Bénin : Pauline Atchouké, pionnière de l’hévéa dans l’Ouémé

Karim O. ANONRIN 17 mai 2023

Pauline Atchouké est une jeune mère de famille qui expérimente la culture de l’hévéa dans la Commune d’Avrankou et plus précisément dans l’Arrondissement de Djomon. Après son diplôme obtenu au Lycée technique agricole d’Adja-Ouèrè dans le département du Plateau, elle part en immersion dans une plantation d’hévéa en Côte d’Ivoire, premier producteur de caoutchouc en Afrique avec 550.000 hectares de plantations en 2019 contrairement au Bénin qui est à ses débuts dans cette filière. Pauline Atchouké y est allée pour apprendre à faire la saignée du latex de l’hévéa. Ceci, grâce à l’appui financier de son père François Atchouké, lui-même exploitant agricole et par l’entremise d’un spécialiste en culture d’hévéa au Bénin en l’occurrence André Godonou. En Côte d’Ivoire, elle a mis son séjour à profit parce qu’elle a été impressionnée par ce qui se passe dans ce pays. De retour au Bénin après un an, Pauline Atchouké a commencé l’exploitation d’un terrain de moins de deux hectares à Avrankou et qui appartient à son père en y mettant des plants d’hévéa. Selon elle, de ce qu’elle a appris en Côte d’Ivoire, après 5 ou 6 ans de mise en terre des plants d’hévéa, la saignée peut commencer. « L’hévéa est arbre pouvant atteindre plus de 30 m de hauteur pour une circonférence de 1 m. On récolte son latex par saignée qu’on transforme en caoutchouc pour la fabrication de plusieurs produits comme les pneus de véhicules et même d’avions ou d’autres produits en caoutchouc... », a expliqué Pauline Atchouké. Toujours selon elle, la culture de l’hévéa dans son champ a été un travail de longue haleine qui a demandé beaucoup de patience parce qu’il fallait adapter cette culture au sol béninois. Autrement dit, Pauline Atchouké n’a pas encore commencé à récolter du latex d’hévéa après 6 ans, mais elle rassure que cela ne saurait tarder. « Quand nous avions commencé en 2017, nous utilisions des fientes de volailles et de porcins pour fertiliser le sol. Nous plantons aussi de l’ananas sous les arbres d’hévéa pour rendre le sol fertile. Néanmoins, je dois préciser que dès que les arbres seront plus grands, la culture de l’ananas sous les hévéas ne sera plus possible parce que leurs branches empêcheront le soleil de toucher les plants d’ananas… », a précisé Pauline Atchouké.

Son rêve pour le Bénin
S’il y a un rêve que nourrit Pauline Atchouké, c’est de voir le Bénin devenir un grand producteur d’hévéa à l’instar de la Côte d’Ivoire. Mais pour y arriver, elle estime qu’il faudra un regard bienveillant des pouvoirs publics sur ce secteur. « J’ai passé pratiquement une année en Côte d’Ivoire et je peux vous rassurer que nous pouvons aussi devenir au Bénin un pays producteur d’hévéa avec ce que nous avons commencé. Nous sommes dans une phase expérimentale et nous comptons beaucoup sur les autorités politico-administratives en charge de l’agriculture. Il existe d’autres plantations plus grandes que la mienne au Bénin », a dit Pauline Atchouké. Parlant toujours de ses rêves, Pauline Atchouké, souhaite que le Bénin dispose d’une usine de transformation de l’hévéa pour faciliter l’écoulement des produits. « Aujourd’hui, si rien n’est fait, nous n’aurons d’autre choix que d’exporter nos produits vers la Côte d’Ivoire dès que nous allons commencer la saignée de l’hévéa chez nous », a précisé Pauline Atchouké

Des soutiens en connexion avec la Côte d’Ivoire
Pauline Atchouké n’arriverait pas à cultiver aujourd’hui l’hévéa sans le soutien de son géniteur, François Atouché, lui-même exploitant agricole. « Tout a commencé il y a quelques années quand ma fille Pauline a décidé d’apprendre l’agriculture. Je l’ai donc envoyé à l’Ecole technique agricole d’Adja-Ouèrè. Après sa formation, elle a commencé par s’intéresser à l’agriculture et surtout à l’élevage du poisson. Mais entre temps, j’ai aidé beaucoup d’amis à acquérir des terres dans le département du Plateau et chaque fois que quelqu’un m’approche pour les terres, j’ai constaté que c’est pour faire l’hévéa. Voilà comment j’ai soutenu ma fille Pauline Atchouké quand elle a décidé de s’intéresser à l’hévéa. Mon souhait est que d’autres exploitants agricoles s’intéressent à l’hévéa… », a dit François Atchouké. Pour André Godonou, grâce à qui Pauline Atchouké a pu effectuer son voyage de formation en Côte d’Ivoire, le secteur de la culture hévéa a de beaux jours devant lui au Bénin. Aussi, a-t-il rassuré que les autorités béninoises en charge de l’agriculture sont bien informées de ce qui se passe dans ce secteur. Il a même confié que des jeunes continuent d’aller se faire former en Côte d’Ivoire et certains y séjournent même actuellement.



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