Entretien avec Emenique Alladatin, Coordonnatrice Atlantique de l’Amicale des Cadres de l’UP : « Aujourd’hui, le développement du Bénin est mieux pensé, planifié et opérationnalisé »

Arnaud DOUMANHOUN, Isac A. YAÏ 23 décembre 2020

Membre fondateur et cadre du Parti Union progressiste (UP), Emenique Alladatin se prête ici, à un exercice de décryptage de actualité socio-économique et politique du Bénin. Elle relève l’intérêt de l’implication des partis politiques dans les options de gouvernance des communes et donne son appréciation de la gestion du pouvoir par Patrice Talon.

Quelle est l’importance d’une amicale dans une formation politique ?
Avec l’avènement du système partisan, il y a eu de grands ensembles. Dans de tels ensembles, c’est toujours intéressant d’avoir des creusets focalisés sur des aspects spécifiques du parti, notamment le développement en général et l’animation de la vie politique de façon spécifique. Notre creuset est une amicale qui réunit des cadres ; chacun concepteur dans son domaine et membre du parti Union Progressiste. C’est une condition sine qua none. Il faut être membre de l’Union Progressiste, avoir un niveau minimum avant de faire partie de l’amicale. L’objectif de l’amicale, c’est de contribuer à un meilleur enracinement de notre parti politique, faire des propositions, des choix techniques en termes d’orientation pour les différents axes stratégiques d’intervention de notre parti.

Quels sont les profils pour intégrer le creuset ?
Il faut d’abord être membre de l’Union Progressiste et apporter les preuves. Le parti dispose d’une base de données, il faut être enregistré dans cette base de données. Après avoir apporté les preuves de membre du parti, il faut avoir un niveau académique minimum de Bac+5. Voilà les deux conditions pour appartenir à cette amicale.

Que faites-vous réellement au sein de ce creuset ?
L’amicale est encore à ses débuts. Mais nous avons des espaces d’échanges et de discussions, notamment chaque dimanche sur des thèmes précis. Puis on essaie de faire un condensé. En termes de développement, surtout au niveau local, nos élus peuvent travailler sur les priorités pour la mise en œuvre efficiente des plans de développements communaux. On mène des discussions sur ces aspects stratégiques. Les rapports sont destinés aux élus locaux. A date nous avons fait le tour de la moitié des communes qui sont dans le département de l’Atlantique. Dès qu’on aura parcouru toutes les communes, on fera le résumé de tout ce qui a été arrêté après les travaux. Tout sera transmis en version numérique et physique aux conseils communaux de chacune des communes du département de l’Atlantique. Nous avons fait récemment l’élection du bureau de la coordination départementale. Donc, actuellement nous avons fini le premier draft de notre plan d’actions pour une année. Et très bientôt, nous allons passer à la validation de ce plan d’actions. C’est ce plan qui sera notre boussole. De façon pragmatique, tous les fruits de nos réflexions seront mis à disposition non seulement de nos élus locaux, mais également aux instances dirigeantes du parti. Également, nous allons faire des propositions pour l’amélioration de la vie au sein du parti à l’endroit du bureau politique. Si, aujourd’hui, nous avons des réponses sanitaires et que nous applaudissons tous, c’est parce qu’il y a eu cette planification. Une bonne planification avant les actions pour qu’on puisse toucher du doigt les résultats. C’est dans cette même logique que nous nous mettons en réunissant nos forces pour la cause du parti. Prit individuellement, chacun monnaie ses connaissances. Donc, nous mettons avec patriotisme cette compétence à disposition de notre parti, et de chacune de nos communes. Aujourd’hui, grâce au système partisan, les forces sont fédérées autour d’un idéal commun.

Finalement, est-ce l’Etat qui gère la commune ou le parti ?
Ne voyons pas les choses de cette matière. Quand il s’agit du développement, de façon objective, tout le monde s’accorde sur un minimum. On sait ce qu’il faut. Les communes ont des plans de développements. Et s’il faille revoir des plans de développements, il y a les cadres qui sont formés pour ce genre de choses. Le parti n’est pas antagoniste au développement des communes. Un parti ne peut pas accompagner un élu à aller dans un sens contraire au développement. Depuis qu’on a installé ces conseils communaux, il y a eu des formations, des renforcements de capacités à l’endroit des élus. Je crois que c’est une bouffée d’oxygène que ce système apporte aux élus communaux. Aujourd’hui, ils ne sont plus laissés à leur sort. C’est un accompagnement que les élus ont tout au long de leur mandat.

