Baisse du rendement du maïs et du riz au cours de la campagne agricole 2023-2024
Ces dernières semaines ont été particulièrement marquées par une hausse drastique du prix des produits vivriers. Cette situation rend le panier de la ménagère inconfortable et les marchandes crient à la mévente.
Il est 15 heures. Nous sommes au marché de Tokpa dans la commune d’Abomey-Calavi. L’ambiance chaleureuse réservée d’ordinaire par les vendeuses a laissé place à des débats houleux autour du prix élevé des produits vivriers. Désormais, le maïs coûte entre 350 et 400 Fcfa, le gari 400 Fcfa et le haricot 900 Fcfa. Devant les étalages, les prix de ces produits repoussent les clients. « Le maïs est devenu cher, parce que les consommateurs de ce produit vivrier représentent plus de la moitié de la population béninoise. Personne n’ose acheter le haricot à cause de sa cherté. Pour le riz, n’en parlons plus. Même le gari n’est plus à la portée de tous les Béninois. On va où avec cela ? », se plaint Franck, un client. D’après des sources bien renseignées, au marché de Bohicon, c’est la même réalité. Le maïs est à 350 Fcfa, le gari varie de 250 à 350 Fcfa selon la qualité, le haricot est à 850 Fcfa. Cela semble insupportable pour les familles nombreuses. « D’abord, il faut prendre taxi-moto pour venir au marché, donner le petit déjeuner aux enfants, leur payer la scolarité et les fournitures scolaires. On en était là quand on exige que chacun ait son casque. A cause du casque, nos clients ne sont plus en mesure de venir acheter chez nous. A cela s’ajoute la cherté du maïs. J’ai une pensée pour ceux qui ont beaucoup d’enfants », confie Dame Colette qui sera appuyée par Hossou, conducteur de taxi-moto qui déclare : « Avant, l’on pouvait dépenser 1000 Fcfa pour les emplettes, lorsqu’on a plusieurs enfants. Ce n’est plus le cas aujourd’hui, parce que les prix des produits ont augmenté.
Dans son analyse, Dame Colette pense que les hommes ne fournissent plus assez d’efforts pour ramener le pain à la maison. « Avant, c’étaient les hommes qui payaient les impôts, et les femmes sont au repos. Mais aujourd’hui, c’est l’inverse…Nous prions le gouvernement de prendre des mesures pour soulager nos peines », lance-t-elle. Cependant, cette flambée des prix des produits vivriers à une explication. En effet, le bilan de la campagne agricole 2023-2024 n’est pas des plus reluisant et ceci, pour plusieurs raisons.
Campagne agricole 2023-2024 : Baisse du rendement du maïs et du riz
Ainsi, malgré un bon rendement de la production céréalière, au cours de la campagne 2023-2024, la culture du maïs et du riz a enregistré une baisse remarquable. C’est ce qu’il faut retenir des résultats de la Campagne agricole publiés par la Direction de la Statistique Agricole. Selon les données, cette campagne a été caractérisée par une importante production de céréales évaluée à 2 737 481 tonnes contre une moyenne sur les cinq dernières années de 2 219 312 tonnes et une production de 2 297 373 tonnes en 2022. Cette production est plus consécutive à l’augmentation des superficies, qu’aux rendements qui ont globalement baissé au niveau de toutes les cultures céréalières. La production du maïs évaluée à 2 059 254 tonnes contre 1 619 605 tonnes en 2022 soit un accroissement de 27,1% par rapport à 2022 a été déterminante dans la croissance observée au niveau de la production céréalière. La précocité dans le démarrage de la petite saison avec un mois d’août quasiment pluvieux, a entrainé une importante augmentation des superficies emblavées pour les cultures de maïs. La production du maïs a représenté plus de 75% de la production céréalière.
Aussi, la hausse constatée au niveau des prix de certains facteurs de production, les difficultés d’accès aux engrais par les producteurs ont-elles eu un effet négatif sur les rendements obtenus. Le rendement de maïs obtenu au cours de cette campagne a été le plus faible depuis 2018. Le rendement moyen du maïs de 2018 à 2022 est de 1 209 Kg par hectare. Au cours de cette campagne, le rendement obtenu est de 992 kg par hectare. Celui du riz a connu les mêmes tendances et est resté en dessous de la moyenne de 2018 à 2022.
En ce qui concerne le riz, deuxième plus importante production céréalière (18%), il a été noté une baisse de -6,2% par rapport à l’année dernière. Pour la campagne agricole 2023-2024, la production du riz a été évaluée à 492 626 tonnes contre 525 014 tonnes au cours de la dernière campagne. Toutefois, cette production est restée au-delà de la moyenne des cinq dernières campagnes qui est de 454 946 tonnes.
Les productions de sorgho, de petit mil qui sont évaluées respectivement à 150 465 tonnes et 34 229 tonnes ont connu une amélioration par rapport à la dernière campagne. Par contre, la production de fonio a enregistré une baisse considérable au cours de cette campagne.
Selon les données de la Dsa, le bilan céréalier peut être considéré comme un réduit du bilan alimentaire qui est une identité comptable entre les disponibilités alimentaires et leurs utilisations. En effet, ce bilan se définit comme une photographie de la composition des approvisionnements et des utilisations alimentaires d’un pays durant une période de référence. Il indique pour chaque produit (primaire ou transformé), les sources d’approvisionnement et leurs utilisations. Conséquence de l’augmentation de la bonne production du maïs, on note un excédent brut de production de céréales sèches (maïs, sorgho, mil) de 733 309 tonnes et un déficit de production de riz de 27 176 tonnes. Au total, l’excédent brut de production céréalière est évalué à 628 672 tonnes en 2023 contre 285 196 tonnes en 2022. La disponibilité apparente par habibant par an est de 247 kg contre 209 Kg pour le bilan passé. Cette baisse du rendement pourrait être à l’origine de la cherté du prix du maïs sur le marché.
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