Tentions intercoréennes. : Trois semaines de “guerre des ballons” entre Corée du Nord et Corée du Sud

14 juin 2024

Depuis fin mai, un cycle d’envoi de ballons entre militants Sud-Coréens et Pyongyang est en place. Les militants envoient de la propagande anti-régime de la Corée du Nord, des déchets (environ 2000 ballons). Cette pollution Nord-Coréenne pourrait entrer dans la qualification de conflit de zone grise.
Dimanche 9 juin, des soldats Nord-Coréens travaillant dans la zone démilitarisée (DMZ) ont succinctement franchi la ligne de démarcation. La Corée du Sud a répondu à la provocation par des tirs de sommation puis a réactivé ses haut-parleurs de propagande à la frontière.

L’origine des tensions intercoréennes.
La guerre de Corée (juin 1950 - juillet 1953) résulte sur une frontière inchangée (38e parallèle), et la création d’une DMZ d’environ 4km de large. La Corée du Sud n’ayant jamais signé l’armistice de Panmunjeom, la guerre n’est techniquement pas terminée.
Trois facteurs expliquent cette guerre. Kim Il-sung ambitionnait de réunifier la Corée. L’URSS soutenait la Corée du Nord. Dean Acheson n’avait pas inclus la Corée du Sud dans le périmètre de défense américain du Pacifique (janvier 1950).

Des tensions intercoréennes cycliques.
Au cours de la Guerre Froide, de fortes tensions persistent, malgré la signature de la Déclaration commune Nord-Sud (1972).
L’Accord de réconciliation, de non-agression, d’échanges et de coopération (1991) est un tourant, suivi d’une période de détente par la politique Sud-Coréenne du "Rayon de soleil" (1998-2008).
De 2008 à 2017, la crispation revient, puis s’apaise jusqu’en 2020, notamment sous l’égide de Donald Trump – qui s’est réuni trois fois avec Kim Jong-un en 2018 et 2019.
Depuis 2021, les tensions sont accrues, notamment en raison du retour des essais nucléaires Nord-Coréens.

Quels enjeux aux tensions intercoréennes ?
La Corée du Nord possède un fort pouvoir déstabilisateur. Sa situation géographique et la possession de l’arme nucléaire lui permettraient de secouer l’économie mondiale. Ces tensions participent donc à définir la géostratégie régionale.
Toutefois, il faut noter la rationalité du régime : cette arme nucléaire est une assurance-vie permettant une dissuasion du faible au fort, et non une arme offensive.
En conséquence, son comportement légitime la stratégie Indopacifique des États-Unis et leur présence en Corée du Sud (United States Force Korea, 28500 militaires).
La Chine se doit de ne pas décrédibiliser voire de soutenir le régime fort de la Corée du Nord face aux alliés des États-Unis. Cependant, la présence américaine résultant du comportement Nord-Coréen est une entrave à l’expansion régionale chinoise et un point de friction dans les relations sino-Nord-Coréennes.
Malgré les tensions cycliques, la stratégie nucléaire Nord-Coréenne indique qu’il ne faut pas accorder davantage de crédit à une menace internationale de Pyongyang.



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