Certains de nos élus sont derrière les barreaux. Comment le parti perçoit cette situation ?
En droit, il y a la présomption d’innocence. Et jusqu’à présent, sur ce point, rien n’a été officiel. Nous allons laisser les autorités compétentes s’occuper de cette affaire.

Y a-t-il d’autres documents, autre que le PDC qui concourent à la formation de vos élus ?
Oui il y a d’autres documents mais il faut retenir que toute action dans une commune part du PDC de chaque commune. C’est un travail d’accompagnement de coaching que nous offrons à nos élus. Il n’y a pas de développement sans politique. La finalité de la politique, c’est le développement de la Nation.

En tant que membre de l’amicale des cadres de l’UP, comment voyez-vous la tournée effectuée par le président de la République ?
C’est avec une grande satisfaction que nous avons accueillis cette tournée, parce que, qu’on le veuille ou pas, tout ce qui est gestion pour asseoir une bonne gouvernance, il faut forcément la reddition de compte. Le président a été bien clair dans son message. A chaque étape, il a parlé de reddition de compte. Ce n’est pas donné à tout le monde de faire ce travail. Vous allez voir que, même au niveau des communes, cette reddition de compte est obligatoire et instituée. C’est quand même appréciable d’avoir un président qui, après 5 ans de travail, décide de faire le tour pour faire la reddition de compte comme le veut tout système de bonne gouvernance. Ça montre que le Bénin, en dehors des autres aspects que tout le monde salue, est salué sur le volet reddition de compte. Donc, tous les aspects de la bonne gouvernance sont pris en compte par le Président.

Pourquoi choisir ce format de reddition de compte alors qu’il existe un parlement qui abrite les représentants du peuple ?
Ce que le Président a fait à l’Assemblée Nationale est à l’endroit des parlementaires. Eux, ils contrôlent l’action du gouvernement, n’empêche que le Président en lui-même aille sur le terrain pour discuter avec ses mandants qui lui ont accordé leurs suffrages pour l’élire, et il a pris des engagements vis-à-vis du peuple sur chaque aspect. Il a élaboré son programme d’actions du gouvernement (PAG) avec des axes très clairs, il a fixé ses priorités. Donc c’est le moment pour lui de partir à la base pour dire voilà, en venant, je vous ai dit que je travaillerai sur tel aspect, au bout des cinq ans voilà où j’en suis.

Est-ce qu’une reddition de compte se fait en fin de mandat, selon vous ?
Avec tout ce qu’on a eu comme résultat, vous pensez que le chef de l’Etat allait sortir chaque mois ou chaque trimestre et ne pas se concentrer sur ce qui est prioritaire… ? Je ne pense pas. A la base, le monsieur a mis en place sa stratégie et il a préféré que les résultats parlent à sa place. Donc, il ne voit pas l’importance de faire ça. D’abord, le temps matériel pour gérer tout ce qu’il avait entrepris comme réforme, c’est beaucoup lui demander. Il ne pouvait pas descendre chaque fois pour visiter tout le monde. Il préfère descendre sur le terrain quand le résultat est là. Dans ses propos, il n’a pas tenu de discours de politique politicienne.
Quand il vient dans une commune, il sait exactement là où il en est. Si rien n’est fait, il le reconnait. Il ne prend pas par quatre chemins pour dire qu’il est à tel niveau ou rien n’est encore fait dans telle ou telle commune. Ça montre qu’il connait exactement la réalité de tout le pays. C’est quand même salutaire d’avoir un président qui malgré toutes les contraintes de gestion, maîtrise la vie socioéconomique de chaque contrée. On a senti le changement du Bénin par rapport à tout ce qu’on a vu par le passé. Il a tenu des langages de vérité. Je trouve quand même que c’est un effort qu’il faut saluer.

Qu’est-ce qui vous a marqué pendant ce mandat ?
Ce qui m’a particulièrement marqué, c’est cette manière de penser avant l’action. Dans toutes les actions, toutes les réformes, on sent qu’il y a une étape de planification axée sur la prioritaire avant de passer à l’action. Il n’y a pas eu des actions précipitées. On sent qu’il y a une planification ; la mise en oeuvrte et maintenant la phase de suivi. Quand un développement est bien pensé, le résultat est toujours au bout du compte.
Et non seulement ça, concernant l’aspect éthique, on sent qu’il y a le retour d’une certaine éthique. Aujourd’hui, le béninois a peur de poser certains pas. Le citoyen a maintenant un changement de mentalité, une certaine éthique, et cela nous manquait auparavant. On se demandait est-ce qu’on peut changer le béninois mais avec le président Talon on a senti que c’est bien possible de changer le Béninois. Il suffisait de mettre en place les mécanismes pour contraindre l’homme qui est très difficile à changer à prendre le chemin, de gré ou de force pour ce changement.

