En riposte à l’annonce du report sine die de la présidentielle du 25 février par le président Macky Sall, plusieurs candidats de l’opposition avaient appelé au rassemblement ce dimanche 4 février pour démarrer la campagne électorale. Sans succès.
Tout l’après-midi, des militants de l’opposition et de simples citoyens ont tenté de se rassembler près du rond-point Saint-Lazare, sur l’une des artères centrales de Dakar, après l’annonce du report sine die de l’élection présidentielle. En vain. Systématiquement, les gendarmes, déployés par dizaines, ont dispersé les petits groupes à coups de gaz lacrymogènes. Au fil des heures, la tension est montée et des jets de pierre ont répondu aux lacrymos. Des pneus ont été brûlés et chaque fois, les groupes séparés. Ce dimanche soir, le quartier est bouclé par les gendarmes, les rideaux des boutiques tirées et à intervalles réguliers résonnent les tirs de gaz lacrymogènes.
Les candidats et leaders de l’opposition ont échoué à se rendre sur le lieu du rassemblement. Certains ont été bloqués au siège de leur parti, d’autres dans leur voiture. L’ancienne Première ministre Aminata Touré a annoncé avoir été embarquée par les gendarmes dès qu’elle est sortie de son véhicule. Idem pour la candidate Anta Babacar Ngom, interpellée parce qu’elle refusait de quitter le point de rassemblement. Le candidat Serigne Mboup fait état de l’arrestation de quatre membres de son équipe de communication.
Le signal est clair : aucun rassemblement n’est toléré. Il en va de même dans d’autres villes du pays, comme Thiès, Mbour et Louga. L’opposition dit actuellement réfléchir à la façon de se mobiliser dans les prochains jours. « C’est totalement injuste », lance un manifestant. « Ici, il ne nous laisse même plus nous exprimer. On est fatigués, proteste une femme. On veut pouvoir voter et choisir notre président. »
C’est la Constitution qui fixe les échéances électorales et le mandat du président. Il ne peut pas se lever un bon matin pour, sous des prétextes fallacieux, vouloir interrompre le processus électoral.
Après le report du scrutin initialement prévu le 25 février, inédit dans l’histoire du Sénégal, la communauté internationale presse les autorités sénégalaises de fixer une nouvelle date. L’Union européenne estime que ce report sine die ouvre une « période d’incertitude » Bruxelles appelle tous les acteurs à œuvrer, dans un climat apaisé, « à la tenue d’une élection transparente, inclusive et crédible, dans les meilleurs délais et dans le respect de l’État de droit ». Les États-Unis se sont dits pour leur part profondément préoccupés par cette situation et réclament qu’une nouvelle date soit annoncée rapidement.
Source : rfi
- 23 novembre 2024
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