Dans la beauté d’une matinée pluvieuse, Carmen Toudonou s’est mirée et Fifamè n’a pas pu s’empêcher de rouler les yeux.
Entre la gestion d’entreprise, le journalisme, le blogging, l’édition de livres, la réalisation cinéma et l’administration des services parlementaires du Bénin, il y a de quoi avoir le tournis.
A son contact, bien de gens ont eu le même souci. Comme une certaine Aïcha Koné, Carmen sait rouler des yeux et dès lors, c’en est fini. Hommes ou femmes, ils sont nombreux à qui son intelligence fait tourner la tête. Même si elle ne pousse pas la chansonnette comme la diva ivoirienne, il ne faut pas se fier à son allure gracieuse et gracile : c’est une danseuse qui ne ménage ni effort, ni sueur pour se trémousser surtout sur du "Mansê-gohoun", un rythme de son Porto-Novo natal. Que dire de sa maîtrise de l’art de déguster du bon "hanlan" (viande de porc) ! Dans la capitale béninoise, l’exercice a un goût exquis.
A l’égard de cette ville chère à son cœur, Carmen Fifamè Toudonou éprouve un regret : celui de ne pas être encore capable de produire des œuvres littéraires en langue "Goun ». Ambitieuse, elle use de sa philosophie de vie et détecte sa responsabilité afin de l’assumer. Ainsi prépare-t-elle une collection de textes de fiction, écrits en langues nationales. Patriote et fière de la culture béninoise, "Vi gaga ô !" (Pour dire la demoiselle élancée) comme l’appelaient les chauffeurs à la Radio, aurait pu être hôtesse de l’air ou encore ingénieur, électronicienne comme l’obtention de son Bac C est venue rassurer sa famille. Cependant, Carmen avait l’idée fixe de devenir journaliste TV et celle-ci ne l’avait jamais quittée depuis l’enfance. Le harcèlement sexuel en milieu universitaire et la découverte d’une école de journalisme vont alors conspirer à ce que se réalise son rêve, aux frais de sa mère qui a dû se saigner aux quatre veines. Rien d’étonnant alors à ce qu’elle vénère les "Oestrogènes" ! Orpheline de père et ainsi privée de son idéal masculin depuis ses 15 ans, il est aisé de comprendre son attachement à sa mère, son dévouement à ses propres filles et son sens de la famille. D’ailleurs, le destin s’est servi de la propension à dormir de sa sœur aînée Inès, pour que Carmen rencontre le livre et devienne l’écrivain à succès qu’elle est à présent.
Si le lit dur et plat de l’auteure lui procure régulièrement "L’Orgasme douloureux" des titres accrocheurs pour ses ouvrages, il ne faut pas croire que Carmen a toujours joui de cette qualité. Même si les titres affluent aujourd’hui comme les francs "CFA", les titres vendeurs se refusaient à elle dans la presse écrite. <
Certes, le temps a eu raison de sa volubilité ; mais il n’a point érodé son rire qui illumine sa face en creusant des fossettes sur ses joues et en dévoilant son diastème cerné par ses dents blanches.
Devenue écrivaine féconde, elle use du silence et de l’observation pour engranger beaucoup de matière afin de créer. Autrefois volubile, aujourd’hui taciturne. Qui l’eût cru ? Carmen, taiseuse !
Ainsi, son tournis ne date -t-il pas d’aujourd’hui.
Il y a longtemps que sa vie, à toutes les couleurs, vire. "Le vert, le rouge et le noir", pourquoi choisir, si tout est possible. L’ex-animatrice de "Le Club des gos" sort des cases et est patiente dans l’action. Comme le papillon, la liberté est son leitmotiv. C’est ce qui dans la littérature la fascine. Avec cette dernière, passionnément, l’histoire d’amour s’écrit mais à son commencement, la peur fut. Dans l’ennui, avec Inès endormie dans une maison sans autre compagnie, la solitude nourrissait une peur inconnue chez la petite Fifamè. Mais un jour, un livre sur la table l’invita à la lecture et de la peur, elle guérit. Alors, Émile Zola et Guy de Maupassant devinrent ses amis. Si bien qu’aujourd’hui, Carmen Fifamè Toudonou a pris la plume et s’élève comme ses amis, vers les cimes.
Frédhy-Armel BOCOVO (Coll)
- 6 novembre 2024
- 5 novembre 2024