Vague de démissions et d’adhésions dans les partis politiques : Les velléités freinées par la réforme du système partisan

Angelo DOSSOUMOU 23 juillet 2021

Il était dit que c’était l’antidote le plus efficace. La panacée pour mettre fin à la pléthore de clubs électoraux, à la transhumance, à la caporalisation des partis par des individus et à une gouvernance maximale au sein des formations politiques. Mais hélas ! Depuis quelques semaines, un vent de démissions et de ralliements souffle au sein des chapelles politiques que d’aucuns auraient cru que la réforme du système partisan avec tous les réglages et contraintes tellement vantés n’avait jamais existé. Pourtant jusqu’ici, la barrière des 10% de suffrages avant de décrocher un siège aux élections et en bonne place dans le code électoral continue d’être l’épouvantail parfait pour décourager les initiatives individuelles et trop subjectifs. De même, il n’y a plus de possibilité d’alliances pour aller aux élections. Visiblement, tous ces garde-fous du régime de la Rupture contenus dans lesdites réformes et qui visaient à faire obligation aux acteurs politiques de constituer de grands ensembles fondés sur une idéologie n’ont pas longtemps résisté aux velléités égocentriques.
En effet, à l’épreuve du temps et des intérêts, la solidité du système partisan est éprouvée. Et c’est peu dire car, dès lors que l’objectif visé n’a pas été totalement atteint, il y a de quoi que des questions se posent. Déjà, malgré l’horizon obscurci aux initiatives personnelles de création de parti politique seulement relié à un fief par les barrières des 10% et l’interdiction des alliances pour prendre part aux élections, les velléités de création n’ont pas cessé. A défaut, c’est à une transhumance d’un parti de la mouvance présidentielle à un autre que l’opinion publique assiste ces derniers jours.

A la recherche d’un nouveau souffle !
Ainsi, et sans doute, en prélude aux élections législatives de 2023 où la guerre de positionnement fait toujours son effet, ça bouge tellement dans les couloirs des partis de l’Union progressiste, du Bloc Républicain, de Moële-Bénin. Pas plus tard qu’au cours de cette dernière semaine, le parti de Jacques Ayadji a fait beaucoup parler de lui pas à cause des positions sur la gouvernance du pays mais plutôt à propos des démissions et des ralliements. Pour ce qui est du Br, pendant des jours, c’était devenu carrément un refrain pour mieux montrer qu’en quittant cette barque politique, on pouvait toujours avoir sa place au soleil. Même l’Up, qui continue d’être le plus grand parti sous la Rupture n’a pas échappé au vent qui souffle actuellement au sein des partis politiques avec le très récent départ d’un maire pour le camp adverse.
En somme, le changement de textes pour mieux formater le comportement des acteurs politiques n’a pas encore eu la réussite totale escomptée. A vrai dire, à ce rythme, si rien n’est fait pour davantage faire obligation aux politiciens de mettre le parti au-dessus de leurs intérêts, ce ne serait pas une surprise d’assister au retour à un paysage politique plus ou moins émietté. Du moins, pas à celui auquel le législateur avait pensé en votant entre 2018 et 2019, les lois N°2019-43 portant Code électoral et 2018-23 portant Charte des partis politiques. Alors, il ne servira à rien de se voiler la face et ne pas poser le diagnostic qui s’impose. Ce qui est sûr, pour une animation plus judicieuse de la vie politique et surtout l’éthique en politique, il serait suicidaire de ne pas aller à un réajustement de la réforme du système partisan. Et là encore, heureusement qu’elle freine des velléités.



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