Plume libre : Carton jaune pour Lafia et Azannai !

Sulpice Oscar GBAGUIDI 26 octobre 2016

Un communiqué de la présidence de la République fait état de plaintes sur des rançonnements dont seraient victimes les populations de la part des éléments de forces de Défense et de Sécurité. Patrice Talon a « instruit ses services aux fins de recueillir les dénonciations des victimes de telles pratiques déshonorantes pour notre pays », explique le texte publié par la Direction de la Communication. Le Président a donc décidé de prendre le taureau par les cornes et de nettoyer les nids des arnaqueurs impénitents de la route. Dans la fièvre de la rupture, le chantre du Nouveau départ est sur le chantier de la restauration des valeurs.
La décision du locataire de la Marina de prendre les choses en main n’est pas anodine. Deux numéros verts sont mis en place pour permettre aux populations de couler dans le flot de dénonciations. Le rançonnement est devenu un fléau. Les forces de défense et de sécurité sont coupables de cette forme d’insécurité sur la route. L’exaspération du chef de l’Etat est manifeste et annonce la traque des flics et gendarmes mouillés dans cette pratique honteuse d’escroquerie. Le mal a traversé les ans et les régimes au point de polluer le système sécuritaire.
Mais l’implication directe du Président de la République traduite par la nouvelle mesure est un avertissement au ministre de l’intérieur et à son collègue de la défense. Sacca Lafia et Candide Azannai ont du souci à se faire. Ils sont inefficaces. Talon n’est pas satisfait de leurs performances et tente désormais de remettre les pendules à l’heure et de relancer la machine de l’éthique. Les ministres de l’intérieur et de la défense, deux anciens piliers du dispositif de campagne du candidat Talon, reçoivent en plein visage le camouflet du mentor de la Marina. En quête de résultats, Talon donne le carton jaune à ces poulains inféconds de l’écurie du Nouveau départ.
Il n’est pas étonnant que les gens qui ont été remerciés pour la campagne électorale victorieuse soient en difficulté voire impuissants à satisfaire des besoins des populations. On doit évaluer leur rendement et quitter les considérations liées à l’activisme et à l’identité politiques. Dans la logique de l’opération rançonnement zéro sur nos routes, Talon se débarrasse des émotions politiques et primitives d’entame de règne pour amorcer le pragmatisme salvateur.
Sacca Lafia et Candide Azannai sont-ils déjà sur un siège éjectable ? Une certitude : ils ne sont plus intouchables. Si le communiqué de la Présidence de la République est resté trop subtil, la décision épuise la sérénité de ces deux ministres et porte les germes d’érosion de confiance. Clairement, on y perçoit une dénonciation à peine voilée de l’incompétence des deux patrons de l’intérieur et de la défense.
Lafia et Azannai, deux anciens ministres de Yayi devenus talonnistes de souche puis ministres de la rupture sont fragilisés par les rançonnements des forces de défense et de sécurité. Leur longévité au gouvernement dépendra de leur capacité à rebondir et à rassurer le Chef de l’Etat. Après six mois, Talon est sous pression. Il ne devrait pas hésiter à sauter des fusibles. Surtout si l’incompétence de certains ministres est constamment avérée.



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