Dassouki Issifou Sidi sur le développement de Parakou : « Il est difficile de porter les problèmes de Parakou vers ceux qui nous gouvernent… »

La rédaction 7 septembre 2022

Le Chef service de la normalisation métrologie-qualité et acteur politique natif de Parakou, Dassouki Issifou Sidi interpelle sur la situation dans la 3ème ville à statut particulier du Bénin. Au détour d’une interview, il a fait quelques observations et des propositions pour son décollage. Le membre fondateur du Bloc Républicain n’a pas manqué de se pencher sur la jeunesse de sa ville natale.

Quatre mois nous séparent des élections législatives au Bénin, comment vous organisez-vous ?
C’est le propre à la vie politique d’un pays notamment lorsqu’on s’approche des échéances surtout d’une élection législative qui est vue comme une élection à mi-mandat et qui va certainement pré-dessiner la carte politique de notre pays. C’est donc en prélude à cela qu’on observe beaucoup de mouvements de part et d’autre que ce soit au niveau des différents blocs qu’au niveau de l’opposition. Ça prouve que nous sommes sur le bon chemin, c’est-à-dire la réforme du système partisan qui va conduire à ce qu’on puisse avoir de grands blocs. Cela ne veut pas dire qu’on n’aura pas d’autres partis. On aura de petits partis mais qui ne vont pas siéger, qui ne vont pas être au niveau décisionnel comme ça se fait aux Etats-Unis. Il y a beaucoup d’autres partis mais on n’en voit que deux. Certainement à la sortie de ces élections, on aura forcément ces deux grands blocs. Ce qui amène les autres partis ou les acteurs politiques à se positionner par rapport à la mouvance ou l’opposition. Voilà un peu pourquoi il y a beaucoup de mouvements et de bruits. Mais pour ce qui nous concerne au niveau du Bloc Républicain notamment dans la huitième circonscription et sa jeunesse, nous nous organisons pour être suffisamment représentés et pour faire changer l’état d’esprit des populations afin d’être en phase avec la vision du chef de l’Etat qui est de faire avancer le développement de notre pays. On voudra donc qu’à la sortie des élections, on puisse avoir des acteurs politiques avec un état d’esprit qui permette d’impacter le développement et contribuer au rayonnement de notre pays à partir de chaque localité que ces élus vont représenter.

Quelle analyse pouvez-vous faire de l’idéologie que le Président Talon véhicule depuis son accession au pouvoir ?
La première chose qu’il faut tirer de la gestion du chef de l’Etat, c’est sa vision. Cette vision se traduit par la volonté de restaurer l’autorité de l’Etat, de faire respecter le Bénin par le monde, d’imprimer une bonne gouvernance de façon pérenne, durable et qui soit de qualité. Et comme lui-même le dit et l’a dit tout récemment, un pays qui a de l’ambition et qui veut être à la place des grandes nations. Aujourd’hui, quand on fait le tour des pays qui se sont développés ou qui sont sur la voie de l’émergence en Afrique comme dans le reste du monde, ils sont passés par de telles phases portées par des hommes qui ont de la vision, de la rigueur au travail et qui s’acharnent à réaliser leurs ambitions et à porter toute une nation vers des horizons dont beaucoup n’ont pas rêvé. Mais avec lui, on comprend qu’on peut aller au-delà de ce qu’on avait l’habitude de faire, on peut rêver de devenir une grande nation dans cinq à dix ans. Et je crois que beaucoup sont en train de comprendre cet état d’esprit, il est vrai que ça été dur et que ça continuera de l’être. Parce qu’il n’y a pas une société qui s’est transformée sans connaître de telles difficultés, de telles contraintes qui nous amènent à mettre de l’ordre dans ce qu’on fait et à regarder dans la même direction.

Certains estiment que le Président de la République a une méthode contraignante, êtes-vous de cet avis ?
En tant que qualiticien, je sais que rien ne se fait sans l’ordre, sans la vision, et sans qu’on ne puisse baliser le chemin qui mène vers le développement. Si on prend l’exemple de ce qui a été fait pour dégager les voies publiques, on ne peut pas rester dans un pays où on peut construire un bâtiment et les escaliers sont au niveau de la voie publique. On ne peut pas continuer à se donner ces largesses. Tout ce qui a été formalisé par les textes de lois doit être respecté. Donc quand quelqu’un vient mettre en pratique ce qui a été légiféré, on ne peut le faire qu’en restant dans ce canevas. Il n’a pas fait autre chose que ce qui est dans les textes. A partir de cet instant on peut considérer sa méthode comme contraignante car on n’avait pas l’habitude d’une telle gouvernance. Je pense que si on amène un ghanéen, un togolais ou un rwandais ici, il n’y verra pas de contrainte parce qu’on ne peut pas être un Etat et ne pas fonctionner avec les textes, dans les exigences que nous nous sommes fixées.

