Agroécologie : A Sèmè, des maraîchers rêvent grand pour Tounvi

Fulbert ADJIMEHOSSOU 17 décembre 2020

Petite de taille, grande de potentialités, la variété locale de tomates Tounvi gagne du terrain sur le littoral béninois. A Sèmè Okoun, certains producteurs comme ceux de la coopérative des maraîchers professionnels Chaînes des valeurs en font une conviction.

Le long de la côte, entre Cotonou et Porto-Novo, tout est à sec. L’ harmattan pointe son nez et déshydrate l’écosystème. Mais cela ne freine pas pour autant les ardeurs des maraîchers situés sur la plage de Sèmè. « Comme vous le voyez, nous sommes en train de faire une culture de contre saison, la tomate. Il faut de l’eau. Et on ne se lasse pas d’en apporter », rassure Raimi Adeyèmi, maraîcher depuis 47 ans. Et c’est avec plaisir que notre guide de l’instant, Président de la Coopérative des maraichers professionnels Chaînes des Valeurs, nous fait découvrir les sites de tomates.
Ici, l’on se bat pour porter loin la variété locale, Tounvi. « C’est une variété authentique au Dahomey. Facile à produire. Mais nous la perdons progressivement au profit des espèces exotiques. C’est pour cette raison que nous avons décidé de la faire valoir. Il y a de fortes potentialités nutritionnelles que beaucoup méconnaissent. En plus, nous ne faisons que l’agroécologie. Les produits de synthèse sont interdits chez nous. Nous faisons recours à l’huile de neem et au compost. La santé avant tout », confie-t-il.
Aux membres de la coopérative, Raimi Adeyemi n’aligne pas deux phrases sans redonner du goût au travail.
Sur les sites parcourus entre la cocoteraie de l’Institut National de Recherche agricole du Bénin (INRAB) et la côte, la conviction est pareille. « C’est un combat et nous allons gagner à coup sûr. Du fait de sa qualité, sa couleur et sa saveur, les consommateurs sont dans le besoin. Nous en sommes conscients. C’est à nous de réduire l’importation de ces tomates dont nous ignorons les modes de production et leurs conséquences sanitaires. Il sera question de répondre aux besoins du marché, et nous en faisons un défi », souligne Olympe Anani Amey, Secrétaire Général de la Coopérative.

Produire, mais aussi transformer !
Cette coopérative a été mise en place en 2012 dans le cadre du Projet Green par Partners for Development (PfD), une ONG de droit américain en activité au Bénin pour le développement des filières agricoles à l’exportation. Ingénieur Agronome, Expert en maraichage, Wilfried Yehouessi connaît bien cette coopérative qu’il considère comme un Success story de l’approche mise en œuvre dans le temps. Aujourd’hui, manager du Centre de Valorisation des Denrées Locales (Cevadel-Bénin), il défend l’idée de booster Tounvi au-delà des frontières. Aux côtés de ces producteurs, il nourrit de grandes visions. « La vision, elle est très grande. Et c’est important de travailler avec les acteurs locaux. On connaît champagne parce que les gens ont travaillé à cela. On peut faire de Tounvi notre label. Aujourd’hui, avec la mise en bouteille que nous faisons, nous donnons des raisons aux gens de croire qu’il est possible de consommer Tounvi, produits sans pesticides pour s’assurer une parfaite santé », insiste-t-il.
Avec une production de plus de 70.000 tonnes de tomates par an, le Bénin n’arrive pas à tirer assez de devises de l’or rouge. La production de tomates y est caractérisée par une courte période de surproduction et une longue période de pénurie au cours de laquelle le marché est plus occupé par les variétés étrangères. L’évaluation sensorielle a révélé que la variété locale Tounvi se distinguait des variétés améliorées par sa couleur rouge et sa texture pas ferme. Ce que préfèrent les consommateurs, selon certaines études de marché. Il ne reste qu’à la produire en quantité et avec sureté. Les producteurs de Sèmè Okoun croient fort que les fruits tiendront la promesse de l’engagement. Quelques parcelles de Tounvi en donnent déjà l’assurance.



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