Plume libre : Talon au charbon !

Sulpice Oscar GBAGUIDI 11 juillet 2016

La Rupture se joue à la petite semaine sur les brasiers. Et le chef de l’Etat fait avancer la machine contre vents et marées. Dans la fièvre du Nouveau départ et sous le poids des attentes populaires, Patrice Talon tisse sa toile et forge sa gouvernance avec les ingrédients de son projet de société axé sur la transparence, le mérite et la compétence. Avant même de célébrer les 100 jours symboliques de son avènement à la Marina, le successeur de Boni Yayi capitalise une percée dans la sphère ardente des dossiers chauds. L’annulation des concours à polémique vient couronner une volonté de navigation qui tranche avec le règne de l’instinct.
L’offre du candidat Talon ne laissait aucun doute sur sa gestion du pouvoir. La promesse de la rupture n’était pas un assemblage de chimères. On ne s’attendait pas à du tapis rouge pour celui qui secoue les habitudes. En décidant de traverser le feu, Talon avait prévu des brûlures. Il fallait néanmoins subir l’épreuve pour finalement marcher sur les eaux et être « porté en triomphe » en fin de mandat. Talon reste droit dans ses bottes.
L’icône du Nouveau départ pour ne pas ramer à contre-courant de ses idéaux, ne devrait pas avoir froid aux yeux. Et Talon a jusqu’ici refusé de baisser pavillon devant de tempête artificielle ni tomber dans le piège de la comédie ambiante. Le président a déjà opposé son tempérament et son caractère aux velléités de la rue dans l’épisode à sensation de la désignation des chefs lieux de département. Le vieux dossier, malgré les gémissements, les résidus de fronde, les agissements de coulisses, de souterrains, les manœuvres politiques, a été évacué en un temps record. Avec le moteur de la fermeté du locataire de la Marina, la rupture a tourné la page.
Vient désormais la délibération du gouvernement sur l’épineuse question des concours supposés frauduleux. Le rapport de la commission a révélé un océan d’irrégularités dans lequel avaient nagé les fraudeurs. Talon a de la matière pour passer à l’acte. Le Conseil des ministres a prononcé sa sentence. Les concours organisés en 2015 au profit du ministère des finances et de l’économie sont annulés. Encore un dossier chaud tamisé impitoyablement par le filtre de la rupture. Talon a liquéfié la masse de fraude et autorisé de nouveaux concours. La décision est assortie de punition promise aux agents de l’Etat impliqués dans la fraude et de l’exclusion des candidats de la pègre.
Au gouvernail du Nouveau départ, Talon file droit vers les cimes de la rupture. Avec force et foi, le président évolue, aidé alors par la dynamique en gestation dans l’offre de sa campagne électorale et la conjoncture politique. La vocation d’un seul quinquennat, levier de la gouvernance, fait mouvoir la rupture. La suspension des concours à polémique par le premier Conseil des ministres de l’Exécutif était un mauvais présage pour les lauréats de choses frauduleuses.
Talon n’est pas ému par l’agitation des épidermes sensibles ni le mouvement de foule. La rupture se joue au charbon. Les dossiers de désignation de chefs-lieux, de concours frauduleux et les nombreuses crises héritées du yayisme n’effraient guère l’équipe du Nouveau départ.



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