Liberté de Ton : L’enfer sur terre !

Moïse DOSSOUMOU 25 novembre 2013

Se retrouver dans les liens de la détention est l’un des pires cauchemars qu’il peut être donné de vivre à tout individu. Qu’un citoyen soit privé, pour une raison ou une autre, de son droit à la liberté, n’est pas une porte ouverte à la violation de ses droits, même les plus élémentaires. Les conditions de détention sont telles que les prisonniers, une fois qu’ils ont franchi le seuil d’une maison d’arrêt, perdent tous les attributs liés à la personne humaine.
La maison d’arrêt de Cotonou, la plus illustre et l’une des plus anciennes prisons du pays, peut servir, dans son état actuel à tout usage, sauf à abriter des âmes, même si celles-ci sont condamnées par la société. D’ailleurs, initialement, elle a été construite pour servir de magasin à divers types de marchandises. C’est un peu plus tard qu’il a été décidé que les hommes prennent la place des marchandises. Seulement, en prenant cette décision à l’époque, les pouvoirs publics n’ont pas cru devoir opérer les modifications nécessaires pour que ce bâtiment abrite convenablement des hommes.
A la fin du premier semestre de l’année en cours, cette maison qui a une capacité d’accueil de 500 détenus, avait une population de 2045 âmes. Quid des prisons de Ouidah, Parakou, Porto-Novo, Natitingou ? Le supplice de ceux qui y sont gardés est quasi identique. « Dès qu’il est l’heure de se coucher, c’est des soucis pour nous », indique un détenu de Cotonou. « Même les privilégiés qui dorment dans les lits sont très serrés les uns contre les autres », poursuit un autre. « Les uns se couchent sur un côté sans aucun espoir de bouger, les autres restent assis, sans aucun espoir de bouger », renchérit un troisième. Qui, mieux que ceux-ci peuvent décrire le drame qu’ils vivent au quotidien ?
Et pourtant, depuis des années, rien de déterminant n’a été fait pour alléger le fardeau des détenus. La prison n’est pas faite que pour les autres. Par un coup du sort ou un malencontreux concours de circonstances, n’importe qui peut se retrouver jeté pieds et poings liés dans l’univers carcéral.
L’urgence, outre la construction de nouvelles maisons d’arrêt, c’est de désengorger celles existantes. Comme l’ont proposé certains magistrats lors de l’examen à l’Assemblée nationale du projet de loi portant code de procédure pénale, la création du juge des libertés, l’instauration du contrôle judiciaire, des délais d’instruction, de détention et de jugement peuvent redonner vie, espoir à une frange non négligeable de détenus. L’idéal, « avant d’ériger un tribunal, il importe au préalable de construire la prison civile devant accueillir les détenus et les prisonniers générés par ledit tribunal », indique Michel Adjaka, président de l’Union nationale des magistrats du Bénin. La dignité perdue par les prisonniers peut être retrouvée. Tout le monde, le gouvernement en premier, doit pouvoir y travailler.



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