Le Bénin célèbre la prochaine fête du Vodun sous un nouveau format. Elle sera désormais sous le vocable ‘‘Vodun Days’’ pendant 2 jours et les manifestations culturelles et cultuelles empreintes de solennité ont lieu les 09 et 10 janvier à Ouidah. Pour expliquer le choix du nouveau format de la célébration de cette fête, du lieu et des autres spécificités de cette édition, le ministre du Tourisme, des Arts et de la Culture, Babalola Jean-Michel Abimbola a échangé avec la presse hier pour éclairer l’opinion.
Le gouvernement a opté révéler le Bénin à travers sa culture authentique, celle du Vodun. Il s’agit d’assumer aux yeux du monde sa réputation de terre du Vodun mais surtout refaire son image d’humanisme, de tolérance et de respect de la nature. C’est ce qui justifie la réforme entreprise pour la célébration de la fête du 10 janvier naguère dédiée au Vodun. Mais il fallait expliquer toutes les subtilités autour de ce nouveau format. C’est ainsi que le ministre du Tourisme, des Arts et de la Culture, Babalola Jean-Michel Abimbola a initié une conférence de presse pour éclairer l’opinion sur le vocable ‘‘Vodun Days’’, justifier l’utilisation de la langue anglaise et expliquer le nombre de jours de célébration, le choix de la ville de Ouidah pour accueillir les manifestions. Il a expliqué le choix du gouvernement qui souhaite labeliser le Vodun à travers cette célébration. Les ‘‘Vodun Days’’ gardent l’authenticité culturelle à travers l’écriture béninoise du terme ‘‘Vodun’’ au lieu du terme franchisé Vaudou mais surtout, ils s’ouvrent au monde avec le terme ‘‘Days’’ qui permet à tous les autres pays et continents de comprendre qu’il s’agit des journées dédiées à la culture et à la spiritualité Vodun. « C’est assumé pleinement, c’est pensé et cela me semble intelligible. La réflexion a été de voir comment allier le désir d’ouvrir nos portes au monde et celui de marquer l’authenticité de notre statut de berceau de ce patrimoine. C’est dans ce cadre que nous avons retenu l’authenticité par l’écriture ‘‘Vodun’’ et l’ouverture au monde avec le terme ‘‘days’’ où nous nous ouvrons à d’autres cultures, à l’universel », a-t-il expliqué.
Quant au choix de la ville de Ouidah, il s’explique par plusieurs contingences historiques et sa réputation de ville historique depuis plusieurs années. C’est à Ouidah en 1992 que la fête du Vodun a été décrétée et rendue officielle quelques années plus tard. Redonner à Ouidah, cette place n’est qu’un choix pour les solennités et pour la labellisation au niveau international. « La ville est connue pour son statut de ville symbole, de réhabilitation de la mémoire des afro-descendants et un instrument de la promotion de la destination Bénin. Je me situe dans un cadre de développement touristique. Quand on va vouloir vendre le Bénin, le nom de label que nous allons présenter, c’est Ouidah. Au Sénégal, on vend Gorée, en Italie, c’est Venise… Dans Ouidah donc, on va avoir la mémoire parce qu’elle a été la porte par laquelle le Bénin a subi le commerce de l’esclavage. Elle a été également la porte par laquelle le Vodun a été exportée à travers le commerce des esclaves et les vestiges de la traite négrière. Par le biais de l’esclavage, le Vodun s’est répandu dans le monde au travers de nombreux cultes et c’est ainsi qu’aujourd’hui, on a le candomblé brésilien, le santeria cubain… », clarifie-t-il avant d’annoncer qu’un deuxième événement dédié au Vodun aura lieu en Août. Il s’agit du festival des arts et cultures Vodun qui se tiendra à Porto-Novo.
