Liberté de ton : A chacun son toit !

Moïse DOSSOUMOU 2 juillet 2013

Selon le relevé du Conseil des ministres en date du 26 juin 2013, le gouvernement vient d’autoriser la mise en vente directe ou en location-vente de 1383 logements de la première phase du programme de construction de 10 000 logements économiques. Les potentiels acquéreurs qui piaffaient d’impatience pourront donc engager les procédures requises afin de rentrer en possession de leur bien. Une fin de cycle, la concrétisation d’un rêve pour les compatriotes qui ont adhéré au projet.

Habiter sa propre maison est la préoccupation constante de tout bon Béninois. Pour atteindre cet objectif qui vire le plus souvent à l’obsession, de grands sacrifices sont consentis, des années durant, par les ménages. Les maigres économies réalisées servent d’abord à acquérir une parcelle, fût-elle située dans une zone marécageuse et impropre à l’habitation. Ensuite, de façon progressive, la fondation est réalisée, les murs s’érigent, la toiture installée et la maison bien que toujours en chantier reçoit ses premiers occupants. Obnubilés par la hantise de vivre sur leur propre parcelle, nos compatriotes y emménagent dès que le minimum de commodités est réuni. Puis, au fil des jours, les travaux de finition se mènent. Comme quoi, " petit à petit, l’oiseau fait son nid ".

Seulement, nombre d’handicaps majeurs viennent hypothéquer cette légitime aspiration des populations. C’est un secret de polichinelle que le foncier, sous nos cieux, est source de multiples conflits souvent meurtriers. Des familles sont divisées du fait des désaccords liés au partage des terres des suites d’un décès. Les juridictions installées sur toute l’étendue du territoire national ploient sous le poids des dossiers de transaction foncière à polémique. Il était donc utile qu’une solution salvatrice soit trouvée afin d’apaiser les esprits. C’est dans cette optique que le projet de construction de 10 000 logements économiques a été initié par le gouvernement et mis en exécution.

Les villes de Lokossa, Sèmè-Podji, Abomey-Calavi et Parakou… pour ne citer que celles-là, ont été sélectionnées pour abriter ces constructions. Des sites ont été identifiés et viabilisés pour accueillir ces infrastructures. Très vite, tels des champignons, les habitats dits économiques sont sortis de terre et attendent depuis des lustres des occupants qui se font désirer.

Réservées en priorité aux fonctionnaires et aux cadres moyens du secteur privé, ces habitations n’ont pas véritablement intéressé leur cible comme on pouvait s’y attendre. En effet, la plupart d’entre elles ont été érigées sur des sites éloignés des centres urbains. Face à la difficulté matérielle d’y accéder du fait de la dégradation avancée des voies secondaires, les potentiels acquéreurs ont tôt fait de décliner l’offre pourtant alléchante. De plus, la quasi inexistence à proximité de ces villas des infrastructures sociocommunautaires telles que les écoles, les centres de santé, les aires de jeu, les lieux de culte, ne favorise pas l’adhésion massive des Béninois au projet. En outre, le délicat problème de l’insécurité en rajoute à la retenue dont les populations ont fait preuve jusqu’ici vis-à-vis de ces constructions. L’exigüité des locaux n’est pas de trop sur la liste des récriminations.

Il aurait été souhaitable que ce projet, du reste, ambitieux prenne en compte tous ces paramètres avant sa mise en exécution. Actuellement, en lieu et place des hommes censés vivre dans ces villas, ce sont les mauvaises herbes et les reptiles qui y ont élu domicile. Si les conditions d’acquisition ne sont pas vraiment incitatives, il est fort à parier que tous les logements mis en cession ne trouvent preneurs. Néanmoins, ceux qui ont fait le choix, en dépit de tout, d’acquérir ces maisons, le moins qu’on puisse leur souhaiter est d’y couler en toute sérénité des jours heureux et paisibles.



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