Liberté de ton : Bob Marley et le prétexte du 11 mai !

Moïse DOSSOUMOU 10 mai 2013

L’artiste ne meurt jamais. Robert Nesta Marley alias Bob Marley en est une preuve évidente. Il y a de cela 32 ans, le 11 mai 1981 précisément, il s’éteignait dans un hôpital de Miami. Artiste musicien hors-pair, pétri de talent, ses nombreuses chansons, malgré l’épreuve du temps, n’ont rien perdu de leur force. Les messages poignants et évocateurs qu’il s’est évertué à passer sont toujours d’actualité. Ses fans qui se comptent par milliers à tous les coins du monde continuent de lui vouer, plus de trois décennies après sa disparition, un culte hors du commun. Une récompense à titre posthume pour cet artiste qui a aussi marqué son court passage sur terre de par son engagement pour la cause de la veuve et de l’orphelin.

Tenez, " Africa Unit " et " Zimbabwé " sont des appels pressants à l’unité africaine, donc au panafricanisme. Quant à " One love ", c’est une véritable exhortation à l’amour du prochain. " Redemption song " est plutôt une chanson poignante pleine de philosophie qui invite à une réflexion profonde sur les relations humaines et celles entre Etats. " No woman, no cry ", qu’on ne saurait passer sous silence, l’un des plus célèbres de ses tubes, est en réalité un baume apaisant que Bob Marley passe amoureusement sur le cœur de la femme pour adoucir le cours de son existence marquée par plusieurs tribulations. Ce rapide tour d’horizon de la riche discographie de l’immense artiste renseigne sur l’immense talent que n’a cessé de développer ce virtuose de la musique. Après lui, d’autres artistes talentueux ont embrassé avec succès le genre musical qu’il a promu. Lucky Dube, Alpha Blondy, Tiken jah Fakoly… pour ne citer que ceux-là, ont admirablement tressé la nouvelle corde au bout de l’ancienne. La graine qu’il a semée a donc germé.

Loin des scènes mythiques des artistes de renom, les étudiants béninois membres de l’Ensemble artistique et culturel des étudiants (Eace) rendent leur part d’hommages chaque année à la légende du reggae. Le 11 mai, date de sa disparition, a été retenu pour ce devoir de souvenir. Du monde, il y en a eu à chaque édition. Depuis bientôt deux décennies, cette tradition a été perpétuée et est hissé au rang de label par l’Eace.

Là où le bât blesse, le faste et la convivialité cèdent la place à de nombreuses dérives qui se perpétuent chaque année. Pendant que les artistes en herbe interprètent les morceaux cultes de l’icône qui est célébrée, d’autres s’attèlent à l’atteinte de leurs objectifs. En vérité, chacun s’y rend muni de ses intentions puisque le 11 mai est devenu un prétexte pour laisser libre cours à tous les abus. Les stupéfiants sous toutes leurs formes, l’alcool et la cigarette circulent à tour de bras. Des adolescents en consomment sans modération jusqu’à perdre connaissance. De leur côté, les pick pocket et autres divorcés sociaux jouissent sans limite de ces occasions. Des cas de bagarres, de braquages et même de viols sont souvent enregistrés. Rien n’arrête la furie de ces âmes en perdition décidées à en découdre avec la foule en liesse. " No Ganja, no music ", scandent-ils en chœur, ivres et fiers de l’être.

Brice Sinsin, recteur de l’Université d’Abomey-Calavi vient de siffler la fin de la récréation. Il a, en effet, pris la décision de l’interdiction du concert hommage à Bob Marley, en tout cas pour le compte de cette année. La soirée de demain ne ressemblera donc en rien à celles qui l’ont précédées. La fièvre habituelle laissera place à un calme plat. Le déploiement massif des forces de sécurité dans et aux alentours de l’Université et l’accès subordonné à la présentation de la carte d’étudiant auraient suffi à calmer les ardeurs des indélicats. Il faut y penser les années à venir afin de ne pas priver la postérité d’une telle célébration qui, malgré tout, en vaut la peine.



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