Coopération économique et commerciale : L’axe Cotonou-Abuja sous de bons auspices

Les relations commerciales entre le Bénin et le Nigeria sont au beau fixe. Les 11 et 12 Septembre 2023, le Directeur Général des Douanes du Bénin, Alain Hinkati a effectué une visite de travail au Nigéria. Ceci, suite à la visite effectuée en République du Bénin du Contrôleur Général des Douanes du Nigéria, Bashir Adewalé Adeniyi. Objectif, poursuivre les travaux entamés à Cotonou depuis le 24 Juillet 2023 en vue de renforcer l’engagement commun en faveur de la facilitation des échanges, la promotion du développement économique et le maintien des liens étroits entre les deux pays. Au cours des travaux, les débats se sont focalisés sur les relations commerciales et le transit entre les deux pays. Des solutions aux préoccupations relatives aux procédures opérationnelles ont été trouvées. Comme l’a évoqué le Président Bola Ahmed Tinubu, à l’occasion de la fête de l’indépendance au Bénin, « Le Bénin et le Nigéria sont comme des frères siamois unis par des liens indissolubles. Nous devons reconnaître que nous avons besoin l’un de l’autre. Nous sommes dans une boucle et personne ne devrait nous séparer...Je viens de nommer quelqu’un qui travaillera avec vous en tant que contrôleur général des douanes, Adewale Bashir Adeniyi, et il sera disponible pour notre intérêt commun ». Quelques mois après, les vœux des deux chefs d’Etats se concrétisent à grands pas. Les 11 et 12 Septembre 2023 au Nigéria, les deux délégations dans une cordiale ambiance ont adopté plusieurs mesures hardies qui inaugurent ainsi une nouvelle ère dans les relations entre les deux pays et matérialisent une étape importante dans la réalisation des objectifs communs.

Une nouvelle ère dans les relations entre les deux pays
A l’issue des deux jours d’activités, les deux parties ont rendu publiques les résolutions prises. Il s’agit du développement d’un cadre de dédouanement des marchandises à destination du Nigéria au port de Cotonou et vice versa ; de l’harmonisation des listes de produits interdits par les deux pays ; du meilleur respect des lignes directrices sur le transit international pour régir les marchandises et les frais de transit du Bénin vers le Nigéria ; de l’accélération de l’intégration du Nigéria dans le système interconnecté de gestion des marchandises en transit (SIGMAT) ; de l’examen par les deux administrations du processus de délivrance du laissez-passer et de paiement des garanties sur les véhicules ; de la promotion de bonnes relations avec les populations frontalières, le professionnalisme et la conformité fiscale ; de la relance des cadres consultatifs des unités douanières frontalières avec la participation active du secteur privé et la réactivation de la commission mixte de suivi des relations commerciales et de transit ; du développement des infrastructures de soutien à la facilitation des échanges ; et de la mise en œuvre dans les meilleurs délais de la recommandation des douanes du Bénin relative à l’ouverture des unités douanières encore fermées du côté du Nigéria.

