Annonce de la révision de la Constitution : Composer avec l’opposition, l’exploit attendu de Vlavonou

17 avril 2023

Il l’a dit exprès. Et comme on pouvait s’y attendre, l’annonce n’a pas laissé l’opinion indifférente. Plus encore, les chapelles politiques y ont trouvé de l’intérêt et de la matière. A son investiture jeudi dernier, Louis Vlavonou a voulu retenir l’attention des uns et des autres. C’est donc à dessein qu’il a évoqué une probable révision de la Constitution. Au Bénin, ce sujet suscite la méfiance et déchaîne les passions. La preuve, de toutes les bonnes intentions proclamées solennellement par Louis Vlavonou, seule l’annonce d’une probable révision de la Constitution fait jazzer. Et pour cause !
Dans la nuit du 31 octobre au 1er novembre 2019, la 8ème législature exclusivement composée des partisans du chef de l’Etat a réussi à briser le mythe de la révision de la Constitution en retouchant ce document dont le contenu est resté intact de décembre 1990 aux premières heures du 1er novembre 2019. Pendant 29 ans, cette loi fondamentale a résisté à tous les assauts. Au cours de cette période, ce ne sont pas des envies de révision et surtout les tentatives qui ont manqué. Il y eut 5 essais formels au total. Un sous Mathieu Kérékou, deux sous Boni Yayi et deux avec Patrice Talon. C’est finalement le 6ème qui a abouti en cette nuit du 1er novembre 2019. Au-delà des suspicions et des crises de confiance qui plombaient ce projet, la difficulté de réunir les majorités qualifiées dans un premier temps pour la prise en considération et dans un second temps pour le vote ultime fut la cause des échecs répétés. Mais en 2006, sur initiative parlementaire, le texte a été modifié en allongeant la durée du mandat des députés qui passait de 4 à 5 ans. Mais ce processus n’a pas reçu le quitus de la juridiction constitutionnelle. En effet, la Cour a déclaré cette révision contraire à la Constitution pour défaut de consensus entre les pouvoirs exécutif et législatif. Présidée à l’époque par feue Conceptia Ouinsou, la Cour venait d’ériger le consensus au rang de principe à valeur constitutionnelle.
Depuis novembre 2019 donc, la Constitution béninoise du 11 décembre 1990 subissait ses premiers attouchements. Moins de quatre ans après, Louis Vlavonou qui était le maitre d’orchestre de ladite révision revient à nouveau au-devant de la scène pour évoquer une seconde révision. En seulement quatre années, qu’est-ce qui n’a pas marché pour que le besoin de toucher encore à ce texte fondamental se ressente ? Pour le moment, le président de l’Assemblée nationale n’a pas donné de détails sur les changements à opérer. Il a juste évoqué les motifs. Pour lui, la Constitution doit être retouchée « en vue de son amélioration constante, tout en conservant les fondamentaux, notamment l’option républicaine et démocratique et la limitation à deux (02) du nombre de mandats du président de la République ». Dans cette perspective, Vlavonou espère que ses pairs de la 9ème législature vont « courageusement » se jeter à l’eau « dans un esprit de concertation ».
En faisant ce clin d’œil à l’opposition, la deuxième personnalité de l’Etat est consciente que ce projet ne pourra être mené à bon port si l’opposition n’y adhère pas. S’il faut considérer que tous les députés de la mouvance présidentielle portent l’initiative, il faudra en plus associer leurs collègues de la minorité pour que tout le processus se fasse et aboutisse au parlement. Sans quoi, il faudra aller au référendum. Si Vlavonou a fait cette annonce en une occasion aussi solennelle, il faut croire que ce projet a déjà été mûri et qu’il sera porté à la connaissance des élus du peuple dans les semaines et mois à venir. Du haut du perchoir, l’exploit qu’il sera appelé à réaliser sera de convaincre les députés de l’opposition à voter pour ce projet qui a toujours fait grincer des dents.



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