Décryptage de l’actualité sociopolitique : Joël Aïvo évoque les chantiers prioritaires du prochain président

Arnaud DOUMANHOUN 22 septembre 2015

Le constitutionnaliste Joël Aïvo a passé en revue hier, sur la chaîne de télévision Canal 3, les acquis et les échecs du régime Yayi. Le professeur de droit public a aussi abordé les chantiers prioritaires pour le développement du Bénin à partir de 2016.

Il s’est prononcé comme à son habitude sur les sujets d’intérêts national et donné sa vision de la politique gouvernementale à mettre en œuvre à partir du 6 avril 2016. Pour le professeur Joël Aïvo, le Bénin est à la croisée des chemins. A un an de la fin du second et dernier mandat constitutionnel du président Boni Yayi, un bilan s’impose pour des projections futures. Il relève des acquis dans la gestion du régime, mais aussi des insatisfactions et conclut que le pays aurait pu aller loin. En effet, Joël Aïvo met, entre autres, à l’actif de Boni Yayi, la continuité et l’intensification des infrastructures routières, le Régime d’assurance maladie universelle (Ramu) qui reste à parfaire, l’amélioration des infrastructures sanitaires et l’équipement des centres hospitaliers. Au plan économique, le professeur a salué l’augmentation du budget général de l’Etat qui est passé de 800 à 1600 milliards, même si les 1600 représentent un budget formel. De même, approuve-t-il les réformes opérées pour assainir les finances, notamment celle du guichet unique pour rendre plus compétitif le Port autonome de Cotonou. Malgré ces quelques performances réalisées par le régime Yayi, le constitutionnaliste avoue être resté sur sa faim quant au progrès général.

Une grosse déception
A en croire Joël Aïvo, la plus grosse déception du régime fut la perte des valeurs. Pour lui, il y a eu, au cours de ces dernières années, une désarticulation de l’Etat. Ainsi, a-t-il noté que le pouvoir a été rongé par la corruption et il y a eu une banalisation des fonctions de l’Etat. Le mérite, l’excellence, l’amour de la partie, le respect du bien public… ont, selon l’invité de Canal 3, déserté le forum. D’où, le vibrant appel du professeur : ‘’Il faut ressusciter les valeurs de citoyenneté. Amener les Béninois à se les réapproprier. Nous devons faire en sorte que l’intérêt du pays ne soit pas seulement confié aux ministres, au président de la République. Chacun doit être un ambassadeur’’. Toujours d’après le professeur Aïvo il faudra tout changer à partir de 2016. Il explique que la machine qui a servi à la gestion de la chose publique jusque-là donne des signes de fatigue et ne peut donc plus produire des résultats. Alors, le constitutionaliste prône : ‘’qu’il faut remettre les Béninois en confiance, semer dans leur esprit, l’espérance et qu’il est possible de faire mieux, d’aller de l’avant, d’aller vers un pays prospère comme c’est le cas du Rwanda’’.

Des chantiers à ouvrir
C’est pourquoi, l’homme évoque quelques chantiers prioritaires à attaquer par le prochain régime pour permettre à ce que désormais, le Bénin soit non seulement citer comme un pays de démocratie, mais également comme un pays propre, bien gouverné, qui retrouve le chemin de la croissance économique. Et pour cela, Joël Aïvo insiste sur la nécessité d’opérer des réformes économiques. Les secteurs de l’énergie, de la sécurité, de la santé, de l’éducation et de l’emploi font partie de ses priorités.

Profil du prochain président
A la question de savoir s’il sera candidat à l’élection présidentielle de 2016, Joël Aïvo répond qu’il est porteur d’idée. Mais, il pense que le prochain président doit remettre les Béninois en confiance. ‘’Il faut qu’il aime le pays et soit capable de mettre en intelligence les talents’’.



Dans la même rubrique