Bénin : Les Zémidjan, "rois du transport" routier à Cotonou

22 septembre 2023

Ce mardi 19 septembre 2023 à 19h 30mn, le trafic est dense devant le Stade de l’Amitié Général Mathieu Kérékou de Cotonou. Des klaxons retentissent pour réclamer le passage ou pour amener l’usager qui est devant à avancer. La longue file de véhicules bouge à peine. Le ronflement des moteurs fait observer un nuage de fumée. Des motocyclistes impatients, se faufilent entre les voitures pour vite évoluer. Dans ce tohu-bohu, certains motocyclistes se font démarquer par leurs chemises jaunes frappée d’un numéro. Ce sont les conducteurs de Taxis-motos. Communément appelés Zémidjan ou Zem et signifiant littéralement « emmène-moi vite » en langue locale Fon, ils facilitent le déplacement des Béninois et aussi des étrangers qui séjournent au pays. « Nous les Zémidjan, nous sommes très importants au Bénin parce que nous assurons la circulation des personnes et des biens », affirme fièrement Gérard, un Zémidjan. A peine regagné la circulation, d’un coup de frein, il s’arrête devant une dame qui l’appelle d’un geste de main. « Bonsoir kèkènon. Je vais à Calavi kpota », dit-elle d’un air pressé. « ça fait 800 f », lance le conducteur de taxi-moto. « Koï, je donne 500 f », marchande la cliente. Le marché conclu, elle monte sur la moto et disparait dans la masse.
Les Zémidjan à Cotonou assurent non seulement le déplacement des personnes, mais permettent d’aller vite. « Les matins, à cause des embouteillages, je préfère prendre le Zem. Car, en voiture, je serai en retard au service », lance Lucien, employé dans une maison d’assurance de la place.
Connaissant la ville comme le fond de leur poche et étant très peu coûteux, les Zémidjans se voient dans toutes les rues de Cotonou. Il suffit de leur donner le nom de la destination et de s’entendre sur le prix et ils vous y amènent. « les zem me sont indispensables pour aller au marché tous les jours, et surtout ils sont moins chers », affirme Nadine Akalogoun, une commerçante au marché Dantokpa.
Considéré comme l’une des conséquences du chômage, le Zémidjan est pour la plupart un métier de subsistance. « Je suis un diplômé de l’université d’Abomey- Calavi. Mais à cause du chômage, je suis obligé de faire du Zémidjan pour subvenir aux besoins de ma famille », avoue Carlos, un Zémidjan rencontré sur la place. Ainsi, pour joindre les deux bouts, plusieurs fonctionnaires ayant perdu leur emploi, ont dû devenir Zémidjan. À cela s’ajoute le phénomène de l’exode rural massif de jeunes à la quête d’un mieux-être dans les zones urbaines. C’est le cas de Richard qui nous confie. « Il y a de cela deux ans, j’ai dû quitter mon village au nord pour faire du zem à Cotonou, à cause de la baisse des rendements agricoles ».
Des milliers de personnes se déplacent chaque jour grâce à ces rois du transport urbain qui sont malheureusement le plus souvent à la base de plusieurs accidents de circulation à Cotonou.
Emanuela DASSIGA (Stag)



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