Élection au Burundi : Évariste Ndayishimiye élu président

25 mai 2020

Évariste Ndayishimiye, le candidat du pouvoir, est élu président avec 68,72% des voix ce lundi 25 mai, selon les chiffres officiels annoncés à la télévision par la Commission électorale nationale indépendante (Céni). Il succède ainsi à Pierre Nkurunziza. Le principal candidat de l’opposition, Agathon Rwasa, réunit 24,19% des voix.

Le candidat du parti au pouvoir au Burundi, Évariste Ndayishimiye, a été proclamé lundi vainqueur de l’élection présidentielle du 20 mai par la Commission électorale, avec 68,72% des voix.

La Commission électorale nationale indépendante (Céni) doit également annoncer ce lundi les résultats des législatives, après avoir publié ceux des communales. Les chiffres définitifs seront rendus publics le 4 juin.

Le parti au pouvoir, le CNDD-FDD, est donné large vainqueur de ces trois élections selon les résultats partiels des 119 communes du pays publiés depuis jeudi par les médias burundais.

Le général Ndayishimiye, 52 ans, succède ainsi au président Pierre Nkurunziza. Au pouvoir depuis 2005, celui-ci avait décidé de ne pas se représenter pour un quatrième mandat, et l’avait adoubé comme son "héritier".
Le général Ndayishimiye devance très largement le principal candidat de l’opposition, Agathon Rwasa, président du Conseil national pour la liberté (CNL), qui réunit 24,19% des voix. Celui-ci avait déjà par avance qualifié ces résultats de "fantaisistes". Il avait aussi accusé le pouvoir de "tricherie" et de "pure manipulation".
Même si ces élections, maintenues malgré l’épidémie de nouveau coronavirus, se sont globalement déroulées dans le calme, le CNL dénonce depuis mercredi les pressions exercées sur ses assesseurs, dont certains ont été arrêtés, ainsi que des fraudes massives.

"Encourager l’ouverture"
M. Rwasa n’obtient ainsi que 24,6% des voix à Kabezi, une commune de la province du Bujumbura-rural (ouest) qui est pourtant considérée comme l’un de ses fiefs historiques.

Le CNL s’indigne aussi du cas de la commune de Musigati (ouest), où M. Ndayishimiye réunit 99,9% des voix. Le taux de participation y serait de plus de 102%, selon un calcul de l’Agence France-Presse.

De nombreux témoins dans tout le pays et des journalistes burundais ont confirmé à l’AFP la validité de ces accusations, alors qu’aucune mission d’observation de l’ONU ou de l’Union africaine n’avait été autorisée par le gouvernement.

Les analystes s’attendaient à un duel disputé entre le général Ndayishimiye et Agathon Rwasa, qui avait attiré les foules pendant la campagne, émaillée de violences et d’arrestations arbitraires.

Un diplomate en poste au Burundi a émis de forts doutes sur les résultats. "On s’attendait à ce que ça se passe comme ça, personne ne pouvait imaginer une seule seconde que le CNDD-FDD et ses généraux cèderaient ainsi le pouvoir", a-t-il déclaré à l’AFP, sous couvert de l’anonymat.

"S’il n’y a pas de violences, tout le monde se contentera du résultat qui va être annoncé", a-t-il prédit. "On va positiver, en prenant acte du nouveau visage du pouvoir CNDD-FDD (...) afin d’encourager le changement et l’ouverture politique."

La Belgique, l’ancienne puissance coloniale, a déjà montré une volonté d’apaisement en disant voir dans ce processus électoral une opportunité de "renforcer" une relation qui s’est fortement dégradée depuis 2015.
La tutelle de Nkurunziza

Le Burundi est sous le coup de sanctions de ses principaux bailleurs de fonds (UE, Belgique, Allemagne...) depuis la crise politique de 2015, déclenchée par la candidature de M. Nkurunziza à un troisième mandat controversé, et qui a fait au moins 1.200 morts et poussé à l’exode quelque 400.000 Burundais.

Le pays est tenu d’une main de fer par le régime, grâce aux Imbonerakure, la ligue de jeunesse du CNDD-FDD, et au Service national du renseignement (SNR).

Agathon Rwasa a déjà laissé entendre qu’il n’en appellerait pas à la rue pour l’instant et se contenterait d’un recours devant la Cour Constitutionnelle. Sans se faire aucune illusion sur son issue, car il considère cet organe soumis au pouvoir.

Le général Ndayishimiye est considéré comme plus conciliant que M. Nkurunziza. Même si, en tant que secrétaire général du CNDD-FDD depuis 2016, il n’a pas empêché les violations des droits de l’homme.

Reste aussi à voir comment "Neva", son surnom, saura s’émanciper de la tutelle de M. Nkurunziza, qui a été élevé au rang de "guide suprême du patriotisme" en février par l’Assemblée nationale et restera le président du très influent Conseil des sages du parti.

Évariste Ndayishimiye devrait être investi en août, à la fin du mandat de M. Nkurunziza, pour sept ans. Il a promis de faire du rétablissement économique du pays sa priorité.

Le Burundi est en effet classé parmi les trois pays les plus pauvres au monde selon la Banque mondiale, qui estime que 75% de la population vit en-dessous du seuil de pauvreté, contre 65% à l’arrivée au pouvoir de M. Nkurunziza en 2005.
source : t5vmonde



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