui accordée au lendemain du 6 avril 2016. Comme un fils fidèle qui vit mal sa condition de ne pas être l’enfant chéri et ne conçoit pas que la contrepartie de son farouche combat politique soit aussi réduite, l’ancien ministre boude et ne décolère pas contre son mentor.
Dès lors, avec un ministère de plein exercice et la direction de quelques sociétés d’Etat, il est certain que les relations entre Restaurer l’espoir et le pouvoir en place n’en resteraient pas là. D’ailleurs, n’est-il pas le seul à démissionner du gouvernement ? Alors, il n’est pas exclu, si les paradigmes changent, que Candide Azannaï se remette à nouveau avec le chantre du Nouveau départ.
Du moins, de sa position mi-figue, mi-raisin à l’issue du congrès de son parti, l’ancien ministre délégué ne rompt pas définitivement les ponts et ne s’empêchera pas de rebondir en force aux côtés de son grand amour politique. Pourvu que l’occasion lui soit donnée et que les conditions lui soient, cette fois-ci, favorables. D’un retour à la case-départ de Candide Azannaï, ne soyons donc pas surpris. Avec Boni Yayi, il en avait déjà été le cas.
Sauf qu’en cédant à l’appel du pied de son ancien allié, Patrice Talon court le risque de fâcher d’autres soutiens qui patientent à la touche. Par contre, en laissant partir Azannaï, il doit se faire une grosse et solide carapace contre les coups à venir. Car au Bénin, le président de Restaurer l’espoir est passé maître dans l’art d’enquiquiner les gouvernants. Boni Yayi et Mathieu Kérékou en savent quelque chose. Avec ses nouvelles fréquentations et, sans doute, la coalition politique contre son ancien mentor qu’il aide à tisser à dessein, il fait indirectement savoir à l’actuel locataire de la Marina que s’il ne le retient pas, il ira se jeter dans les bras de ses adversaires et gonfler leurs rangs. Talon est prévenu. A lui de se décider au plus tôt.



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