Une foule immense aux concerts et une mobilisation continue aux différents points de manifestation des fidèles Vodun. L’effervescence était à son comble autour des Vodun Days à Ouidah les 09 et janvier 2024. Cette première édition a uni le peuple béninois et réuni ses Afro-descendants autour de leur identité culturelle et cultuelle. Durant les deux jours de célébration, Cotonou, Calavi et les villes environnantes ont été vidées pour Ouidah. En effet la mobilisation était immense, le public a consommé sans modération le menu des festivités concocté pour l’occasion. Tout le monde y a pris part. Le chef de l’État Patrice Talon et une forte colonie de personnalités politiques ont marqué leur présence aux différentes manifestations. De même la légion de la diaspora, les étrangers, les touristes et d’autres curieux de tous les coins du Bénin ne se sont pas fait conter l’histoire.
Les Béninois en parfaite connexion avec leur culture et leur spiritualité
Animations culturelles, processions des fidèles, prières, louanges et bénédiction œcuménique Vodun. C’est le cocktail proposé pour immerger le public dans le panthéon Vodun. À partir du parcours mémorable à travers les 5 couvents aménagés, les béninois ont fait une parfaite reconnexion avec la spiritualité Vodun durant les 5 jours d’animations. Difficile de se frayer un chemin dès l’entrée de Ouidah. Une file se forme sur les accès donnant aux différents sites d’animations. Sur ces sites, les fidèles font des démonstrations pour présenter les spécificités des Vodun dans les différents couvents. Ainsi, l’esplanade du fort français est le premier point qui accueille ses visiteurs. À ce niveau, le public est fasciné par les démonstrations des fidèles du Zangbéto. À la place Maro, c’est Egungun qui tient en haleine les regards. Plus loin, dans la forêt sacrée de Kpassè, les fidèles du Vodun Hounvè offrent leurs plus belles célébrations. Enfin, au couvent éphémère à la plage, le public découvre le Vodun Mami. Toutes ces animations sur les 5 sites réaménagés ont permis aux béninois de se reconnecter au Vodun qu’ils ont longtemps rejeté à cause des clichés. « Je suis fier de ce que j’ai vu au niveau des différents sites lors de ma visite. Je vous assure que c’est pour la première fois que j’ai découvert tout ceci. J’avoue que j’ai été touché et je regrette d’avoir longtemps rejeté ma propre religion », a déclaré Perpétue Dannon.
C’est ainsi que plusieurs ont fait la découverte de la religion de leurs ancêtres. Il s’agit des Vodun Sakpata, Mami, Yaoïtcha, Can Vodun... Ils ont également eu l’occasion de comprendre la religion à travers la thématique "cosmogonie et le panthéon Vodun" présentée par le professeur Mahougnon Kakpo au cours de la cérémonie. Dans la première partie, le spécialiste du Vodun a présenté Dieu comme une énergie absolue qui remplit tout l’univers dotée d’une ardente vibration dont les êtres de basse fréquence vibratoire ne peuvent supporter l’intensité. « Tous les peuples Adja Tado considèrent l’énergie absolue comme l’unique maître du ciel et de la terre, comme cette énergie qui a tout créé alors que rien ne l’a créé, elle connait demain ainsi que tous les instants passés et futurs. Les Yoruba la nomment Olodoumaré ou Olorun. Chez les autres peuples, c’est le terme "Mawu" qui sert à désigner cette énergie absolue. Mawu est l’abréviation de l’expression "Nǔ ye ma hù gan" c’est-à-dire l’insurpassable, l’incommensurable. Olodoumaré ou Mawu est pour les peuples Adja Tado le Dieu unique, créateur de l’univers. Mais il ne leur pas possible d’en avoir une image bien définie compte tenu de son amplitude indescriptible. Comme il ne leur a pas été possible de s’adresser à lui directement, ils durent donc se référer à ses manifestations à travers les éléments de la nature que sont le feu, l’air, l’eau et la terre qu’ils comparent à l’esprit c’est-à-dire le Yè et le Yè de cette énergie absolue qui est semblable au soleil c’est-à-dire le Houé d’où l’expression Yèhoué.