Intégralité de la déclaration et des réponses du Ministre du Tourisme, des Arts et de la Culture, Babalola Jean-Michel Abimbola
Nous nous adressons à des béninois de toutes les régions du pays mais également à des africains et au monde. Quand je vais dire vodunzan, il va falloir que j’aille m’expliquer auprès de chacun d’eux. Quand je vais dire Vodunzan, je m’adresse à qui ? Je m’adresse aux seuls béninois alors que ce que je veux, c’est que le monde entier s’intéresse au Vodun, qu’il sache qu’il y a désormais un rendez-vous annuel pour les arts, la culture, la spiritualité Vodun. Il n’y a pas une langue qui n’utilise pas ‘‘days’’. Ce que nous avons fait en mettant le vocable ‘‘days’’ est l’ouverture au monde, pour qu’on sache que c’est un rendez-vous, des journées pour la culture, les arts et la spiritualité Vodun. Si je disais Vodun tout court, cela ne veut pas dire que c’est un rendez-vous annuel alors que quand on dit Vodun days, on comprend que ce sont des rendez-vous. Je m’ouvre donc au monde, je vends, je communique le Vodun, au monde entier avec ‘‘days’’. Mais pour être sûr que nous sommes bien ancrés chez nous, le vodun a été écrit comme on doit l’écrire au Bénin. Il n’est pas écrit ‘‘vodou’’ ou ‘‘vaudou’’ comme en français ou ‘‘voodoo’’ comme en Amérique mais dans l’authenticité de l’écriture au Bénin. Je comprends que n’ayant pas communiqué là-dessus, il y ait eu quelques interrogations légitimes. Je viens donc rectifier le fait que c’est assumé pleinement, c’est pensé et cela me semble intelligible. La réflexion a été de voir comment allier le désir d’ouvrir nos portes au monde et celui de marquer l’authenticité de notre statut de berceau de ce patrimoine. C’est dans ce cadre que nous avons retenu l’authenticité par l’écriture ‘‘Vodun’’ et l’ouverture avec le terme ‘‘days’’ où nous nous ouvrons à d’autres cultures, à l’universel.
Sur le lieu
Vodun days est un nouveau format d’un événement qui s’organise depuis un moment à Ouidah. Initialement, vous vous souvenez la fête du 10 janvier a été rotatoire. Depuis quelques années, nous avons constitutionnalisé cette fête à Ouidah. Le fait que les Vodun Days s’organisent à Ouidah n’est que la suite de ce qui avait déjà été acté dans les faits.
Pourquoi le choix de Ouidah ?
Nous avons choisi Ouidah pour plusieurs raisons. La ville est connue pour son statut de ville symbole, de réhabilitation de la mémoire des afro-descendants et un instrument de la promotion de la destination Bénin. Je me situe dans un cadre de développement touristique. Quand on va vouloir vendre le Bénin, le nom de label que nous allons présenter, c’est Ouidah. Au Sénégal, on vend Gorée, en Italie, c’est Venise… Dans Ouidah donc, on va avoir la mémoire parce qu’elle a été la porte par laquelle le Bénin a subi le commerce de l’esclavage. Elle a été également la porte par laquelle le Vodun a été exportée à travers le commerce des esclaves et les vestiges de la traite négrière. Par le biais de l’esclavage, le Vodun s’est répandu dans le monde au travers de nombreux cultes et c’est ainsi qu’aujourd’hui, on a le candomblé brésilien, le santeria cubain…. Ouidah a donc été une porte de diffusion du Vodun et un lieu où tous les captifs sont venus avec leur Vodun. C’est pour cela qu’aujourd’hui à Ouidah, on a pratiquement tous les types de Vodun. Cet événement vient à Ouidah pour décupler le potentiel touristique de Ouidah et le rayonnement de la destination Bénin. C’est donc un choix technique de mettre à Ouidah le cœur battant pour la destination de notre patrimoine, le Vodun. Nous voulons faire de Ouidah, une cité musée. On a bien évidemment plusieurs composantes qui ne contredisent pas.
D’autres événements sur le Vodun
Au -delà d’avoir une conférence, un atelier, un événement limité sur ces deux jours, nous sommes en train de mettre en place le premier musée international du Vodun. Un musée n’est pas un couvent où on y va avec de quoi faire des sacrifices ou demander des grâces. Un musée, c’est pédagogique et scientifique, on y va pour apprendre, découvrir ce qu’est le Vodun et ce qu’on appelle une religion. Nous allons ériger le temple intellectuel, scientifique, pédagogique sur le Vodun où tous les chercheurs du monde vont venir découvrir et faire des recherches. Aujourd’hui, on va à Strasbourg pour aller visiter un musée du Vodun parce que le plus grand musée sur la thématique se trouve dans cette ville française. Nous avons un comité scientifique qui travaille depuis des années sur le Vodun et nous sommes en train de travailler sur une encyclopédie universelle du Vodun. Donc, la dimension scientifique, pédagogique est au cœur de notre démarche. Il faut savoir qu’à Porto-Novo, au mois d’Août désormais, nous allons avoir un festival des cultures et des arts Vodun remplaçant le Festival International de Porto-Novo. Le Bénin dispose de deux rendez-vous internationaux.
