Dr. Moutiatou Tidjani Toukourou, Responsable de la pharmacie de l’Abattoir : Une femme aux aptitudes hors du commun

Patrice SOKEGBE 3 juillet 2015

A travers ses acquis et son entreprise, le Dr. Moutiatou Tidjani Toukourou, Pharmacien titulaire et propriétaire de la Pharmacie de l’Abattoir à Cotonou, Présidente du Conseil National de l’Ordre des Pharmaciens du Bénin, etc…, s’est, durant toute sa carrière, mise au service de la population béninoise et africaine, et la défend valablement. Découverte d’une dame polyvalente.

Les femmes compétentes, il en existe également sous nos cieux. Et Dr. Moutiatou Tidjani Toukourou en est une. Docteur en Pharmacie, elle s’est donnée la vocation d’apporter une réponse aux problèmes sociaux et sanitaires des populations de Cotonou. D’où son idée de créer la ‘’Pharmacie de l’Abattoir’’ située à Akpakpa Pk6. Titulaire de la Pharmacie de l’Abattoir à Cotonou, elle a été successivement membre du Conseil National de l’Ordre des Pharmaciens du Bénin, Vice Présidente de la Conférence Internationale des Ordres de Pharmaciens Francophones (Ciopf), Présidente de l’Ong Pharmaction-Bénin, Membre du Conseil d’administration de l’Abms/Psi Bénin, Membre du Conseil d’Administration du Réseau Médicaments et Développement (Remed-Paris), Membre du groupe des facilitateurs du Programme National de Lutte contre le Paludisme, Présidente de l’Inter-Ordre des Professionnels de Santé du Bénin (Iops-Bénin), Présidente de la Plateforme du Secteur Sanitaire Privé du Bénin (Pssp-Bénin) et actuellement Présidente du Conseil national de l’ordre des Pharmaciens du Bénin. Ouverte au dialogue, elle a su cultiver l’honnêteté, la justice et le travail bien fait.
Au sein de sa pharmacie règne une ambiance bien détendue. Le simple accueil guérit en partie le patient qui vient prendre des médicaments. Tout client qui sort de cette pharmacie doit avoir le sourire aux lèvres ou un visage rayonnant de joie et de satisfaction. Tout ceci grâce au leadership et au management du Dr. Moutiatou Tidjiani Toukourou qui a imprimé son rythme et son savoir-faire à ses employés qui l’honorent convenablement. Pour preuve, le meilleur agent de l’année 2014 a été décoré et sa photo est accrochée au mur dans la pharmacie. « C’est tout un parcours au niveau de l’année. Il s’agit de la formation continue des agents, chacun d’eux a des objectifs à atteindre. Donc, on les évalue par rapport à ces objectifs. Il y a d’ailleurs un challenge entre eux et ils travaillent en équipe. Le résultat de l’un est l’outil de travail de l’autre. Ils sont donc obligés de se parler…Le meilleur agent de l’année est toujours primé. Il suffit qu’il désire quelque chose et on le lui offre ». Une preuve que Dr Moutiatou Toukourou met en confiance tous ses employés pour la prospérité de sa structure. Ceci vient du fait que la Pharmacie de l’Abattoir fait partie des rares pharmacies certifiées Iso 9001 Version 2008 sur le territoire béninois

Une tête bien faite
Née en 1955 à Porto-Novo, Dr. Moutiatou Tidjani Toukourou est mariée et mère de trois enfants dont une fille et deux garçons. Ainée de sa famille, elle a pris la mesure des tâches qui l’attendent. Ainsi, après son baccalauréat Série D à Porto-Novo en 1975, elle a démarré les études supérieures en Chimie-Biologie-Géologie (Cbg-Médecine). « En ce temps, on ne savait pas vraiment quoi faire. Il n’y avait pas d’informations comme aujourd’hui. La plupart allaient soit en Sciences économiques, en Droit ou en Cbg ». Elle n’avait donc pas le choix que d’embrasser cette filière, car il y avait de monde en Sciences économiques. A l’époque, la révolution battait son plein. Beaucoup de gens étaient contraints de s’exiler, au risque de subir la ‘’foudre’’ du Prpb. Dr. Moutiatou avait en son temps un oncle en France à qui elle a envoyé ses dossiers pour son inscription dans une Université en pharmacie ou en médecine. Compte tenu du retard connu par le dossier, elle a dû commencer par la Physique-Chimie à Toulouse. « Il faut avouer que je ne me sentais pas bien dans cette filière. J’ai donc continué par postuler dans d’autres universités à travers toute la France, et c’est finalement la faculté de Pharmacie de Montpellier qui m’a acceptée. De là, j’ai commencé effectivement les études en Pharmacie », a-t-elle confié. Au terme de sa formation, elle sort Docteur d’Etat en Pharmacie en 1982 à Montpellier avec une mention Honorable. Et pour consolider ses acquis, elle décroche en 2011 le diplôme d’Auditeur qualité Certifié Irca. A cela s’ajoutent d’autres formations complémentaires en gestion officinale, comptabilité, management d’une équipe de travail, management de la qualité, et les techniques de la direction.

