Bomadigbèwou, humoriste, conteur reconnu dans le Mono : « L’humour est pour moi une mission divinement thérapeutique »

19 avril 2023

Radis S. AGBOSSAGA à l’état civil, Sèhwéton Bomadigbèwou est un artiste comédien, humoriste, chanteur, conteur originaire de Bohicon. Né d’un père artiste chanteur et d’une mère ménagère, l’humoriste sait transmettre du fou rire au public du département Mono en général et en particulier à celui de Lokossa où il réside depuis 1999. Actuellement encadreur culturel, ‘’discipline théâtre’’ au CEG Bopa, le comédien incontesté, dans cet entretien, fait part de ses expériences dans l’univers humoristique dans lequel il se plaît bien.

Avec vous, nous allons parler de l’humour. Pourquoi avez-vous choisi de vous intéresser à l’humour ?

Cela peut paraitre étrange, mais je dirai simplement que l’humour et moi sommes un peu comme des cousins. On est tous les deux membres de la même famille. Il est né et puis après, je suis né. C’est donc le destin qui a choisi qu’on soit ensemble l’humour et moi pour ainsi montrer à quel degré je me familiarise avec l’humour.

Comment peut-on devenir humoriste, selon vous ?

C’est comme si vous me demandez comment se marier à une femme. Premièrement, il faut d’abord avoir un penchant et tomber parfois follement amoureux sans se blesser. Et, à force de la travailler, de travailler sa psychologie, c’est-à-dire lui laver le crâne, elle finit par prendre ton pli.

Parlez-nous de votre parcours dans le domaine.

Dans le domaine de l’humour, je n’ai pas fait grand-chose de très visible jusque-là. Néanmoins, Beaucoup de vannes peuvent signer mon identité lors des représentations de petits et moyens contrats pour lesquels je suis régulièrement sollicité, précisément dans la région du Mono où j’ai élu domicile. Ma particularité tant aimée par mes fans est la valeur que je donne à l’usage que je fais de la langue nationale ‘’Fon’’ lors de mes spectacles ‘’one man show’’. Il faut avouer qu’artistiquement, je suis très polyvalent. Et je fais tout pour que les autres disciplines artistiques aussi trouvent leur place dans mon répertoire. En Avril 2022, j’ai créé mon compte tik-tok pour m’ouvrir au monde entier. Ceci m’a dopé de courage et de confiance parce que tous mes numéros d’humour avec ma femme AGUENOU ont plu à l’auditoire et ça m’a permis de gagner beaucoup d’autres contacts, et relations. En 2010, j’ai sorti mon premier sketch filmé titré ‘’DJIVEDE’’. De 2012 à 2014, j’ai sorti les volumes 1 et 2 de ‘’Le Dinosaur des sans fois’’ et ‘’La caisse de solidarité’’. Plusieurs autres sketchs filmés que vous pourrez découvrir sur ma chaine YouTube s’en sont suivi. En Novembre 2022, j’ai été appelé dans une réalisation d’émission d’humour télévisée sur l’ORTB et BB24 intitulée ‘’le conseil communal’’.

D’après votre expérience vécue, qu’est-ce qui vous donne la motivation de persévérer dans l’aventure humoristique ?

C’est d’abord une mission divinement thérapeutique. Et lorsque je n’arrive pas à faire sourire au moins mon interlocuteur, j’ai le cœur emprisonné. Je trouve que j’ai failli à une mission. C’est un défi que j’aime relever que je sois sous contrat ou pas.

L’humour peut-il nourrir son homme ?

Cette question m’est familière. Les réalités socio-culturelles de chez moi font toujours de cette question un sujet tabou. Mais l’humour peut très bien nourrir son homme lorsqu’il y a l’organisation qu’il faut autour. Je veux parler d’un staff sérieux. Ce qui est rare dans notre société. Je vois des humoristes étrangers qui sont tout le temps entre deux avions. C’est un travail d’équipe et de confiance.
Avez-vous d’autres activités vous permettant de joindre les deux bouts ou vous

consacrez-vous exclusivement à l’art de l’humour ?

Je suis technicien en génie civil de formation et je continue toujours de fréquenter les chantiers en cas de sollicitation. Je fais la conception et la réalisation des plans architecturaux et le suivi des chantiers. Je suis aussi un graphiste concepteur et imprimeur sur bâche. En plus de tout cela, je chante, je dis des contes, je m’essaye aussi dans les arts plastique. Je suis comédien.

Quels sentiments vous animent de rendre hilare un public, une communauté ou tous ceux qui vous connaissent ou qui vous croisent ?

Je me sens toujours à la croisée de mon destin.

Quel est votre secret, en matière de la thérapie du rire (inspiration) ?

Je n’ai pas de secret pour cela. Je dirai simplement qu’une inspiration ne se force pas. Si ce n’est pas là, c’est que ce n’est pas là. Il faut patienter qu’elle revienne parce qu’elle a aussi besoins de repos parfois.

Parlez-nous de vos projets d’avenir ?

Je travaille actuellement sur ma première bande dessinée essentiellement marrante. Les premières scènes du script sont prêtes et les caricatures sont en cours. Pour cela, je suis en collaboration avec un jeune plasticien très bien en la matière. Je travaille aussi sur un projet dénommé ‘’Bomadigbêwou Comédie Plus’’ qui sera une occasion d’expression de l’humour à tous les humoristes de ma région.

Quelle est votre situation matrimoniale ?

J’ai ma tendre épouse et mes deux enfants qui me donnent la joie et l’espoir de continuer mes aventures.

Que vous dit la famille (épouse, enfants et parents) chaque fois après vous avoir vu contaminé un public du fou rire ?

Mon papa se sent chaque fois restauré, heureux et fier de moi. Mon épouse se sent encore toute neuve car là, c’est son honneur qu’elle voit en jeu. De ce fait, elle ne manque pas d’être enviée parfois. Elle sait aussi gérer ses humeurs. Mes enfants ne font que répéter (illustrer) avec beaucoup de délicatesse tout ce que leur géniteur a produit. Ça me fait marrer parfois. J’ai foi que la relève est rassurante.

Connaissez-vous des femmes humoristes ici au Bénin ?

Oui. J’ai suivi quelques fois Grâce des Pipi Wobaho et elle est très impressionnante.
Quelles relations avez-vous avec les autres humoristes d’ici et d’ailleurs ?
Je n’ai pas beaucoup de relations sur cette ligne mais pour le peu que côtoye, le courant passe très bien.
Parlez-nous de vos difficultés dans cette aventure ?

C’est un métier à grands risques de par sa conception. Parfois, tu es difficilement écouté. Une vanne mal placée peut te coûter la vie. Il faudra tout faire pour adapter son spectacle au public qui est en face vu que tous les peuples n’ont pas les mêmes réalités. C’est aussi passionnant !
Un appel à lancer ?

Chers compatriotes, commençons à consommer local.
Quelque chose (une blague peut-être) d’une, de deux ou de trois phrases qui peut arracher le sourire pour clore cet entretien ?

En 1953, j’ai surpris ma grand-mère dire à mon grand-père que la vraie valeur, on la reconnait qu’après l’avoir perdu. Et mon généreux grand-père lui a répondu que c’est lorsqu’on n’a jamais rendu visite aux femmes d’autrui sous leurs douches qu’on a toujours cru que seule la sienne a de jolies perles. En tout cas, seuls les deux savent de quoi ils parlaient.

Propos recueillis par Fidégnon HOUEDOHOUN



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