Plume libre : L’amalgame syndical !

Sulpice Oscar GBAGUIDI 7 décembre 2016

Les centrales syndicales jettent sans répit des pierres dans le jardin de la rupture. Le mode d’action n’a pas changé : un grondement de la meute à la bourse du travail et des slogans et discours hostiles au gouvernement. Des dénonciations fusent de toutes parts dans la petite musique tendancieuse combinée à des sonorités pleines de sarcasmes. La rhétorique musclée est celui d’un combat qui promet l’enfer aux nouveaux maitres du pays. Les têtes de pont du syndicalisme dégainent. La perspective d’un bras de fer infernal réveille les incertitudes sociales.
Dans l’ambiance du déjà-vu et un décor peuplé de syndicalistes surexcités, la grande mobilisation contre le pouvoir de la rupture n’a pu camoufler sa substance caricaturale. On doit certes rendre hommage au corps social pour sa vigilance. Car, « C’est une expérience éternelle, disait Montesquieu, que tout homme qui a du pouvoir est porté à en abuser ». La veille citoyenne est une nécessité pour éviter que la barque encline à la dérive coule et laisse un peuple naufragé. Mais, le syndicalisme claudicant, et bavard voire politisé et instinctif n’est pas toujours à l’abri de la manipulation. Versé dans l’amalgame, ce syndicalisme offre sa crédibilité au poison corrosif avec l’étalage outrancier de ses appétences.
Si sur les questions de liberté, il faut être sans concession et opposer une résistance impitoyable aux prédateurs de toutes espèces , on doit avoir la sagesse d’accompagner les réformes plutôt que cette contestation pavlovienne et mercantiliste. La vieille ritournelle sur de choses liberticides peut masquer une obsession inavouée. Les manifestations syndicales traînent leurs secrets.
Malheureusement, on n’a pas quitté ce que Bakounine appelle la « volupté de la destruction », et les adeptes de Stiner, Proudhon, Kropotkine, Reclus et Grave se défoulent sur de prétextes. Au lieu d’un syndicalisme rationnel, le « singecalisme » tente vainement de montrer que le pays n’est pas réformable. Heureusement que, pour reprendre la belle formule de Pierre Monatte, le « peuple n’avait pas désappris à penser ». Devant la lassitude nationale entrainée par l’échec, on a hâte de connaitre la délivrance. Et si les réformes peuvent venir d’un président qui ne recule pas devant le premier bourdonnement à la bourse du travail, on est prêt. Ce n’est pas cet idéal utopique fondé sur le syndicalisme sec et aride qui arrêtera la machine des réformes. L’exemple du grand voisin de l’Est, le Nigéria est illustratif de la nécessité des changements. Pour espérer vivre dans le concert des nations en cette ère de la mondialisation, il faut réformer l’économie, l’agriculture, l’administration….
La rupture ne peut se jouer que dans les mesures fortes et la détermination du pouvoir à briser les tabous , à avancer sans état d’âme, mais dans le respect des normes. Les jacassements de conservateurs, le bal des hypocrites et les grossières manœuvres syndicales ne doivent pas donner un coup de frein aux réformes. L’essentiel est d’éviter la malédiction de l’échec et de mériter les vivats de la postérité.



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