Editorial : Un avocat pour la femme

Moïse DOSSOUMOU 19 octobre 2016

Les femmes Béninoises ne pouvaient pas trouver mieux. Un avocat et pas des moindres s’est constitué pour défendre leur cause. Me Adrien Houngbédji, président de l’Assemblée nationale, enfile sa toge professionnelle et prend fait et cause pour la gent féminine. L’ouverture lundi dernier de la session budgétaire a été l’occasion pour lui de révéler à la face du monde son intérêt pour la promotion de l’égalité des sexes. Défiant les pesanteurs sociologiques, il sonne déjà le glas des résistances en indiquant clairement le chemin à suivre pour que les femmes soient mieux logées dans le sérail politique à l’avenir. Bonne nouvelle pour les associations et creusets de femmes qui s’échinent depuis de nombreuses années pour une meilleure représentativité de la femme dans les instances de prises de décisions.
Chiffres à l’appui, l’avocat de profession, se désole que le Bénin dont le modèle démocratique est envié en Afrique, soit paradoxalement la lanterne rouge en matière de promotion de la femme. La 7ème législature dont il tient les rênes ne compte que 8% de femmes. Alors qu’au Niger, pays frontalier au Bénin, le parlement compte 15% de femmes. Au Togo, elles sont 17,5% à siéger à la Représentation nationale. Un peu plus loin au Sénégal, elles sont 44% et au Rwanda, elles dépassent les hommes avec un pourcentage de 63%. Le Bénin devrait selon la deuxième personnalité de l’Etat rattraper son retard dans ce domaine précis. Sur 83 députés, on ne dénombre que 7 femmes. A Adrien Houngbédji d’ajouter que « cette proportion ne reflète ni leur poids démographique, ni leur poids économique, ni leur fonction sociale, ni leurs qualités intellectuelles ».
Pour que les femmes béninoises occupent davantage de sièges à l’hémicycle, le président de l’Assemblée nationale sollicite le concours de ses pairs pour qu’ensemble, ils engagent des actions d’envergure nationale, sous-régionale et internationale. A cet effet, des fora, des séminaires, des symposiums seront organisés pour qu’à terme « le génie de la classe dirigeante permette de trouver les mécanismes juridiques qui ouvriront largement les portes de l’Assemblée nationale à l’autre moitié de l’humanité ». A écouter Adrien Houngbédji, il est évident que la proposition de loi portant égalité d’accès aux fonctions entre homme et femme ne sera pas examinée au cours de la présente session budgétaire. Reste à savoir si l’appel du président de l’Assemblée nationale sera entendu par ses pairs, sans qui cette loi ne peut être votée.
Adrien Houngbédji sait plus que quiconque qu’il s’intéresse de près à un sujet qui fâche. La promotion de la femme béninoise à des postes élevés de responsabilité n’est pas encore la chose la mieux partagée sous nos cieux. En dépit des efforts d’alphabétisation entrepris par les gouvernants, les pesanteurs sociologiques rigides dans bien de localités constituent un frein à l’émancipation de la gent féminine. C’est une occasion inespérée qui se présente sur un plateau d’or pour les femmes qui devront se battre encore plus que par le passé pour s’offrir une place au soleil. L’Assemblée nationale, par la voix de son président, a montré le chemin. La société civile devrait rentrer dans la danse et mettre à son tour la pression sur les députés afin que dans les meilleurs délais, l’arsenal juridique du Bénin soit renforcé par une loi qui promeut l’égalité d’accès aux fonctions entre homme et femme. Si cela advient, ce serait franchement une révolution, et notre pays prendrait incontestablement un nouveau départ.



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