Pourquoi les dates 9 et 10 janvier pour les Vodun Days ?
Le gouvernement ne peut pas changer la date de la fête du Vodun. Elle est déjà institutionnalisée depuis Ouidah 92 et surtout depuis 1997 où le président Mathieu Kérékou a décrété la journée fériée. C’est depuis ce temps que la date du 10 janvier est dédiée au Vodun sur toute l’étendue du territoire national. Les Vodun Days n’arrêtent pas cela. Nous continuons de célébrer le Vodun dans toutes les 77 communes du Bénin mais le lieu pour la solennité, c’est Ouidah. On ne demande pas à l’ensemble des fidèles de convoyer vers Ouidah.
Quel sera le contenu des festivités des Vodun Days ?
Des aménagements spécifiques sont engagés pour créer un événement immersif d’envergure, un parcours dans la cité musée de Ouidah offrira une déambulation autour de 4 places réaménagées. Il s’agit de
la place Maro, l’esplanade du fort français, la place du temple de Pythons et la forêt sacrée de Kpassè. Un couvent éphémère dédié à Vodun Mami sera installé face à la mer. Une scène sur la plage accueillera les artistes béninois et internationaux pour des concerts. Le village des Vodun days proposera les animations et la vente de produits artisanaux. Le public aura également droit à une expérience qualitative avec l’aménagement d’un camping donnant accès à une zone de parking dédié. Les visiteurs peuvent camper sur la plage de Ouidah pour pouvoir vivre de l’intérieur ce que nous sommes en train de préparer. Le public aura également droit à une expérience qualitative avec l’aménagement d’un camping et le clou de l’événement sera le cérémonial qui aura lieu le 10 janvier en présence des hauts dignitaires du Vodun avec une parade rituelle de sortie des couvents des fidèles Vodun.
Pourquoi le gouvernement a pris en charge la consultation du fâ ?
En ce qui concerne la consultation du fâ, n’importe qui normalement ne se lève pas pour dire qu’il veut faire le Tofâ. C’est le roi ou le chef d’un territoire qui décrète cela. Dans un royaume, c’est le roi qui demande la consultation du fâ pour le royaume. En République, c’est le président qui doit le faire. Pendant 17ans, il y a eu le Tofâ et je félicite les initiateurs parce que cela a permis de préserver l’importance et de sauvegarder l’intérêt de cette pratique. Aujourd’hui, nous avons un gouvernement qui souhaite se réapproprier la consultation pour sauvegarder son image. Dans ce cadre, il a été mis en place un collège de Bokonon et je voudrais vous expliquer Bokonon, c’est le code du fâ qui veut dire prêtre du fâ. Le collège est composé de 11 Bokonon et c’est ce collège qui va officier dans la solennité lors du culte le 10 janvier. Nous ne sommes pas pour le cas d’espèce dans une dynamique de représentativité nationale. Nous avons mobilisé des gens qui peuvent nous aider à atteindre un objectif. Quand on fera une approche politique et structurer le vodun national, on le fera.
Que dire de la consultation dans une nouvelle année ?
C’est vrai que certains disent que la date du 10 janvier nous plonge dans une nouvelle année mais rien ne nous dit qu’à cette date on est déjà dans une nouvelle année selon nos grand-parents.
Le message à la nation
Je voudrais un message en disant que le Vodun est un hymne à l’amour, à l’humanisme, à la tolérance et au respect de la nature. Le Vodun aspire à l’épanouissement intégral de l’individu dans toutes ses dimensions. Il s’impose ainsi comme un symbole de la diversité, de la complexité et de l’altérité africaine. Nous avons à nouveau l’occasion d’illustrer notre attachement à la tolérance et à la coexistence religieuse. Du fait que les autres religions prospèrent au Bénin est la preuve de la tolérance du Vodun. La réappropriation de notre patrimoine culturel est le leitmotiv du gouvernement qui ne fait la promotion d’une religion au détriment d’une autre.
Ange M’poli M’TOAMA
- 28 novembre 2024
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