Présidentielle de 2016 : Qui gagnera la bataille de Cotonou ?

Angelo DOSSOUMOU 3 février 2016

Tous les candidats à la présidentielle de 2016 l’ont à l’esprit. Une victoire ou le passage au second tour au soir du 28 février prochain sera synonyme, en grande partie, d’un nombre impressionnant de suffrages obtenus à Cotonou. Mais, d’ores et déjà, pour cette ardue bataille électorale dans la capitale économique, quatre candidats peuvent légitimement prétendre à l’honneur d’être le présidentiable arrivé en tête à Cotonou. Dans tous les cas, à trois semaines du prochain scrutin, le contexte sociopolitique permet d’affirmer que le sacre honorifique à Cotonou ne peut échapper au candidat de la coalition Fcbe-Prd-Rb, Lionel Zinsou, aux hommes d’affaires Patrice Talon et Sébastien Ajavon ou au chantre de la Nouvelle conscience, Pascal Irénée Koupaki.

Les forces en présence
Toutefois, ces quatre grosses pointures logées dans le starting-block de la présidentielle du 28 février ne partent pas avec les mêmes atouts. D’ailleurs, au regard des résultats des dernières élections législatives et communales à Cotonou comprenant les 15ème et 16ème circonscriptions électorales, il est possible de s’essayer à un décryptage des chances de chacun de ces quatre candidats. En effet, si au cours des dernières élections législatives, l’Union fait la nation (Un) a damé le pion à la Renaissance du Bénin (Rb) et aux Forces cauris pour un Bénin émergent (Fcbe) dans la 16ème circonscription électorale avec trois sièges contre un pour chacun de ses challengers, il est à reconnaître que quelques mois plus tard, la Rb a pris sa revanche sur l’Un et est parvenue à conserver le contrôle de l’hôtel de ville.
Dans la 15ème circonscription électorale, le Prd règne presque sans partage. A part le parti RésoAtao qui a réussi au cours des législatives à arracher un siège et à tirer son épingle du jeu lors des communales, le parti arc-en-ciel dicte sa loi de l’autre côté du pont de la capitale économique du Bénin. Et quand on sait que les différentes forces en présence sont des acteurs clés de la prochaine présidentielle, il va sans dire que les quatre candidats qui se dégagent pour le graal à Cotonou ont des arguments à faire valoir.

Zinsou en conquérant

D’abord, plébiscité par les Fcbe, le Prd et la Rb, le premier ministre Lionel Zinsou part avec les faveurs des pronostics dans la bataille de Cotonou. Car, avec le Prd en terrain conquis dans la 15ème circonscription électorale et la Rb requinquée dans la 16ème, le candidat de l’alliance Fcbe ne peut rêver mieux comme soutiens pour s’en sortir aisément. Cependant, il ne faut pas vendre la peau de l’ours avant de l’avoir tué. La réticence ou l’adhésion de la base au choix de leurs leaders politiques sera un déterminant important du prochain scrutin, et les soutiens à Lionel Zinsou savent à quoi s’en tenir.

Talon à fond à Cotonou

Avec le soutien de trois des neuf députés élus à Cotonou, Patrice Talon aborde, avec confiance, la bataille de Cotonou. De plus, la capitale économique, au vu des résultats des précédentes élections, passe comme une ville acquise à la cause de l’opposition. Or, Talon symbolise aujourd’hui la rupture. Pour beaucoup d’électeurs à Cotonou, il passe pour le plus farouche des opposants au régime Boni Yayi et pour cela, sa candidature peut entraîner des sympathies insoupçonnées et surtout peser lourd au décompte final.

Le phénomène Ajavon

De son côté, Sébastien Ajavon surfe sur son aura du moment, sa cote de popularité qui ne cesse de grandir et sur le soutien du lobby des opérateurs économiques et de certaines personnalités politiques à la base pour gagner, pêle-mêle, des voix à Cotonou. Il est vrai qu’il est actuellement difficile de mesurer l’impact du phénomène Ajavon à Cotonou. Mais, c’est une candidature capable et qui a les moyens de bousculer la hiérarchie préétablie dans la capitale économique.

Pik pour les indécis

Quant à Pascal Irénée Koupaki, il force, de par ses compétences et sa façon d’être, l’admiration des jeunes et des intellectuels qui font une bonne partie de l’électorat de Cotonou. Dans cette bataille pour le titre honorifique du candidat arrivé en tête dans la capitale économique du Bénin, il peut, s’il arrive à séduire les électeurs indécis être la grosse surprise au soir du 28 février prochain. C’est dire que même s’il n’a pas de soutiens politiques très en vue à Cotonou, le candidat symbole de la reconversion morale n’ira pas en victime expiatoire à la quête du sacre à Cotonou.

Les déterminants du vote
En définitive, pour aller à la conquête de l’électorat de Cotonou, il faut se donner des armes convaincantes. Cette ville a déjà montré qu’elle peut punir la Rb lors des législatives et lui donner par la suite la mairie. Mais, entre-temps, beaucoup de choses ont changé. D’abord, l’Un qui a arraché trois sièges lors des législatives n’a pas réussi à avoir un candidat unique. Conséquence, Alternative citoyenne de Me Joseph Djogbénou et Restaurer l’espoir de Candide Azannaï ont repris leur autonomie. Aussi, Marcel de Souza, le seul élu Fcbe à Cotonou est candidat et pourrait, s’il travaille sérieusement, gripper un tant soit peu, la machine cauri. De l’autre côté, Atao Hinnouho, seul intrus entre les élus Prd dans la 15ème circonscription électorale est candidat. Mais, reste à voir si avec la présidentielle, il pourra garder l’électorat qui lui a permis de conserver son siège à Cotonou.
La grosse inconnue de la présidentielle de 2016 à Cotonou, c’est les conséquences que pourrait engendrer dans les urnes, l’alliance des Fcbe avec le Prd et la Rb autour du candidat Zinsou. Car, fait nouveau et inquiétant pour cette coalition, l’opposition de l’ancien président Nicéphore Soglo et de l’ancienne première dame, Rosine Soglo à cette candidature dans une ville où ils sont très écoutés dans cette ville et où le parti qu’ils ont porté sur les fonts baptismaux a longtemps régné. Or, pour reprendre la mairie de Cotonou devant la menace Azannaï et la déroute des législatives, Léhady Soglo a dû avoir recours à son père. Autant de déterminants avec lesquels, Zinsou, Talon, Ajavon et Koupaki doivent compter pour la victoire à Cotonou. A eux de se jeter à l’eau.



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