Citez nous trois actions fortes qui ont retenu votre attention dans la gouvernance du président de la République ?
La première et qui est d’actualité c’est l’érection de la zone industrielle. Au-delà de l’infrastructure qui est mise en place, il y a une vision derrière. On ne peut pas continuer éternellement à produire sans apporter de la valeur ajoutée avant que nos matières premières ne sortent de notre pays. Ayant compris cela, il a mis ce qu’il faut, l’infrastructure qu’il faut en terme d’énergie et tout ce qu’il y a comme service public qui va booster l’industrialisation de notre pays. Il a pu réunir ça en un temps record et aujourd’hui c’est en train de prendre corps et quand on écoute un peu les investisseurs, les hommes d’affaires, les hommes politiques des autres nations qui arrivent au Bénin et qui visitent ce site, ils se rendent compte que le Bénin est en train d’être métamorphosé. La deuxième action qui a retenu notre attention et dont tout le monde parle c’est la transformation de notre pays en terme d’infrastructures et quand on veut le voir il suffit de traverser l’aéroport en allant vers le port. C’est-à-dire que quand on quitte Bio Guéra on va vers l’amazone comme s’il reliait le nord au sud. On voit que le Bénin est en transformation et ça beaucoup avaient l’habitude d’aller dans d’autres pays pour aller faire des selfies en vacances. Aujourd’hui le Bénin est attrayant et les gens peuvent rester à Cotonou, se faire ces selfies et voir qu’on peut faire mieux. Quand on traverse cette partie-là, on se rend compte que pendant longtemps nous avons dormi et n’avons pas eu d’ambitions et de la vision pour amener notre pays vers le développement. Je crois qu’il y a mis en miniature la transformation qu’il veut du Bénin et quand on passe par là, on doit pouvoir rêver. Quand les étrangers viennent dans notre pays, ils se rendent compte que le Bénin est en train de se transformer. La troisième action qui pour nous est importante c’est le changement de l’état d’esprit. Aujourd’hui dans la gestion de la chose publique, quand quelqu’un est nommé à un poste il se dit qu’il y a un gendarme derrière lui. Il voit l’autorité du chef de l’Etat, de l’Etat lui-même et ça c’est très important parce qu’on aura beau réaliser tout ce qu’il y a comme infrastructures mais c’est l’état d’esprit qui va permettre de sauvegarder tout ce qui est en train d’être réalisé et surtout de rester dans cette vision pendant 10 à 20 ans et après donc ces années notre pays peut se retrouver dans les grandes nations développées, on peut en rêver. Voilà ce que je retiens fondamentalement pour ne pas aller dans tous les sens parce qu’il y a tellement de réalisations, tellement de projets en cours qu’on ne peut pas étaler mais fondamentalement moi je retiens ces trois éléments.

