Entretien avec Mathieu Faton, président de l’Ong Tsorea : « Notre objectif est d’accroître les chances de réussite des Béninois sur le marché de l’emploi au Canada »

Karim O. ANONRIN 23 mai 2022

Travailler au Canada, en Amérique du Nord, est bien possible pour des Béninois, mais faudrait-il encore avoir un bon profil, un bon curriculum vitæ (CV) et pourquoi pas disposer d’une bonne lettre de motivation ! C’est à cet exercice que s’est adonné le président et co-fondateur de l’ONG Tsorea Mathieu Faton, le mercredi 18 mai 2022 sur le campus universitaire d’Abomey-Calavi. Ceci, à travers une conférence publique en faveur des étudiants et jeunes diplômés sur l’employabilité au Canada et les clefs pour y avoir accès.

Présentez-vous à nos lecteurs ?
Je m’appelle Mathieu Faton. Je suis Consultant en gestion des ressources humaines, de la planification et de la main-d’œuvre et des politiques publiques en matière d’emplois au Québec, au Canada. Sur le plan associatif, je suis président de l’organisation non gouvernementale Tsorea.
J’ai commencé mes études universitaires ici à l’Université d’Abomey-Calavi où j’y ai complété une maîtrise en psychologie du travail et des organisations. J’ai également obtenu une maîtrise en relations industrielles, profil gestion des ressources humaines et politiques publiques en matières d’emploi à l’Université Laval au Québec, Canada.
Dans le cadre de ma maîtrise en relations industrielles, j’ai travaillé sur la planification de la main-d’œuvre dans un contexte de pénurie de main-d’œuvre dans le réseau de la santé au Québec. Ce stage professionnel m’a valu le poste de conseiller GRH. J’ai ensuite été promu au poste de directeur des ressources humaines pour le centre de santé où je travaillais comme conseiller RH et qui relève du Ministère de la santé du Québec.
Enfin, mon parcours académique se poursuit également présentement. Je suis en fin de formation pour un baccalauréat (diplôme de 1er cycle universitaire) en informatique et génie logiciel à l’UQAM (L’Université du Québec à Montréal).

Parlez-nous un peu de l’ONG Tsorea.
L’ONG Tsorea a été créée il y a quelques années (fondée en 2017) avec mon épouse Sylvie qui est canadienne. L’organisation a son siège à Porto-Novo et une autre organisation associée au Canada sous le nom de Tsorea Canada. L’organisation intervient dans plusieurs domaines dont principalement celui de soutien aux familles vulnérables, le domaine de la formation et de l’insertion professionnelle, le domaine agricole et le domaine de la santé.
Avec notre ONG, nous travaillons en collaboration avec la population locale au Bénin afin de réaliser des projets concrets pour le développement des communautés. Nous intervenons aussi dans le domaine de la formation des femmes vulnérables pour une plus grande autonomie et aussi avec les jeunes diplômés Béninois pour leur offrir des opportunités d’emplois un peu partout dans le monde. Nous sommes enregistrés au Bénin sous le numéro 2017/110/SG/SAG/SA.

Quand on parle de planification de la main-d’œuvre, qu’est-ce qu’il faut comprendre ?
La planification de la main-d’œuvre, c’est l’ensemble des mécanismes permettant à un organisme de se doter des ressources humaines nécessaires en quantité et en qualité en vue de l’atteinte de ses objectifs. J’ai été appelé à faire ce travail il y a quelques années au Québec, Canada. Le système de santé avait alors de sérieux problèmes sur le plan de la main-d’œuvre. Le réseau de la santé n’arrivait pas à se doter de la main-d’œuvre nécessaire pour affronter les problèmes auxquels il était confronté dans certains domaines.
La crise sanitaire due à la pandémie du nouveau coronavirus survenue en décembre 2019 et qui s’est poursuivie jusqu’à aujourd’hui est venue empirer la situation. C’est la goutte d’eau qui a fait déborder le vase. Il est devenu très difficile de combler certains postes. Les entreprises cherchent ainsi à combler cette pénurie de main-d’oeuvre en recrutant du personnel qualifié à l’extérieur du Canada. Ceci implique que les personnes qui seront embauchées auront un visa de travail leur permettant de travailler légalement au Canada pour une période de temps donnée.
Étant dans le domaine de la gestion des ressources humaines, je sais comment préparer un curriculum vitæ et une lettre de motivation selon le format canadien. C’est ainsi que m’est venue l’idée d’en parler aux jeunes de mon pays d’origine, le Bénin.

Qu’avez-vous donc fait pour vos compatriotes du Bénin pour leur faire bénéficier des opportunités d’emplois au Canada ?
Je vous remercie pour cette question. Ce que j’ai fait, c’est de leur parler avec plus de détails de ces opportunités. Nous avons organisé le mercredi 18 mai 2022 sur le campus de l’Université d’Abomey-Calavi une conférence publique. Au cours de cette conférence publique, les participants ont reçu une formation sur comment faire un CV et écrire une lettre de motivation selon le format canadien.
Ensuite, nous avons abordé les questions classiques d’entrevue dans le contexte canadien. Notre objectif étant de rendre les candidatures plus compétitives sur le marché de l’emploi au Canada. Ma conférence publique a donc porté sur la multiplication des chances pour faire partie des élus à l’employabilité au Canada.

Quel accueil les participants ont-ils réservé à toutes vos annonces ?
Ce que je puis dire est que les participants sont désormais mieux aguerris sur les informations dont nous avons besoin au Canada en matière d’emploi. Ils ont appris comment passer une entrevue dans le contexte canadien. Nous avons noté que les participants étaient très motivés à l’idée de rechercher activement un emploi au Bénin et au Canada à partir du Bénin. J’ai également pris les CV de quelques participants que je vais posément regarder pour y apporter éventuellement ma touche personnelle et les adapter suivant le format canadien. À titre illustratif, chaque fois qu’il y a une offre d’emploi différent, le CV et la lettre de motivation doivent changer en fonction des exigences de l’offre d’emploi et des compétences du candidat.
En dehors de ce travail, j’ai mis à la disposition des participants, certains sites du gouvernement canadien où ils peuvent découvrir les opportunités d’emplois ouvertes à l’extérieur du Canada en général et particulièrement aux ressortissants des pays d’Afrique comme le Bénin, le Sénégal, le Cameroun, la Côte-d’Ivoire, pour ne citer que ceux-là.

Quelles sont les perspectives ?
Les perspectives sont de révéler en chaque candidat son potentiel, celui-là qu’il peut présenter à un employeur avec assurance et de maintenir le contact avec la jeunesse béninoise pour lui apporter notre petite contribution pour son épanouissement. Vous n’êtes pas sans savoir que l’épanouissement de tout jeune passe en partie par son emploi rémunéré. Nous sommes aujourd’hui dans un village planétaire et nous sommes de ceux qui pensent qu’on peut chercher l’emploi même au-delà des frontières de son pays.
Propos recueillis par Karim Oscar ANONRIN



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