C’est donc ainsi la naissance de l’idée de Yèhoué également appelé Djogbé. Les Batombou du Nord appellent le Goussoumon, Dieu unique. En conséquence, que ce soit Mawu, Olodoumaré ou Goussoumon, nous sommes dans la conception de la transcendance », explique-t-il. Dans une seconde partie, Mahougnon Kakpo a présenté le Vodun comme une religion des peuples Adja Tado. Il est selon lui, l’émanation de l’énergie absolue. « Si le terme Yèhoué signifie l’esprit du soleil, celui de Vodun devient l’esprit sublimé émanant de l’énergie absolue. Chez les Yoruba, le terme pour désigner Vodun est Orisha. Les Batombou du Nord l’appellent Bounou. « Le Vodun dispose d’une cosmogonie, d’un clergé bien organisé et hiérarchisé, de plusieurs obédiences avec des rites spécifiques, de temples et des couvents dédiés, des autels et représentations appropriés », a présenté le communicateur. Il révèle qu’il y a 4 Vodun cardinaux basés sur les éléments de la nature. Il s’agit de "Hebiosso" qui est le Feu, Sakpata relié à l’élément terre, Dan, élément air et Tohossou qui est de l’élément eau.
Tofâ 2024 : Sa Aklan, une année radieuse pour le Bénin
La consultation du To Fâ est la plus grande attraction de cette célébration des Vodun Days. Pour la première fois dans l’histoire du Bénin, elle s’est faite en présence du chef de l’État et son gouvernement, du président de l’Assemblée Nationale, des personnalités politico-administratives et du grand public. Le signe révélé lors de la consultation par le collège de Bokonon est "Sa Aklan", un signe positif pour le pays selon ces derniers. Dans l’interprétation, le professeur Mahougnon Kakpo déclare que « Rien n’attaque un enfant unique devant sa maman ». Il assure alors que le chef de l’État porte le pays et que les difficultés des populations vont bientôt se transformer en opportunités pour le bonheur du pays, qu’elles auront tout ce qu’elles désirent. Il demande au président de la République de prendre part aux diverses cérémonies de Vodun pour l’année. Enfin, le Fâ recommande de faire du bien aux femmes afin d’avoir les bienfaits de la vie. Le collège des Bokonon promet de revenir pour donner l’interprétation en détail du To Fâ ainsi que les rituels qui s’ensuivront.
Deux concerts effervescents
Une foule en extase en parfaite communion avec la symphonie du son et de l’air. Deux spectaculaires concerts au bord de la mer ont tenu en haleine le public au cours de ces deux jours de célébration. Le premier de musique moderne et le second de la musique traditionnelle ont atteint les standards de la mobilisation. Une foule immense s’est réunie sur le site à la place "Porte du Non Retour" de la plage, aménagé pour la circonstance pour assister aux prestations des artistes nationaux et internationaux. Pour le compte de la première soirée de concert qui s’est tenu le 09 janvier, le congolais Koffi Olomidé et la nigériane Yèmi Aladé étaient l’attraction et ils n’ont pas déçu les attentes.
Les deux superstars aux côtés des locaux Teriba, Jababa, Pépé Oléka et du mythique groupe Haïtien Tabou Combo ont déroulé une playlist exceptionnelle de leurs meilleurs tubes qui ont gardé le public en extase au cours d’une longue nuit à laquelle a participé le chef de l’État durant 6 heures d’horloge. Dans la seconde soirée, le public a vécu une After party des Vodun Days avec les sonorités traditionnelles. Les frères Guèdèhounguè, les frères Totin, Ayodélé, Norberka, Noussoï, Wood Sound, Fofo The Wonderman et l’homme orchestre Sagbohan Danialou ont assuré le spectacle jusqu’au petit matin du 11 janvier.
Cérémonie riche en couleurs et en célébrations
La cérémonie a eu lieu dans la soirée de ce 10 janvier en présence du chef de l’État et de plusieurs personnalités. Au cours de ce rassemblement solennel, les fidèles Vodun ont procédé à la procession. Leur passage a démarré par Sakpata suivi du Vodun Yaoïtcha. Viendront ensuite la procession des fidèles du Vodun Mami, du Vodun Dan et du Vodun Hunvè.
Le Vodun Zangbéto Kpakliyawu a fermé la phase de la procession des fidèles Vodun. Le président de la République Patrice Talon aux côtés de son épouse et du président de l’Assemblée nationale Louis Vlavonou, a dégusté les différents tableaux artistiques et culturels, le sourire aux lèvres.
Ange M’poli M’TOAMA
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