Liberté de ton : Nollywood, le succès nigérian !

Moïse DOSSOUMOU 27 juin 2013

On ne réinvente pas la roue. Le Nigeria l’a compris et le démontre de fort belle manière. Son industrie cinématographique s’est tout simplement bornée à copier celle des Etats-Unis d’Amérique. Les acteurs, producteurs, réalisateurs et techniciens qui gagnent leur vie par le biais du 7ème art, à la quête de la qualité et de la prospérité ne se sont pas posés trop de questions. Ils ont simplement imité un modèle qui marche et l’ont adapté peu ou prou à leur contexte. Et depuis, la mayonnaise a pris et ce pays s’impose de plus en plus dans l’univers cinématographique au plan sous-régional et même continental.

Nollywood, c’est le rêve que nourrissent avec amour et dévouement les acteurs culturels Nigérians. Par analogie à Hollywood, la gigantesque industrie cinématographique américaine, Nollywood s’impose dans l’univers du 7ème art au plan africain. Même si la dénomination prête à confusion, il faut souligner l’ingéniosité, l’engagement et la détermination des promoteurs de ce projet. Quand on est habité par une aussi grande ambition, il est évident que des pas de géant soient accomplis. Et depuis, la belle aventure de notre géant voisin de l’Est poursuit inexorablement son cours. Au fil des jours, des semaines, des mois et des années, de nouvelles productions inondent le marché local et sous-régional. Les Béninois sont particulièrement friands de ses œuvres qu’ils consomment sans modération.

Et pour parachever l’œuvre, une chaîne de télévision dénommée " Nollywood " a été créée. Elle diffuse en boucle et à longueur de journée les innombrables productions cinématographiques qui sont, du reste, de très grande facture. Dans le but de lui offrir une audience qui dépasse l’immense population nigériane riche de plus de 200 millions d’habitants, cette chaîne a été rendue disponible sur les bouquets internationaux. Raison de plus pour que la qualité qui fait tant défaut aux productions africaines soit désormais à l’ordre du jour. Et jusqu’à présent, la machine bien huilée tourne à plein régime. Ceci n’a été possible qu’avec le soutien déterminant de l’Etat fédéral qui a créé les conditions de succès d’une telle entreprise.

Voilà donc un exemple de réussite, calqué sur un autre modèle qui a fait ses preuves. Tout ceci a pris corps et s’accomplit à côte du Bénin qui peine à tirer profit de sa proximité avec le Nigeria. Après plus d’un demi-siècle d’indépendance, le Bénin n’arrive toujours pas à vendre son riche patrimoine culturel sur la scène internationale. Le Nigeria sur ce plan fait merveille et ne cesse de montrer la voie. Les nôtres, acteurs, techniciens et mécènes ne sont pas prêts à abattre un travail âpre, contraignant mais non moins exaltant.

Dans notre contexte, le cinéma est à l’étape embryonnaire. La plupart des productions livrées au public sont du ressort de l’amateurisme. Malgré la volonté des acteurs à se faire une place au soleil, le professionnalisme n’est pas encore la chose la mieux partagée. Même si le public n’est pas particulièrement exigeant et se satisfait de peu, il faut pouvoir livrer des courts et longs métrages potables et exportables. Les œuvres pompeusement baptisées sous le sceau cinématographique ne sont en réalité que des pièces théâtrales transposées à l’écran. Les acteurs, les techniciens, et même les scenarii ne sont pas encore à la hauteur des exigences internationales.

Et depuis des lustres, très peu de films béninois ont pu être exportés lors des rendez-vous de référence tels que le Fespaco au Burkina-Faso. Mais déjà, " Quintessence ", le festival international du film de Ouidah s’attelle à promouvoir le bien et le beau chez nous. C’est une œuvre de longue haleine, difficile mais pas impossible. Nollywood pourrait inspirer les décideurs pour qu’à terme, le cinéma béninois sorte des sentiers battus et se positionne sous les projecteurs.



Dans la même rubrique