« Biennale de Ouidah : arts et cultures Vodoun ». C’est le nom de l’événement à la fois cultuel et culturel qui se déroulera dans la cité des Kpassè du 05 au 16 août prochains. Pour cette première édition, les petits plats ont été mis dans les grands par Laboratorio Arts Contemporains, initiateur de ladite Biennale qui se veut être un espace de dialogue autour du Vodoun. Silvana Moï Virchaux et Lilly Houngnihin, qui sont aux commandes de cette organisation révèlent ici la quintessence de cette grande rencontre qui aura pour cadre le palais de Dada Daagbo Hounon Houna II, chef suprême du culte Vodoun.
D’où est partie l’idée de ce festival ?
L’idée de cette biennale est partie de mon séjour en Haïti en 2014-2015. Depuis lors, j’ai fait plusieurs allers-retours entre le Bénin et Haïti. A un moment donné, l’évidence s’est imposée à moi. En réalité, je me suis rendue compte qu’il y avait un travail à faire dans les relations entre Haïti et le Bénin. Du coup, nous avons initié une première rencontre en 2016 avec des personnalités haïtiennes à Ouidah au Bénin. Ensuite, nous avons invité sa majesté Dada Daagbo Hounon Houna II en Haïti avec une délégation de l’Université d’Abomey-Calavi. Après cela, nous nous sommes dit qu’il y avait encore quelque chose à refaire sachant qu’il y a eu déjà un grand événement en 1993 (Ouidah 92) qui a été très marquant pour les sociétés afro descendantes. L’idée est venue de prendre cet axe en créant cette biennale en août pour célébrer l’événement du bois caïman (Haïti, dans la nuit du 14 août 1791, les esclaves initient une cérémonie Vodun qui marque le début de leur révolte) et de prendre comme invité d’honneur Haïti.
Quelle sera la teneur de cette Biennale ?
Les activités tourneront autour de trois axes. Nous avons un axe artistique contemporain toujours lié à la vision que nous avons sur le Vodun. Nous avons aussi l’axe des rencontres scientifiques. Depuis le mois de février dernier, nous travaillons avec un comité scientifique essentiellement béninois qui a identifié des invités à travers le monde pour réfléchir sur toute la problématique du langage, de l’expression de la visibilité du Vodun et de ce que ça véhicule aussi bien à l’intérieur qu’à l’extérieur du pays. Il y a des anthropologues, des archéologues, des historiens, des ethnologues qui participent aux travaux de ce comité scientifique. Enfin, nous avons l’axe cultuel qui est menée par sa majesté Dada Daagbo Hounon Houna II. Tout ceci se passera au sein de son palais, car nous avons souhaité être chez lui. Il nous a fait l’honneur de collaborer étroitement avec lui pour que nous puissions donner une visibilité contemporaine et surtout laisser la porte grande ouverte au monde.
A ce propos, des libations quotidiennes sont prévues dans le programme. Pourquoi ce choix et quel message voulez-vous adresser au public ?
Comme vous avez pu le constater, le programme est large. Les gens sont libres de participer ou non à ces différents rituels. Nous avons la palette large. Si les gens ont envie de s’approcher de ce milieu, c’est déjà un grand pas de venir sur le site pour voir des manifestations contemporaines, des interventions intellectuelles. Après, si des gens ne veulent pas participer, ce n’est pas le but de la Biennale de les convertir au Vodun. Nous autres sommes des personnes ouvertes. Nous trouvons très intéressant au niveau culturel et même au niveau cultuel de faire des passerelles, de révéler des pratiques, de les expliciter.
Combien de pays participent à cette Biennale ?
Nous avons la Suisse, la France, Cuba, Haïti, la Belgique, le Nigéria, l’Italie et bien évidemment le Bénin.
Le 16 août prochain, ce sera la fin de cette Biennale. Y aura-t-il une suite à donner aux manifestations ?
Elle se tiendra tous les deux ans. Le cahier des rencontres scientifiques sera édité annuellement conformément aux normes académiques. Il y aura des rencontres qui continueront à se tenir entre artistes dans les différents pays. Nous allons dans ce cadre continuer à travailler avec les artistes d’art contemporain pour continuer à faire les recherches sur l’inspiration Vodun dans la création. Tout ceci nous permettra de mieux préparer l’édition de 2024.
Moïse DOSSOUMOUN
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