Formation à la lutte contre la pollution plastique en mer : L’Ismi et Plastic Odyssey se donnent la main à Conakry

Moïse DOSSOUMOU 24 mars 2023

Du 20 au 24 mars à Conakry, des acteurs économiques ont reçu une formation inédite sur la lutte contre la pollution plastique en mer sur la base du recyclage. Cet enseignement à la fois théorique et pratique vise à protéger l’environnement marin qui à chaque minute, reçoit 20 tonnes de plastique ».

Apporter des connaissances concrètes et pratiques sur les enjeux du recyclage du plastique dans les zones côtières afin d’éviter la pollution des littoraux et de l’océan sur les techniques de recyclage accessibles et déployables dans une approche « low-tech » et de coût raisonnable ainsi que sur les modèles économiques associés au développement de ces activités. Tel est l’objectif de la formation qui s’est déroulée à Conakry du 20 au 24 mars 2023 sous l’égide de l’Institut de sécurité maritime interrégional (Ismi) et Plastic Odyssey.
Après le mot de bienvenue de Amadou Sow, capitaine de vaisseau à la retraite et préfet maritime de la Guinée, l’honneur est revenu à Hervé Moussaron de planter le décor de cette formation qui prévoit, outre les enseignements théoriques, une visite de terrain d’un site de recyclage Plastic Odyssey. Intervenant au nom du directeur de l’Ismi, l’administrateur en chef des affaires maritimes de l’institution, s’est réjouie de cette activité qui est une première à plus d’un titre. En effet, non seulement, il s’agit de la première formation à l’actif de l’Ismi en Guinée, mais également, c’est la première fois que la formation à l’aval de la lutte se fait contrairement aux opérations de lutte qui ont pignon sur rue. En outre, cette formation inédite cible les acteurs économiques, notamment les entrepreneurs, car elle dénote de la volonté de faire coïncider les intérêts économiques particuliers avec l’intérêt général.
Hervé Moussaron précisera par ailleurs que chaque année, 5 à 13 millions de tonnes de déchets plastiques sont déversés dans les océans et que tous les continents en sont affectés. Cet état de choses engendre à la fois des problèmes environnementaux, des problèmes de santé publique ainsi que des problèmes alimentaires et économiques. Pour changer la donne, il soutient que deux méthodes sont efficaces. « La première, c’est l’éducation des enfants. En martelant le message dans les écoles, celui-ci finit par être relayé dans toute la famille. L’île de la Martinique a ainsi éliminé les rejets de plastiques dans la nature en une quinzaine d’années en misant sur les programmes éducatifs destinés à l’enfance. La seconde méthode consiste à mettre en place une filière économique rentable pour le recyclage. Si des gens peuvent en vivre, ils feront des émules et d’autres voudront vivre de la vente des objets issus du recyclage. C’est cette seconde méthode que nous allons promouvoir en misant sur l’effet multiplicateur du partage d’expérience sur des méthodes à faible coût de production », a-t-il souligné.

Avant de lancer officiellement les travaux, Hadja Safiatou Diallo, ministre de l’environnement de la Guinée s’est également voulue alarmante sur le chaos qui se joue dans les océans. « La gestion des déchets et emballages plastiques se pose aujourd’hui avec acuité au regard du spectacle désolant qu’offre la prolifération des sachets plastiques utilisés comme emballages, dispersés dans les milieux aquatiques. L’éparpillement de ces déchets qui ont une longue durée de vie de 3 à 4 siècles en milieu marin, constitue un enjeu majeur en matière de protection de l’environnement marin et affecte dangereusement les ressources halieutiques. Il est donc urgent que les acteurs intervenant en zone côtière et marine conjuguent les efforts pour prévenir ce type de pollution et améliorer les habitats des espèces biologiques en milieu marin ». Elle espère par conséquent que cette formation permettra de faire des avancées dans cette lutte de longue haleine pour la protection des espaces marins contre l’invasion des déchets plastiques.



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