Plume libre : Quand l’UN revendique… !

Sulpice Oscar GBAGUIDI 9 août 2016

L’Union fait la nation (Un) tente de mettre fin aux commérages sur sa posture politique à l’heure du Nouveau départ. Bruno Amoussou, icône du conglomérat, s’est lui–même chargé d’allumer la flamme de la clarification et de remettre les pendules à l’heure. « Nous ne soutenons pas le pouvoir en place, nous en sommes une composante », tranche d’emblée le vieux briscard dans une théorisation presque émouvante. Le renard de Djakotomé n’est pas de nature à glapir pour souffler le néant.
Quatre mois après l’investiture de Patrice Talon à la Marina , l’UN semble tourner en rond et court le risque de descendre dans les profondeurs alors que la navigation du Nouveau départ gagne en vitesse. Comme condamné à l’éclipse politique en cette ère post-Yayi, le socle de l’ancienne opposition veut d’ailleurs éviter de jouer le naufragé précoce. Et dans un exercice d’installation de comités thématiques et de groupes de travail, l’Un monte surs ses ergots et remonte la pente pour refaire surface.
L’UN affiche et explique son identité politique tout en affirmant son repositionnement depuis l’expédition de mars 2016 qui a conduit Talon sur le toit de la République. Dans la querelle des ouvriers de première et de 25ème heure et la course pour la palme du plus grand talonniste, le baron et leader unioniste a donné du rythme par la parole et la rhétorique du vainqueur qui revendique les lauriers. L’UN proclame son statut de pièce essentielle voire de centre de gravité de l’équipe de la rupture. En clair, Amoussou s’offre le privilège de rappeler la forte implication de son régiment dans le succès de Talon. Le message est sans ambigüité.
Les certitudes défendues par le patron de l’UN et cette posture crâneuse teintée de fierté politique exagérée ne résistent pas forcément à l’examen de la raison. Il n’est pas exclu que l’UN soit la grenouille qui veut se faire aussi grosse que le bœuf. Très souvent en position de désespérés, les politiciens tentent, par la magie de la parole, de masquer l’évidence par une espèce de prétention qui les fait vivre par l’illusion.
Pas sûr que le refrain Amoussou soit repris en chœur par la chorale des talonnistes de souche ni par Talon, chef du Nouveau départ. Pas évident que la vision de l’UN épouse les perceptions de Talon. Sauf englouti dans les fosses de l’amnésie, on vit encore les souvenirs des grosses hésitations, la ruse, le non choix de l’UN pendant la campagne présidentielle, notamment le premier tour d’une élection indécise. Volontairement éparpillée, l’UN en fragments, n’avait pas fait bloc derrière Talon. Le candidat du Nouveau départ devrait attendre l’ultime round pour bénéficier du « tout sauf Zinsou » décrété par l’UN et de la fatwa de l’opposition en mode coalition de la rupture contre le candidat de l’Alliance Républicaine, le franco-béninois alors adoubé par Fcbe, Prd et Rb.
Des ruminations utopistes, Amoussou et la troupe sont passés à la revendication politique « composante du pouvoir ». En actes, Talon n’est visiblement pas encore ému par ce genre de jonglage sur fond de sanglots. Le chef de l’Etat a déjà défini le premier cercle du pouvoir et y puise les piliers de son mandat. L’UN met la pression pour prendre des galons dans la rupture.



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