Il n’y a pas que du bon ou il n’y a pas beaucoup de choses qui restent à faire ? En tant que fils de la partie septentrionale, est-ce que vous avez l’impression que le développement est équilibré. Regardez Parakou est-ce que vous en êtes fiers ?
Il faut avoir le courage et surtout la reconnaissance à notre propre gouverne et dire que quand on a cité les réalisations à travers les villes de Cotonou ou même on peut parler de Bohicon, Abomey et Porto novo que j’ai visitées récemment, il n’y a pas photo. On se pose la question qu’est-ce qui fait qu’il n’y a pas cette transformation de façon harmonieuse sur l’ensemble du territoire national. Quand on parcourt la ville de Parakou, on se rend compte qu’il y a beaucoup d’écart et il est important qu’on regarde dans cette direction et qu’on soulève les problèmes qui sont les nôtres. Il est vrai que ce n’est pas forcément une action solitaire du gouvernement. Ça doit être également porté par les fils de parakou notamment par son conseil qui pour moi, de la première municipalité à celle que nous avons aujourd’hui c’est comme si on n’a plus d’ambitions, c’est comme si on ne parle plus du développement, c’est comme si on ne regarde plus dans la même direction. Et à partir de cet instant, il est difficile de porter les problèmes de la ville vers ceux qui aujourd’hui nous gouvernent, notamment le chef de l’Etat. Il n’y a plus de routes dans la ville de Parakou, il est pratiquement impossible d’y circuler et ça nous interpelle. Je ne veux pas m’en arrêter à Parakou. Aujourd’hui il est difficile de passer du Nigéria pour venir à Parakou car il n’y a plus de voie. C’est la même chose quand on veut aller à Pèrèrè en allant de Parakou par la voie de Sinendé qui a démarré mais dont aujourd’hui les travaux n’avancent pas comme les gens l’auraient souhaité. On reste cependant optimiste que ce deuxième mandat va permettre de rattraper ce retard parce qu’on le veuille ou pas, on constate qu’il y a un retard entre ce qui est réalisé du côté méridional et au niveau septentrional. Il y a des réalisations au nord qu’on peut citer quand on quitte Natitingou pour aller à Boukoumbé sans en faire beaucoup de publicité. Il y a eu de grandes réalisations. C’est une route formidable quand on quitte Kétou jusqu’à Savè aujourd’hui ; ce sont des merveilles qu’on peut citer. Au nord cependant, l’écart est là. Le constat est là on ne peut pas faire un autre discours. Dans les mêmes sillages c’est qu’aujourd’hui quand j’ai cité Glo-djigbé où on va faire pratiquement la transformation de tout ce qu’il y a comme matières premières notamment au niveau agricole on se rend compte que l’industrialisation va se passer beaucoup plus dans cette zone. Il faut créer d’autres pôles de transformation de nos matières premières vers le nord. Il est vrai qu’on a entendu tout récemment que Coteb va reprendre. C’est quelque chose à saluer mais on peut aller au-delà parce que le septentrion reste la zone de grandes productions. Il est bien important qu’on puisse faire de la transformation qui va permettre de créer de la valeur et insérer la jeunesse dans la vie active. Lorsqu’on parle d’industrialisation, il y a le développement des villes qui va avec. Donc il est important que le chef de l’Etat ait ce regard pour qu’on ait un développement équilibré de l’ensemble de notre pays et qu’également nos aînés et l’ensemble de la classe politique du septentrion puissent également regarder et porter les problèmes réels de nos populations que de porter des problèmes de personnes et des problèmes de divisions qui ne permettent pas de porter ce qui est réellement fondamental. Voilà un peu ce que je peux dire en terme de développement équilibré de notre pays pour dire qu’il reste beaucoup à faire du côté septentrional et il reste beaucoup à faire même à Cotonou.

Dans votre développement, je sens que vous indexiez un tout petit peu les populations, les cadres de Parakou, surtout le conseil municipal. Alors que doit-on faire réellement pour attirer les gens de développement vers notre ville ? Qu’est-ce que vous attendez du conseil municipal ?
Ce que nous attendons du conseil municipal déjà c’est qu’on puisse sentir qu’il bouge au minimum et qu’il a de l’ambition avec des projets pour le développement de la ville. Ils pourront nous dire qu’ils sont en train de travailler dans l’ombre mais nous ne sommes plus dans un contexte où l’on travaille dans l’ombre. Nous sommes aujourd’hui dans un contexte où on a l’obligation de rendre compte de ce qu’on est en train de projeter ou de réaliser. Lorsqu’on traverse la ville, c’est comme si nous sommes dans une ville qui n’a plus d’autorité, qui n’a plus de municipalité. Nous sommes dans une ville qui attend tout donc du gouvernement. C’est l’impression que nous avons et c’est ce que la grande partie des populations ressent comme si on n’a plus un conseil municipal, on se demande même si les sessions se tiennent. Il est vrai que de façon statutaire, ça se tient mais quel est le débat qui se mène là-bas pour parler du développement de la ville. Aujourd’hui comment on fait pour faire bénéficier le service public aux populations de la ville de Parakou. Je prends l’exemple du projet ARCH : qu’est-ce qui est dans ce projet et comment on fait bénéficier les populations de la ville de Parakou. Donc on va prendre les différents secteurs où l’Etat est en train d’investir pour voir comment on peut ressentir l’impact de cela au niveau de la ville de Parakou.
Quand on prend aujourd’hui la ville de Parakou, on se rend compte qu’il y a une partie de la jeunesse qui est déscolarisée et qui est en train de tendre vers ce qu’on appelle l’extrémisme pour ne pas dire le banditisme. Qu’est-ce qu’on fait pour résoudre ces problèmes-là ? Aujourd’hui, si on a des jeunes qui rentrent dans des fléaux comme l’alcool, les drogues et autres…est ce que nous avons un processus qui permet de les sortir de ces déviances pour les mettre sur la bonne voie ? Nous n’avons donc pas un conseil qui porte de tels sujets, sur de telles réflexions, on ne le voit pas, on ne le perçoit pas. Le fait que nous sommes à Cotonou ne nous permet pas de le voir et malheureusement lorsque nous descendons et que nous discutons avec nos parents et parfois même avec nos autorités, on se rend compte qu’il y a de l’impuissance et pour moi c’est que si on doit aller aujourd’hui à une élection municipale ou à tout autre élection, il faudra que les hommes et les femmes qui aspirent à ces postes-là n’y soient pas juste pour être maires, députés, conseillers, etc mais ils doivent dire ce qu’ils vont apporter pour transformer la vie des concitoyens , des frères et des sœurs. Qu’est ce j’apporte pour contribuer à leurs besoins. C’est de ça qu’il s’agit. Je répète qu’il y a un grand écart entre le premier conseil municipal et celui d’aujourd’hui. On avait au départ des gens qui bataillaient à l’intérieur même du conseil et avec des destitutions mais quand on regarde il y a eu beaucoup plus de développement qui étaient portés. Aujourd’hui, c’est comme s’il y a une scission car on ne sait pas qui porte en réalité le conseil, quelle est la vision qu’a le conseil et comment le conseil veut faire pour résoudre tous les problèmes que le conseil même traine. Quand je regarde le maire actuel, j’ai pitié de lui parce que je me demande comment il fait pour rester dans un tel conseil et quel résultat d’ici à là il va pouvoir présenter aux populations comme réalisations.

