Atmosphère fiévreuse à Jonquet : Un soir dans la routine du quartier général de la dérive

23 janvier 2023

Situé derrière le quartier Zongo dans le 5ème arrondissement de Cotonou, Jonquet est réputé pour son atmosphère vivace même aux heures indues. Ces habitants et usagers se livrent à des activités clandestines.

20h 20 minutes. Les rues restent animées, les usagers trainent les pas, d’autres tirent une cigarette en groupuscule dans une ruelle. Les cafétérias, bars et dancing clubs situés le long des différentes artères sont bondés. Entre jour et nuit, le faubourg de Jonquet grouille de monde. A cette heure, l’on retrouve des groupes de filles assises ou debout, elles sont alignées le long de la devanture de ces lieux. Quelques mètres plus loin, le scénario est identique avec quelques badauds qui sont captivés par un match de football qui se joue à la télé. Ils sont tous regroupés devant le Bar ‘’Mix-Club’’, très concentrés à suivre un match de coupe du monde.

Un quartier sous électrifié…
Le quartier est frappé d’une sous électrification et abrite des auberges et bars qui sombrent dans un noir permanent. Les habitants de ce quartier de Cotonou, profitent et se livrent à diverses activités clandestines. ‘’Z’’, un revendeur de stupéfiants, cheveux locksés sur la tête, le pavillon droit orné d’un piercing, une certaine assurance. La vingtaine, l’homme à la peau basanée discute allègrement avec ses compères, cigarette aux lèvres. Un jeune homme, la taille moyenne casquette sur la tête d’un pas hésitant finit par s’approcher de la bande. ‘’Z’’ se décale du groupe, il aborde le jeune homme, une conversation s’engage entre les deux dans un langage de rue. ’’Z’’ lui lance ces mots « Yo mec tu veux quoi ? », le jeune homme jette partiellement un regard fuyant de gauche à droite avant de répondre « Tu as de la cam ? », demande-t-il. Son interlocuteur répond « 500, le sachet », sans sourciller. En un laps de temps, le vendeur troque sa marchandise contre un billet de 500f. Il saisit l’occasion pour promouvoir ses produits auprès de son client. « J’ai aussi de la laoud, du collorado », s’exclame-t-il avant de conclure « je peux te faire un bon prix ». Le client fait alors un sourire satisfait et se fond dans l’obscurité. 23heures et les noctambules sont encore sur pied sillonnant les ruelles sombres de cette caserne en effervescence permanante. Des groupuscules de filles épars font une sorte de patrouille. Habillées pour la plupart en shorty et haut, elles mettent en valeur leurs atouts. Ces filles de joie communément appelées "Ashayo" vêtues sans pudeur attendent des clients. Evidemment, qui parle de Joncquet, fait penser immédiatement aux travailleuses de sexe. Parmi la flopée de filles qui fument et rient à gorge déployée, se trouve une nymphe. Cette perle habillée comme ses paires dégage une certaine aura. Teint noir, 1,70m, corps de mannequin, la jeune femme a un piercing au nez. Ses Tresses dépassant légèrement son épaule sont ornées de perles. Annabelle, puisqu’il s’agit d’elle, est alors interpellée par un homme, la quarantaine habillé d’un long boubou blanc.

Le va et vient des clients…
Après une courte conversation, Anabelle et son visiteur entrent dans une maison close et en ressortent environ dix minutes après. Immédiatement dans la foulée, un autre jeune homme vêtu d’une chemise et d’un jean, casquette sur la tête, le tout sur des baskets aborde la demoiselle. "Salut beauté !" lance l’homme à la carrure imposante. L’intéressée répond sourire aux lèvres et s’approche plus près de son interlocuteur. Jouant avec ses tresses, elle converse avec l’homme. "Tu veux bais*r, Un coup fait 2k, mon chéri". "Et toute la nuit ?" réplique l’homme. "La nuit entière te coûtera 15k" dit-elle en clignant les yeux. Cette conversation qui n’a duré que cinq minutes s’achève sur une prise de contact. L’homme disparaît après avoir tapé sur les fesses de la catin. Un peu partout dans Jonquet, des scènes de ce genre se produisent. Elles confèrent ainsi au quartier une réputation particulière. Un faubourg effervescent noyé entre dérives et vices de tous genres. Voilà l’image de Joncquet !
Maël Lerroux BELOU & Huguette HONTONGNON (Coll)



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