Cadrage macroéconomique : Pour la maîtrise du développement soutenu

Isac A. YAÏ 14 novembre 2014

Appolinaire Houénou, Directeur général des affaires économiques

Défini comme une traduction chiffrée des orientations stratégiques de développement d’un pays, le cadrage macroéconomique détermine un sentier de croissance soutenable pour une économie. Lors d’un atelier de formation des journalistes en analyse de l’information économique et financière organisé par la Direction générale des affaires économiques (Dgea) du 20 au 24 octobre dernier, Appolinaire Houénou, Directeur de cette structure sous-tutelle du ministère de l’économie et des finances a expliqué l’importance du cadrage économique pour un pays. A l’en croire, le cadrage économique exprime la volonté des pouvoirs publics dans les divers secteurs de développement tels que : la santé, l’éducation, l’hydraulique villageoise, l’électrification rurale, l’infrastructure, l’alphabétisation, le développement rural, la microfinance, l’aménagement du territoire… Ainsi, le cadrage permet d’apprécier l’impact des actions des pouvoirs publics sur l’activité économique.
« Le point de départ de l’élaboration d’un cadrage économique est la connaissance approfondie des visions et des objectifs des autorités politico-administratives. Un cadrage est un chiffrage ou une évaluation financière de la matrice des actions retenues dans le plan de développement d’un pays. Le plan élaboré peut être triennal, quinquennal ou décennal,… Une fois le cadrage bouclé, la détermination du besoin de financement de l’économie se fera automatiquement par un simple calcul arithmétique. L’élaboration d’un cadrage est donc intimement liée à celle des projections macroéconomiques. D’où l’importance de la maîtrise des techniques de prévision », a expliqué Appolinaire Houénou.

Les techniques de prévision
A en croire le Directeur général des affaires économiques, il existe plusieurs techniques de prévision que l’on peut structurer en deux catégories à savoir : les méthodes rudimentaires ou simples et les méthodes sophistiquées.

Les méthodes rudimentaires de prévision
Dans son exposé, il a donné toutes les méthodes possibles constituant cette rubrique de prévision. Entre autres, il a cité :
•La Méthode naïve : Elle consiste à maintenir les variables au niveau de l’année précédente ou des années précédentes
•La Méthode intuitive : Elle consiste à ajuster les variables par rapport au niveau de l’année précédente en utilisant l’intuition économique
•La Méthode tendancielle : Elle consiste à projeter les variables sur la tendance des années précédentes
•La Méthode comptable : Elle consiste à projeter les variables à partir des relations ou des identités comptables.
A ces méthodes rudimentaires de prévision, s’ajoutent celles sophistiquées.

Les Méthodes sophistiquées de prévision
A ce niveau, il y a aussi plusieurs méthodes
•Les Méthodes des Séries temporelles : Le temps ou les variables retardées sont les variables indépendantes du modèle.
•Exemple : Méthode classique, Moyennes mobiles, Méthode de Mayer, Méthode de Box Jenkins, Méthodes Arma, Sarma, Arima, Sarima,…..
•La Méthode économétrique : Elle consiste à faire une régression linéaire ou multiple par la méthode des Mco / Mcg
•La Méthode économétrique avancée : Elle consiste à faire recours aux modèles Ecm, Vecm, Var Standard, Svar,….
* La Méthode de simulation économétrique avancée : Elle consiste à faire des régressions à plusieurs variables en équilibre général

Le choix de la méthode de projection
Selon le Directeur des affaires économiques (Dgea), une projection n’est qu’une extrapolation des tendances en cours ou une traduction des orientations stratégiques du gouvernement. L’instabilité croissante des comportements économiques accentuée par les effets de la globalisation, altère profondément la probabilité de réalisation des scénarios décrits par des projections macroéconomiques.
Ainsi, il conseille d’être prudent dans le choix. « Le choix de la méthode doit, en principe, être guidé par : la disponibilité et la qualité des données, le temps disponible pour établir la projection, la robustesse de la méthode et enfin, la fréquence à laquelle la projection est révisée », a-t-il indiqué.

Règles d’or des projections macro
Selon le Dgea, pour réussir une projection macroéconomique, il faut suivre un certain nombre de principes : le réalisme, la parfaite connaissance des relations entre les comptes, la cohérence et la bonne connaissance de l’économie.

Relations entre les comptes économiques
Pour Appolinaire Houénou, la description d’une économie (passé, présent et futur) se fait au moyen des quatre comptes macroéconomiques que sont : le tableau des opérations financières de l’Etat (Tofe), la balance des paiements, les comptes nationaux et la situation monétaire. « Sur le passé, ces comptes permettent de procéder à un diagnostic de l’économie et de détecter les incohérences et dysfonctionnements éventuels. En outre, ils permettent de mesurer l’impact des actions des pouvoirs publics sur l’économie. Sur le présent, ils permettent d’élaborer le tableau de bord de l’économie et d’anticiper sur les problèmes de liquidité et de solvabilité qui pourraient se poser au niveau de l’Etat. Ils permettent également, d’analyser la conjoncture dans les divers secteurs d’activités de l’économie. Et enfin sur le futur, le cadrage permet d’avoir un chiffrage des ambitions de développement des autorités. Il permet également d’anticiper les problèmes et de prévoir des mesures correctrices. Enfin, le cadrage permet d’apprécier la sensibilité des indicateurs macroéconomiques face aux chocs exogènes et de détecter les incohérences dans les choix des instruments de politique économique.

Le solde budgétaire
A en croire Appolinaire Houenou, le solde budgétaire est un indicateur qui permet de déterminer la situation financière de l’État. Ainsi, si les recettes de l’État sont supérieures à ses dépenses alors, le solde ressort positif. Le budget de l’État est en excèdent. Par contre, si le solde est négatif, un besoin de financement se dégage pour cet exercice budgétaire. L’Etat se trouve en situation de faire recours au marché financier pour emprunter. Les emprunts antérieurs de l’Etat exigent le paiement non seulement des charges d’intérêts mais aussi des remboursements du capital (amortissements). En cas de déficit budgétaire, les amortissements viennent aggraver le besoin de financement global de l’Etat.
Alors, la maîtrise du cadrage économique est nécessaire pour canaliser la gouvernance économique d’un pays.



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