Des mesures hardies et bénéfiques à l’économie
Les résolutions issues de ces travaux traduisent la volonté des deux administrations douanières de rendre possible la volonté des Présidents Patrice Talon et Bola Ahmed TINUBU. Les deux chefs d’Etats sont engagés à redonner un nouveau souffle aux relations entre les deux nations. Et ce qui est remarquable, c’est que les administrations douanières des deux pays ont voulu aller au-delà des relations classiques pour mieux tirer profit du potentiel entre les deux pays en apportant plus de facilité et de synergie. En analysant l’ensemble des mesures, on peut s’attarder sur quelques-unes.
D’abord, celle relative au nouveau guichet de dédouanement des marchandises à destination du Nigéria au port de Cotonou et vice versa. Cette mesure qui verra installer dans les deux pays des bureaux des douanes, est une première dans l’histoire des relations entre les deux pays. Elle facilite le rapprochement et va permettre à chaque service d’être plus performant dans l’accomplissement de sa mission. Au niveau gouvernemental, cette mesure va permettre d’éliminer les contradictions et les répétitions dans les différentes politiques, ce qui aura pour effet d’accroître l’efficacité des politiques. Du point de vue des ressources, la nouvelle mesure qui vise une gestion coordonnée des frontières peut ouvrir la voie à des économies d’échelle grâce au développement de systèmes informatiques communs, aux formations et à la mise en commun des ressources.
Lesdits bureaux doivent être installés impérativement dans les meilleurs délais. Courant Septembre 2023, un comité technique sera mis en place pour élaborer une feuille de route.
Une autre mesure importante concerne l’harmonisation des listes des produits interdits par les deux pays. A ce niveau, il importe de comprendre que ces mesures de restriction et de prohibition visent à protéger la santé publique, à défendre l’ordre, à assurer la sécurité et la moralité publique, à sauvegarder le patrimoine culturel et environnemental dans les deux pays. Les deux administrations doivent donc dans les plus brefs délais travailler ensemble en vue d’harmoniser les listes des produits prohibés.
Sur la question de l’amélioration des lignes directrices sur le transit international pour régir les marchandises et les frais de transit du Bénin vers le Nigéria, il urge que le Bénin travaille à la révision des frais de transit sur les marchandises à destination du Nigéria et que le grand voisin de l’Est rationalise le nombre de points de contrôle et les activités des acteurs non étatiques le long des corridors Bénino-Nigérians. Ce qui facilitera le transit.
Le Nigéria a été aussi invité à accélérer son intégration au Système Interconnecté de Gestion des Marchandises en Transit (SIGMAT) qui regroupe déjà les administrations des douanes du Bénin, du Burkina-Faso, de la Côte d’Ivoire, du Ghana, de la Guinée, du Mali, du Niger, du Sénégal et du Togo.
Au cours des travaux, les deux administrations ont aussi réexaminé le processus de délivrance du laissez-passer et de paiement des garanties sur les véhicules. Sur cette question, en attendant la réévaluation et la révision de ce processus, les deux parties se sont entendues sur la mise en œuvre de mesures de facilitation au niveau local.
La promotion de bonnes relations avec les populations frontalières, le professionnalisme et la conformité fiscale a été aussi l’un des sujets évoqués au cours des travaux. Des échanges, il ressort que les deux administrations organisent des séances de sensibilisation à l’endroit des populations frontalières sur le respect des obligations fiscales et devront insister aussi sur la lutte contre la criminalité transfrontalière.
Les administrations douanières Nigériane et Béninoise ont aussi décidé de relancer dans les tout prochains mois le cadre consultatif des unités douanières centrales et frontalières avec la participation active du secteur privé et sur la facilitation des échanges. Des patrouilles conjointes seront organisées à cet effet. Des points focaux seront désignés dans les tout prochains jours pour la gestion des plaintes relatives aux barrières non tarifaires.
Il a été par ailleurs décidé de la création de nouveaux postes frontaliers douaniers avec des niveaux de compétences d’installations qui puissent faciliter de meilleures interventions. Cela vise un rapprochement des unités douanières. Une étude conjointe incluant un audit des infrastructures des postes existants sera faite en vue de les rendre opérationnels.
Enfin, les douanes béninoises recommandent de façon spéciale l’ouverture dans les meilleurs délais des unités douanières encore fermées du côté du Nigéria. Il faut préciser que toutes ces mesures visent à renforcer la coopération, la facilitation des échanges et la promotion de la croissance économique. Un agenda précis d’opérationnalisation a été élaboré pour un suivi rigoureux dans la mise en œuvre des différentes mesures. Les relations entre le Bénin et le Nigéria se redynamisent désormais plus que jamais. Les deux pays sont unis par des liens indissolubles grâce à une coopération douanière forte et agissante.