Que dites-vous alors à la jeunesse et que faites-vous personnellement pour changer et renverser la tendance ?
La première chose que je dirai à la jeunesse est de rester dans son contexte et de vivre avec son temps. Je dirai à la jeunesse Parakoise qu’elle a le droit d’être ambitieuse car quand on n’a pas d’ambition, on ne peut pas aller loin, sans ambition on ne peut pas saisir des opportunités. C’est l’ambition qui nous permet de regarder l’environnement qui nous entoure et de saisir les opportunités et cet environnement là aujourd’hui nous montre qu’il y a des métiers qui nous amènent forcément à accepter de nous transformer pour saisir ces opportunités. Je dis également à la jeunesse qu’on ne pas compter sur l’aide. A partir de cet instant, on doit rester dans un état d’esprit et nous dire que nous allons trouver d’autres opportunités par nous-mêmes. Soit on recrute, soit on entreprend. Entreprendre dans plusieurs secteurs notamment tout ce qui est transformations agroalimentaires. J’ai eu la chance depuis pratiquement dix ans de travailler au développement des jeunes entrepreneurs notamment ceux qui sont dans la transformation agroalimentaire et ça me permet de constater qu’il y un grand écart entre la jeunesse qui entreprend au sud et celle qui entreprend au nord. Il y en a aujourd’hui qui sont des champions au nord dont je ne veux pas citer les noms pour leur faire la publicité. C’est pourquoi nous pensons qu’en tant qu’acteurs politiques, nous devons beaucoup plus œuvrer pour saisir tout ce qu’il y a comme opportunité dans notre pays. A chaque fois qu’il y a opportunité, on parle de tout ce que l’Etat est en train de faire pour que les jeunes puissent s’insérer. Lorsque nous avons donc la possibilité d’insérer un ou deux, nous le faisons, lorsque nous avons la possibilité de donner des formations de façon ponctuelle pour redonner toutes les qualifications à des gens qui sont diplômés, nous le faisons. Voilà un peu des actions que nous essayons de mener pour permettre à la jeunesse et à la jeunesse de Parakou de s’insérer dans la vie active ; parce que quelle que soit la politique, si vous n’avez pas cette possibilité d’insérer les fils et filles de votre zone géographique à rentrer dans la vie économique vous n’auriez pas contribué en tant qu’acteur politique vous n’auriez rien faire .

Votre mot de la fin
Je vous remercie en tant que porteur donc de l’ambition de paternité depuis une dizaine d’années avec tous les autres hommes et je ne veux pas citer le directeur et tout le personnel avec qui vous êtes dans le paysage de la ville de Parakou et des étendards également de cette ville ; cette ville doit vous être reconnaissante pour tout ce que vous faites et pour son développement. Je vous remercie.
Transcription : Ange M’poli M’TOAMA



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