Activités extra professionnelles
En dehors des riches expériences capitalisées dans le domaine de la pharmacie, Moutiatou Tidjani Toukourou est également de 1989 à ce jour, membre de l’Association des femmes d’affaires commerçants et chefs d’entreprises du Bénin (Afaceb). Selon elle, il s’agit d’une association qui œuvre pour le renforcement des capacités des femmes dans plusieurs domaines pour promouvoir l’entrepreneuriat féminin au Bénin. « L’Afaceb a aussi initié une structure de microfinance pour aider les femmes à revenu modeste dans leurs activités », révèle-t-elle. En 1998, elle a été Vice-présidente du présidium du Forum national de mobilisation de la société civile contre la corruption (Fonac). A l’en croire, le Fonac a mobilisé du 26 au 28 mars 1998, à l’Hôtel Plm Alédjo, plus de 250 participants. « En dehors des différences sociales, ces participants ont réaffirmé que la corruption est une infirmité qui ne permet ni de produire le développement ni de le recevoir. Au bout des 3 jours, ce forum a décidé de confier la création du Fonac aux membres du présidium sous la forme d’une association régie par la loi du 1er juillet 1901 portant statut général des associations », a-t-elle souligné. De 2000 à ce jour, elle est restée Vice-présidente du Groupe de réflexion ‘’Espace libérale’’.

De la fonction publique à l’entrepreneuriat !
De retour de Montpellier, Dr. Moutiatou est admise à la fonction publique. Elle a servi à la Direction des pharmacies pendant 3 ans. « On était presque sans salaire. On nous donnait 50 000 Fcfa comme avance sur salaire ; je me suis dit que je ne peux pas m’en sortir avec un tel salaire… », ajoute-t-elle. A l’époque, les monopoles disparaissaient progressivement et le gouvernement a créé plus d’ouverture à d’autres secteurs. Sentant un climat des affaires plus détendu, elle a dû démissionner pour créer une pharmacie à PK6. « Ce n’était pas facile d’obtenir l’autorisation autrefois dénommée ‘’Dépôt moderne’’ de Pharmacie. Il fallait accepter ouvrir son entreprise dans des zones rurales avant d’obtenir cette autorisation. Ce n’est qu’après que j’ai introduit de nouveau une autre demande pour avoir une autorisation en bonne et due forme », confie-t-elle. De toutes les façons, le sacrifice a porté ses fruits, et Dr. Moutiatou jouit de son initiative. « Je suis très satisfaite, parce que c’est un métier où tu es au contact des populations. Les gens ont confiance en vous. Ils viennent vous parler de leurs problèmes en dehors de la santé. On se sent plus utile à sa nation, à sa population », souligne-t-elle.
A l’époque où Dr. Moutiatou Tidjani Toukourou était en service à la Direction des pharmacies, elle a su organiser son travail, de sorte qu’elle n’avait pas eu de difficultés à s’occuper du ménage. « J’avoue qu’il y avait de concorde dans la profession. On travaillait de 8 heures à 13 heures et 16 heures à 18 h 30. Et puisque les enfants allaient aussi à l’école, c’était beaucoup plus facile pour moi de concilier les deux activités », laisse-t-elle entendre. Une fois dans une activité libérale, elle établit son programme à sa convenance.

Un bouclier contre les faux médicaments !
Non seulement Dr. Moutiatou Tidjani Toukourou s’illustre à travers son organisation, mais également elle mène une lutte acharnée contre les faux médicaments au Bénin. En tant qu’acteur du secteur, et agent assermenté, elle affirme ne pas pouvoir fermer les yeux sur un phénomène qui peut coûter la vie aux populations. Autrement dit, elle refuse d’être traitée de complice ou de criminelle, étant donné qu’elle a pris part à des sommets régionaux et internationaux sur la question du trafic des faux médicaments. « Il reste que les gouvernants et surtout les populations accompagnent le mouvement, car elles ne peuvent distinguer les vrais médicaments de l’ivraie », recommande-t-elle. A l’en croire, le phénomène s’accentue de jour en jour, à cause du non accompagnement des pouvoirs publics. Les pharmaciens sensibilisent et il revient à l’exécutif de faire la répression.

Femme, l’avenir est certain !
A l’instar du Dr. Moutiatou Tidjani Toukourou, beaucoup de femmes se battent pour sortir la tête de l’eau. Ces femmes, reconnaît-elle, évoluent d’année en année, en termes d’autonomisation financière, d’éducation et autres aspects liés aux pesanteurs sociologiques. « Dans les années 1988, Karimou Rafiatou était la première femme à être nommée ministre au Bénin. Aujourd’hui, on peut compter plus d’une centaine de femmes ministres, présidente de la Cour constitutionnelle, avocates, professeurs d’université etc… », raconte-t-elle. De plus, on remarque un effectif important de filles à l’école. Dans cette lancée, poursuit-elle, beaucoup de femmes participeront à la gestion de la société. Selon elle, les mentalités changent progressivement en ce qui concerne l’ancienne éducation qui ne permet pas aux femmes de s’affranchir. « Autrefois, ce sont les femmes qui allaient chercher les 2ème ou 3ème femmes à leurs maris, parce qu’elles ont été éduquées comme cela. C’est une question de changement de mentalité. Je suis certaine qu’on y arrivera… », rassure-t-elle. Et pour y arriver, elle recommande à la jeune génération, surtout les femmes, de militer dans des associations, un canal sûr et pourvoyeur d’opportunités.



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