Vous parlez de succès, de planification, mais d’aucuns crient à une morosité économique sans précédent sous Patrice Talon. Qu’en dites-vous ?
Est-ce que depuis que le président Talon est là, quelqu’un fait son travail comme cela se doit et n’a pas son pain au bout du compte ? Il faut voir les choses dans les vrais contextes. Est-ce qu’il y a une révision des tranches d’impôts ? C’est non. Ce qu’il y a eu, c’est peut-être des gens qui ne payaient pas les impôts comme cela se devait. On avait un système qui ne permettait pas de faire la traçabilité. Aujourd’hui, on a trouvé le moyen pour qu’ils puissent contribuer à la construction de notre pays. Le commun des béninois pense que quand on parle de projet, programme, c’est la porte ouverte à tout. Ce que le béninois doit internaliser est que quand on parle de programmes ou projets, ce ne sont pas des dons pour la plupart des cas, mais plutôt en majeur partie des prêts à long terme.
Il a des prets par exemple qui sont consentis sur 30 ans, au nom du peuple béninois pour son développement et l’administration étant une continuité chaque régime doit faire face à ces remboursements et mobiliser également des ressources pour faire face à son programme d’action. L’accroissement de la mobilisation des ressources propres c’est le pari qu’a prit le Chef de l’Etat. C’est donc peut-être le système mis en place qui gêne. Mais aujourd’hui, les voies sont accessibles, le temps qu’il faut pour se déplacer, ne se gaspille plus. Et tout ce qui est action de développement rejaillit forcement sur l’économie.

Ceci dit, tout est rose sous Patrice Talon ?
Non, ce n’est pas qu’on fait l’apologie de tout est rose. Quand il y a changement, une évolution, il faut avoir cette honnêteté intellectuelle de le reconnaitre.

Au début, Patrice Talon avait promis faire un mandat unique. Est-ce qu’il va tenir sa promesse ?
Mandat unique, ce n’est pas inscrit dans son PAG. Quand il le disait, c’était en fonction de certaines réformes qu’il envisageait et au moment où il voulait opérationnaliser ces réformes, c’est nous-mêmes, peuple béninois qui n’avions pas voulu que ces réformes aillent au bout.
Donc, si je dois parler des réformes dans lesquelles il n’a pas besoin de l’aval de quelqu’un ou des réformes qui ont reçu l’assentiment positif des parlementaires, on constate les résultats sur le terrain. Je pense objectivement qu’il mérite un second mandat parce que comme on le dit souvent, on ne change pas l’équipe qui gagne.

La présidentielle de 2021 s’annonce. Mais c’est encore le silence radio sur le candidat de l’Union Progressiste. Qu’est ce qui retient les progressistes ?
Voilà aussi un avantage du système partisan. Du moment où le bureau politique ne s’est pas encore prononcé de façon officielle, souffrez que nous autres, membres du parti ne puissions pas nous prononcer sur ce sujet maintenant. Du moment où l’Union Progressiste n’a pas encore statué officiellement sur la question, nous attendons le mot d’ordre.

Quel est l’avantage de la réforme de révision des heures de travail par le gouvernement ?
Si par exemple une femme rentre à la maison à 17 h 30, cela veut dire que le dîner serait prêt 1h30 plus tôt que d’habitude et ça ce n’est qu’un aspect. Ça te donne aussi le temps de bien t’occuper des enfants. Ainsi, la chaleur de la cellule familiale se renforce et quand le noyau familiale est épanoui, ça rejaillit sur la société. On peut donc affirmer aujourd’hui que le développement du Bénin est mieux pensé, mieux planifié et mieux opérationnalisé sur tous les aspects.

Que direz-vous pour conclure ces échanges ?
Patrice Talon mérite un second mandat. Certes, le pouvoir est une continuité. Mais il a beaucoup apporté au développement de cette nation.

Propos recueillis par Isac YAI
Arnaud DOUMANHOUN



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